Neuruppin, Brandebourg, 31.000 habitants et un lac, le Ruppiner See. Cette petite ville située à une heure au nord de Berlin a fait de ses thermes et son lac son fond de commerce. Au cœur de cette dynamique, des établissements comme l’hôtel & spa Resort Mark, incarnent une vision nouvelle du bien-être. Avec plus de 130 chambres, 60 000 nuitées par an et 5 000 m² de thermes et sauna, il s’agit de l’un des plus grands complexes de ce type dans la région.
Le sauna, pilier de cette culture
L’un des piliers historiques de cette culture est le sauna. Importé des pays scandinaves, il a trouvé en Allemagne un terrain fertile, comme l’explique Jennifer Schönbohm, responsable de la communication de la fédération allemande de sauna. « Cette culture s’est popularisée en Allemagne en 1924, après les Jeux Olympiques de Paris. » explique t-elle. Les performances impressionnantes des athlètes finlandais ont « suscité l’intérêt pour leur mode de vie ». Un article de presse allemand a alors mis en lumière le « sauna suom » comme possible secret de leur forme physique, ce qui aurait conduit à la construction du premier sauna en Allemagne, raconte Jennifer Schönbohm. « Puis, les soldats de retour des pays nordiques après 1945, ont également contribué à cette tendance ». Aujourd’hui, on compte plus de 5.000 centres de bien-être dans tout le pays. « Au début, les personnes venaient dans notre établissement, ou dans d’autres, surtout pour des raisons de santé » explique Laura Stönner, responsable de la communication de l’hôtel de Neuruppin. Mais cet héritage s’est transformé : il n’est plus seulement question de santé physique, mais aussi de quête de trouver du calme et surtout, de déconnecter. L’hôtel a vu sa clientèle changer, de nombreuses personnes y viennent par exemple pour le télétravail, et notamment les habitants de Berlin. « 98% de notre clientèle est allemande. Nous accueillons aussi des Suisses, des Néerlandais. Rarement des Français… mais cela pourrait changer! » se réjouit Laura Stönner.
Nudité décomplexée : un héritage de l’Est
Mais la communauté française pourrait bien se heurter à un choc culturel de taille: la nudité. « En Allemagne, on est nu dans les saunas. Cela correspond à la tradition finlandaise et est également évident d’un point de vue médical et hygiénique, car le fait d’être nu permet à la sueur de mieux s’écouler et facilite l’élimination des germes. » selon Jennifer Schönbohm. En plus de cela, les saunas allemands sont bien souvent mixtes, contrairement aux habitudes en Suède par exemple. Cette recherche de sérénité s’ancre dans une culture libre et décomplexée du corps, et pourrait être considérée comme la lointaine descendante du FKK, ou Freikörperkultur (culture du corps libre). Héritée de la RDA, cette approche a contribué à normaliser la nudité dans certains espaces publics. Selon une étude de l’institut central pour la recherche sur la jeunesse datant de 1990, 80% des allemands de l’est avaient déclaré la connaître et la pratiquer. Après un déclin de cette mouvance suite à la réunification, elle revient depuis quelques années, en parallèle de cette volonté de reconnexion avec son corps. A Neuruppin, seuls les termes sont nudistes. « Cette liberté venue de l’Est a permis à cette pratique d’être mieux acceptée dans toute l’Allemagne », explique Laura Stönner.
Un secteur d’activité porteur
L’Allemagne est le premier marché du bien-être en Europe, l’un des plus grands au monde – le secteur du tourisme et du bien-être représente plus de 50 milliards d’euros par an selon le Global Wellness Institute. Logiquement, cela crée donc de l’emploi: un million de personnes travaillent directement ou indirectement dans ce secteur, dans des domaines aussi variés que la santé, l’hôtellerie, ou encore la vente de produits naturels ou pharmaceutiques.