Pénélope Bacle
7 mars 2020

Coronavirus : « Voilà un mois et demi que nous sommes confinés, le temps est long »

Assigné à résidence depuis plusieurs semaines à Jingzhou, à 200 km de Wuhan, l’épicentre de l’épidémie du coronavirus, l’étudiant français Jean Humbert raconte son quotidien singulier, sans savoir quand il pourra ressortir.

Etudiant en économie à l’université de Jingzhou, on m’a d’abord demandé, le 24 janvier, de rester dans la ville de Jingzhou. Une semaine plus tard, j’ai appris que je devais rester dans mon quartier, puis, à partir du 16 février, j’ai été assigné à résidence. A Jingzhou, tout le monde doit rester chez soi sauf ceux qui disposent d’un permis spécial délivré par la ville. Je pense que plusieurs centaines d’étudiants étrangers sont toujours là.

> L’université coordonne les besoins des étudiants étranger

Je suis en contact régulier avec les membres du bureau des étudiants étrangers, nous avons tous leur contact WeChat (Ndlr : application mobile chinoise de messagerie). Chaque résidence a son groupe WeChat d’étudiants étrangers, pour s’informer, savoir quand la nourriture est livrée, si quelqu’un a besoin d’un thermomètre, d’une poêle… Mais il n’y a pas de grands besoins, de besoins urgents, pour le moment.

Ce sont les cantines de l’université qui nous fournissent la nourriture, une barquette de riz et une barquette de viande et de légume, midi et soir. Mon coloc espagnol et moi adorons la nourriture de nos pays respectifs. Le manque de diversité dans les plats nous fatigue un peu parfois, beaucoup d’huile, de gingembre, de graines très parfumées…

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L’université nous envoie également toutes les deux semaine un document pour commander légumes et oeufs, puis, la semaine suivante, les produits d’hygiènes et la nourriture annexe tels que les biscuits. Je viens de recevoir des biscuits aujourd’hui. Je n’en n’avais pas commandé assez la dernière fois, et ça ne m’avait duré qu’une semaine, les quantités partent vite quand on est tout le temps chez soi…

Avant le coronavirus, nous faisions des soirées dans la résidence, mais maintenant on ne fait plus rien. On reste chez soi, on ne va plus voir les autres. Ca me manque de sortir, d’aller au centre commercial, au cinéma, dans les fast-foods. On va de la chambre à la cuisine, de la salle de bain à la chambre etc…On ne marche pas beaucoup, ça nous fatigue, on perd un peu de muscle je pense. Heureusement, la résidence est grande, et on habite au 7ème étage sans ascenseur, ce qui nous permet de marcher un peu.

> L’inquiétude en Europe, l’attente à Jingzhou

Suivre les informations est l’une de nos principales activités. Je consulte beaucoup les réseaux sociaux, notamment Twitter qui me permet de suivre des comptes chinois relatant les dernières nouvelles en anglais.  La télé chinoise, elle, ne consacre pas énormément de temps au coronavirus, ce sujet prend cinq minutes du journal télévisé,  ce n’est pas comme les éditions spéciales de BFM TV. Les informations chinoises montrent surtout les efforts mis en place par les autorités chinoises pour endiguer la propagation.

Nous commençons à nous inquiéter de la situation en Europe car ici, pour nous, c’est beaucoup mieux. Avant, mes amis prenaient de mes nouvelles, me posaient des questions sur ma situation, Maintenant c’est à mon tour de leurs demander des nouvelles et de leur dire de faire attention. Avant on se s’interrogeait, chaque matin, avec mon coloc sur nos températures, maintenant on se demande le nombre de cas dans nos pays respectifs…

Cela fait 15 jours qu’il n’y a pas eu de nouveaux cas dans ma ville. Nous voyons que la situation dans le reste de la Chine revient tranquillement à la normale, l’économie repart, le cours de la bourse remonte, maintenant c’est même au tour de la Chine de rapatrier ses ressortissants. Pour notre part, nous n’avons encore aucune information sur la réouverture de la résidence et de l’université, nous sommes toujours dans le flou le plus complet. Voilà désormais un mois et demi que nous sommes confinés, le temps est long. Nous commençons à tourner en rond et à nous impatienter. Personne ne sait quand ça va rouvrir, nous n’avons aucun indice, on nous avait dit début mars, puis mi-mars, et maintenant j’entend parler de la fin mars…

> Des rencontres fortuites en confinement

Le confinement m’a tout de même permis de commencer à sympathiser avec le voisin de l’immeuble en face. Lui aussi est confiné, il avait envie de parler et de voir des gens. Maintenant, dès qu’on se voit par la fenêtre, on se fait coucou. Il a fini par m’ajouter sur WeChat et m’a proposé de m’inviter au restaurant bientôt.

Mon coloc lui aussi, parle à un autre voisin, de balcon à balcon. Il s’est renseigné pour savoir si on pouvait acheter d’autres aliments. Il aime bien le thé au lait, mais ce n’est pas dans la liste de l’université…

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