Philippe Duport
16 février 2021

Roland Lescure : "il faut tenir bon et garder espoir"

Le député réagit à la polémique autour des motifs impérieux pour rentrer en France depuis un pays situé en dehors de l'espace Schengen

Le député des Français d’Amérique du Nord a accordé un entretien à Français de l’étranger. Il y revient notamment sur les motifs de retour sur le territoire national.

Français à l’étranger : quelles sont les raisons qui ont poussé le Premier ministre à fermer les frontières ?

Roland Lescure : ça n’est pas un secret, les nouveaux variants se répandent sur le territoire. C’est un véritable «passement de jambes », ça nous a tous surpris. Tout le monde prend des mesures drastiques. Le Président de la République veut éviter à tout prix un éventuel nouveau confinement. Il faut donc limiter les brassages de population, notamment dans les centres commerciaux et bien sûr dans les aéroports. On a voulu limiter les déplacements internationaux. Pas dans la zone Schengen, mais tous les déplacements qui proviennent de l’extérieur de l’Union Européenne. Dès le weekend qui a suivi l’annonce du Premier Ministre, quand le décret a été préparé, je suis intervenu auprès de lui pour lui dire « attention, il faut que dans les exceptions qui vont être détaillées, tous les motifs impérieux soient couverts. Les retours de voyage, les parents séparés avec des enfants, les motifs de santé, les retours définitifs en France”… Ce qu’on a cherché à faire, c’est éviter les déplacements non nécessaires, comme les vacances, ou les déplacements professionnels qui peuvent être décalés ou remplacés par de la visio conférence. Toutes ces mesures ont vocation à être temporaires.

Pourquoi ce changement de stratégie après avoir dit pendant un an que le virus n’avait pas de passeport ?

Les nouveaux variants sont une nouvelle réalité. Ce n’est pas une histoire de frontières, mais de brassage. Dans les départements et les territoires d’Outre-Mer, on a les mêmes contraintes qu’à New York ou à Singapour. C’est une histoire de déplacement. Ca n’est pas une punition, mais une limitation au maximum des déplacements.

Quel a été votre implication dans le dossier ? Avez-vous plaidé pour des exceptions pour vos administrés ?

Les exceptions étaient importantes, j’ai fait mon boulot. Certains essaient de récupérer cette affaire politiquement, je préfère faire mon travail. Je souhaite rassurer les gens qui s’inquiètent sur le point de savoir si les déplacements essentiels sont maintenus.

Pourquoi est-ce que cette mesure ne concerne-t-elle que les Français établis hors d’Europe ? Le virus continue de circuler activement en Europe comme ailleurs dans le monde et les variants y sont aussi présents.

En Europe, au sein de l’espace Schengen, il y a beaucoup de transfrontaliers qui voyagent tous les jours, de Thionville au Luxembourg, ou du Pays Basque vers l’Espagne. Cela aurait beaucoup compliqué les choses. Il y a les tests PCR mais on a souhaité être pragmatiques. Cela fait d’ailleurs des mois que les déplacements sont très contraints. Et je salue tous ceux qui ont joué le jeu. Moi-même je joue le jeu. Je suis un « député sans ailes » Je ne suis pas allé dans ma circonscription depuis le 3 mars dernier.

Combien de temps va durer cette fermeture des frontières ?

Pour moi ça peut durer quelques semaines, soit parce qu’on passe à autre chose et qu’on resserre, soit parce que la dynamique vaccinale et la météo nous permettent de relâcher les contraintes. Dès qu’on pourra le faire on le fera. On est dans un période très difficile, les gens sont las. Ils ont besoin de comprendre qu’il y a de l’espoir. 2021 est une année où l’espoir doit l’emporter. Le gouvernement a décidé de ne pas laisser tomber ses ressortissants à l’étranger. On a pour eux une véritable stratégie vaccinale.

Comment un expatrié peut-il savoir si la raison de son déplacement lui permet de vraiment voyager vers l’Hexagone ? Est-ce qu’il y a des cas par cas, et si oui, vers qui faut-il se retourner ?

Il existe une attestation de déplacement, sur le site du Ministère de l’Intérieur, qui mentionne les motifs impérieux de voyage, et les justificatifs nécessaires. Par exemple, une convocation médicale, un certificat de décès, une convocation d’un employeur. Ils sont à montrer au guichet de l’aéroport.

Concrètement que se passe-t-il si un Français parvient à embarquer et ne peut justifier d’un motif impérieux à son arrivée en France ?

Le motif impérieux doit être prouvé au départ. On est sévère là-dessus, si une compagnie aérienne ne fait pas son boulot, elle est suspendue. C’est arrivé.

De nombreux Français et partis politiques s’insurgent contre cette mesure de fermeture des frontières aux Français établis hors de l’UE, des pétitions et des recours ont été déposé. Quelle suite pensez-vous que cela donnera ?

Il y a des Républicains à Paris qui nous reprochent d’avoir fermé les frontières trop tard et d’autres qui nous reprochent de tout simplement les avoir fermées. Le Conseil d’Etat fera son travail. J’ai le sentiment que parce qu’on a fixé des motifs impérieux, il jugera cette mesure recevable.

Beaucoup de Français de l’étranger se sentent pointés du doigt, et délaissés par leur pays. Quel message avez-vous pour ceux qui se sentent stigmatisés par ces restrictions ?

Je leur dis d’abord merci et bravo. Ils font beaucoup d’efforts pour lutter contre cette pandémie. Je partage leur douleur et comprend leur impatience. Il faut tenir bon, se serrer les coudes, garder espoir. Bientôt tout cela ne sera qu’un mauvais souvenir.

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