Martin Tronquit
4 septembre 2025

Engagez vous !

On les appelle encore trop souvent des « expatriés », comme s’ils vivaient dans une parenthèse, un entre-deux.

Et pourtant : avec près de trois millions de Français vivant hors de nos frontières, dont 1,7 million inscrits au registre consulaire, c’est toute une « France ailleurs » qui s’est structurée. Une France qui travaille, entreprend, enseigne, investit, transmet sa culture et contribue chaque jour à l’image de notre pays. Mais cette France-là, aussi puissante soit-elle dans les faits, reste trop souvent silencieuse dans les urnes.

C’est une erreur !

Car les Français de l’étranger ne sont pas seulement invités à voter : ils doivent se saisir pleinement de ce droit. Leur voix peut peser. Elle pèse déjà : réunis, nous représentons plus d’électeurs que toute la ville de Paris, que le département des Bouches du Rhône ou que le région Centre-Val de Loire. Et pourtant, les taux de participation sont souvent à la traîne, bien en deçà de ceux de l’Hexagone. Par exemple aux législatives 2024 les Français de l’étranger ont été 37% à voter contre 67% pour les Français de métropole, près de moitié moins !

Il est temps de renverser la vapeur. Il est temps de faire entendre cette voix unique, riche de sa diversité géographique, de ses expériences internationales et de ses engagements concrets.

Les deux prochaines années seront marquées, sauf bouleversement du calendrier, par cinq échéances démocratiques majeures pour notre communauté :

  1. Les élections consulaires (2026) : Elles permettent d’élire les conseillers des Français de l’étranger. Ces élus de proximité sont vos relais directs auprès des ambassades et consulats. Ils interviennent sur les sujets du quotidien : éducation, sécurité, action sociale, administration.
  2. Les élections à l’Assemblée des Français de l’étranger (2026) : Cette instance consultative joue un rôle croissant dans la représentation des Français du monde et l’évaluation des politiques publiques qui les concernent. Ses représentants sont élus par les conseillers consulaires
  3. Les élections sénatoriales (2026) : Les grands électeurs issus de notre communauté désignent douze sénateurs représentant les Français établis hors de France. Ce sont eux qui portent votre voix au Sénat.
  4. L’élection présidentielle (2027) : Moment clé de la vie démocratique française. En 2022, environ 410 000 Français de l’étranger ont voté à la présidentielle. Nous pouvons faire bien mieux en 2027!
  5. Les élections législatives (2027) : Depuis 2012, onze députés représentent les Français établis hors de France. Ils sont en première ligne pour défendre vos droits, vos préoccupations, vos initiatives à l’Assemblée nationale.

Refuser le fatalisme de l’abstention, c’est d’abord affirmer une chose simple : nous appartenons pleinement à la nation française. Nous ne sommes pas des spectateurs. Nous sommes des citoyens. Et nous devons nous comporter comme tels.

Voter, c’est revendiquer sa place dans le récit national. C’est faire entendre ses besoins spécifiques : qualité des services consulaires, accès à l’éducation en français, fiscalité équitable, reconnaissance de notre rôle économique et culturel à l’étranger. C’est aussi exiger un traitement digne de la part des pouvoirs publics, loin des caricatures sur les « exilés fiscaux ».

Ce que nous demandons, ce n’est pas un passe-droit. C’est un projet commun, un lien assumé. Participer aux élections, c’est la première étape.

Le vote est aujourd’hui plus accessible que jamais : par internet, dans les consulats… Il ne tient qu’à nous de nous inscrire sur les listes consulaires, de nous informer, de nous mobiliser.

À travers ces lignes, c’est une invitation solennelle que nous lançons à nos compatriotes : prenez date. Mettez à jour votre situation consulaire. Vérifiez vos modalités de vote. Échangez avec vos élus. Et surtout, faites entendre votre voix.

Et si vous avez envie de vous investir portez vous candidats aux élections consulaires de l’année prochaine !

Car au fond, la question n’est plus “quand rentrerez-vous ?” mais bien “quelle France voulons nous?”.

Le vote, c’est le premier fil de cette trame invisible qui nous unit, de Londres à Singapour, de Dubaï à Lima.

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