Hélène Degryse
13 décembre 2021

Belgique : au cœur de la mobilité en Europe

Entretien avec Jérémy Michel, président du conseil consulaire, élu depuis 2014. Après avoir travaillé dans les institutions européennes puis comme lobbyiste, Jérémy Michel est aujourd’hui coach et co-fondateur de l’Académie des H-P*.

Français à l’étranger (FAE) : La Belgique est-elle toujours une terre de mobilité pour les Français de l’étranger ?

Jérémy Michel (J.M.) : La Belgique reste bien évidemment un pays d’accueil pour les Français de l’étranger. Il est toujours difficile d’évaluer avec exactitude le nombre de Français(e)s vivant en Belgique. En effet, plus de la moitié semble ne pas être inscrits au consulat. Pour faire simple, près de 120.000 Français sont enregistrés au consulat alors qu’on estime la population réelle à 250.000. Il y a plusieurs raisons à cela, dont la grande proximité avec la France.

C’est bien dommage car les services du consulat sont par exemple déployés en fonction des inscrits et non de l’estimation. Je me demande si une incitation forte à l’inscription ne devrait pas être mise en place pour plus de lisibilité et d’efficacité. Pour rappel, l’inscription au consulat n’est pas obligatoire mais peut être très utile, même en Europe.

FAE : Dans quels secteurs, professionnels et géographiques, sont les plus grands mouvements ?

J.M. : L’implantation géographique des Français est plus importante, et c’est logique, dans les régions frontalières, les grandes villes wallonnes et bien entendu en région de Bruxelles-Capitale. La Belgique est également une terre d’accueil pour les étudiants. On en comptait 22.000 en 2019. C’est aussi un pays où les Français restent. Ainsi, en 2018 une étude du consulat général de France indiquait que plus de 50% des concitoyens inscrits au Registre des Français établis hors de France étaient domiciliés en Belgique depuis plus de dix ans. Enfin, les Français représentent la première communauté étrangère établie en Belgique. Les Français sont actifs dans des domaines variés, on note ainsi la présence de nombreuses filiales de groupes français.

FAE : Quels sont actuellement les principaux défis à la mobilité entre le Nord de la France et la Belgique ?

J.M. : Avec la crise sanitaire, deux sujets importants en lien avec la mobilité sont venus en discussion : le passage des frontières et la fiscalité en lien avec le télétravail. Nombreux sont les Français qui passent la frontière chaque jour pour aller travailler. Par la route, ce sont des kilomètres et des kilomètres d’embouteillages qui se sont accumulés aux postes des frontières compliquant encore plus le quotidien de beaucoup.

Si une nouvelle décision venait un jour à restreindre les passages de frontières, je souhaite que l’on puisse plus efficacement identifier ces personnes qui, au quotidien, font un aller-retour entre la Belgique et la France dans le cadre de leur activité professionnelle. Cela faciliterait la vie de beaucoup, y compris des forces de police au poste de contrôle.

Concernant le télétravail, je souhaite également que nous évitions les inquiétudes en matière fiscale pour celles et ceux qui vivent en Belgique et travaillent en France. Un accord provisoire en matière de télétravail existe, celui-ci est prolongé au fur et à mesure, ce qui maintient une incertitude. Je souhaite qu’il soit pérennisé en cas de crise durable. Intégrons également de manière plus large dans la convention fiscale franco-belge un quota annuel de jours permettant cette pratique.

* Académie des HP : https://academie-des-hp.com

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