Nathalie Laville
24 mars 2019

Le lycée franco-péruvien, la voie de l'apaisement

Quand on est Français expatrié à l’autre bout du monde, l’un des rares liens qui subsiste avec notre petit Hexagone, c’est… l’école ! De nombreuses familles installées hors de France font le choix, voire le sacrifice compte tenu des coûts de scolarité souvent onéreux, d’inscrire leurs enfants dans le lycée français de la ville où […]

Quand on est Français expatrié à l’autre bout du monde, l’un des rares liens qui subsiste avec notre petit Hexagone, c’est… l’école ! De nombreuses familles installées hors de France font le choix, voire le sacrifice compte tenu des coûts de scolarité souvent onéreux, d’inscrire leurs enfants dans le lycée français de la ville où ils vivent, quand ils ont la chance d’en avoir un. Le réseau de l’AEFE est d’ailleurs assez unique au monde puisqu’il permet d’avoir des établissements homologués un peu partout sur la planète, avec l’assurance pour les enfants de poursuivre une scolarité cohérente, identique, quel que soit l’endroit où ils se trouvent.

Le lycée franco-péruvien installé à Lima accueille quelque 1 082 élèves de la maternelle au lycée, avec une moyenne de 25 élèves par classe et de 3 classes par niveau. S’ils sont 140 employés, seuls 4 personnes sont sous statut d’expatrié, avec 80 enseignants dont 29 sous contrat local. M. Antoine Salvetat est son proviseur depuis 2017. Ses résultats, comme bon nombre de lycées français de l’étranger sont excellents : 98 % de réussite au bac, 70% des bacheliers qui rejoignent une filière d’excellence en France pour poursuivre des études supérieures.
Mais le lycée de Lima connaît depuis quelques mois une certaine agitation en raison de travaux de longue durée qui ont débuté fin 2017 et des bâtiments qui accueillent temporairement les élèves. « Le lycée franco-péruvien date de 1960. Il était indispensable de reconstruire des bâtiments qui répondent aux normes sismiques. J’ai eu moi aussi à cœur d’assurer la sécurité des enfants, notre responsabilité étant engagée en cas d’accident. L’Etat français est propriétaire du terrain, et s’il était aussi propriétaire des anciens bâtiments, il ne lui incombe pas d’en assurer la reconstruction », explique l’ambassadeur, M. Antoine Grassin. « Nous avons désormais des salles de classe en préfabriqué en attendant que les nouveaux bâtiments sortent de terre, explique M. Salvetat. Le projet est ambitieux, il permettra d’avoir de nouvelles salles de classe mieux adaptées et plus éloignées de l’autoroute urbaine qui longe notre terrain et, surtout, qui répondent aux normes sismiques actuelles. En attendant, nos préfabriqués sont équipés de tableaux numériques, de vidéo-projecteurs, de climatisation… autant d’éléments inexistants dans les anciennes salles. » Certains parents contestent les choix faits par le lycée et ils avaient, lors des dernières vacances, alerté les médias sur les dysfonctionnements de ces préfabriqués. « Il y a eu quelques problèmes, concède le proviseur, mais ils ont été très rapidement réglés. Aujourd’hui, ils fonctionnent parfaitement. »

Une reconstruction qu’il faut financer…

Évidemment, ces travaux ont un coût, que les familles doivent assumer. Et c’est aussi là que le bât blesse. Car s’il existe des bourses pour aider les familles les plus en difficulté, il faut débourser au moins 600 € par enfant pour le scolariser dans cette école. « C’est beaucoup de sacrifices pour scolariser nos enfants et garder ce lien avec la France, explique Charlotte. Moi, je vais avoir un 4e enfant, les scolariser tous dans ce lycée représente un budget très important. Pour financer ce projet, qui est vraiment formidable, nous devrons assumer une hausse de 5 à 10 % par an durant cinq ans ! Nous souhaiterions que soit réexaminées ces conditions pour passer, par exemple, à un financement sur une plus longue période, ce qui nous permettrait d’avoir des augmentations moins importantes. » Car pour cette maman, ce lycée est un lien important avec la France. « C’est un modèle d’éducation auquel je tiens, explique-t-elle. Il permet de donner à nos enfants un regard plus ouvert, plus critique aussi sur le monde, moins conservateur que les établissements privés péruviens. Et je suis heureuse que mes enfants gardent cette double culture. »

Un nouveau comité directeur vient d’être nommé, et c’est lui qui gère l’établissement. Il va lui incomber de réexaminer ce dossier sensible afin de trouver les solutions qui apaiseront les tensions. Déjà, le proviseur note que la rentrée s’est bien passée fin février. « Le lycée fonctionne bien, nous avons d’ailleurs de plus en plus d’élèves. Au Pérou, les lycéens peuvent partir à la fin de la seconde pour intégrer l’université. Mais nous enregistrons de plus en plus de demandes de nos élèves qui souhaitent rester jusqu’à la fin de notre cycle. Les travaux sont bien entamés et devraient durer moins longtemps que prévu initialement, les préfabriqués qui accueillent nos effectifs sont de bonne qualité, et même si les tarifs augmentent, ils restent très en-deça de ceux pratiqués par les autres établissements internationaux. Maintenant, c’est au nouveau comité directeur de proposer une gestion qui puisse satisfaire tout le monde ! », conclut M. Salvetat.

 

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