Laura Mousnier
1 août 2022

Le nomadisme numérique, genèse d’un choix de vie en vogue

Profiter de la vie et s’ouvrir à l’extérieur, deux sentiments qui se sont intensifiés durant les deux années de pandémie où les restrictions de liberté ont été importantes. Nombreux sont ceux qui ont choisi un nouveau mode de vie : les nomades digitaux, dont le nombre a augmenté de près de 50% depuis 2020. Mais d’où vient cette idée ?

La vie de travailleur nomade numérique a été inspirée par l’Américain Steve Roberts qui a parcouru en 1983 la distance de 14 000 kilomètres sur une bicyclette couchée et informatisée à travers les États-Unis, tout en poursuivant sa carrière d’écrivain. À cette époque, Steve Roberts passait pour un révolutionnaire, un allumé qui tentait de repousser les limites de l’inutile. Pourtant, au gré de l’essor du numérique, le concept fait aujourd’hui de plus en plus d’adeptes.

L’idée d’une nouvelle communauté

Cette nouvelle communauté de travailleurs avait déjà été envisagée par le Japonais Tsugio Makinoto et l’Américain David Manners dans leur livre « Digital Nomad » en 1997. Le caractère précurseur de cette œuvre réside notamment dans cette prémonition de Manners la même année : « Dans la prochaine décennie, (…) la plupart des gens constateront que le lien géographique est en train de se dissoudre. Cela se fera progressivement et il faudra du temps pour que les gens se rendent compte qu’une révolution est en train de se produire, mais à la fin de ces dix années, la plupart des gens dans les pays développés, le monde sera libre de vivre où ils veulent et de voyager autant comme ils veulent. (…) Les humains peuvent se demander : « Suis-je un nomade ou un colon ? » C’est à partir de ce moment que le terme de nomade numérique est devenu d’usage commun.

Depuis ce temps, l’évolution du paysage numérique et notamment des sites internet pour faciliter les échanges internationaux n’a cessé de croitre. On voit s’installer des  nouveaux moyens de paiement tel que Paypal en 1998, des sites réservés aux indépendants (Elance, 1999) et ceux de logements « temporaires » avec Airbnb et le Slack début des années 2000. La démocratisation du nomadisme numérique s’est définitivement installée avec la sortie du best-seller de Tim Ferriss, “La semaine de travail de 4 heures” (2007) qui a fini de convaincre de nombreux hésitants. Cela a notamment été le cas d’une famille entière qui a adopté ce mode vie depuis 2013 : « Au fil de ma lecture, j’ai découvert un témoignage d’une famille américaine qui voyageait ainsi avec une petite fille de six ans. C’est à ce moment que l’idée a germé ! », a confié Christine.

En outre, un site incontournable a été créé en 2014 : nomadlist.com. Il regroupe plus de 35 000 adhérents et répertorie les destinations à la mode en fonction de la saison.

Et aujourd’hui

On assiste à une explosion du nombre de travailleurs souhaitant adopter ce mode de vie. En 2021, ils étaient 10,2 millions (contre 6,3 millions en 2020) à avoir opté pour le nomadisme, selon plusieurs études statistiques menées en 2022 et regroupées par Passport Photo Online. Parmi eux, 59 % sont des hommes, le temps de travail par semaine est en moyenne de 46 h par semaine et le revenu moyen est de 4 500 dollars (4 475 euros).

Certains domaines professionnels se prêtent particulièrement à ce type d’activité :

  • Programmeurs/développeurs
  • Professionnels de la cybersécurité
  • Responsables du marketing digital
  • Responsables des ressources humaines
  • Développeurs de jeux vidéo
  • Experts en science des données/analystes

Cet engouement modifie le paysage mondial et oblige les villes du monde entier à s’adapter pour rester compétitives. Notamment en développant des infrastructures d’accueil (espace de coworking, coliving) et en investissant dans le développement de la couverture réseau. De plus les gouvernements doivent également adapter les règles de séjour sur leur territoire (visa adapté) ainsi que la législation autour de l’imposition.

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