Français à l'étranger
13 octobre 2022

Cambodge : de l’art de prendre de la hauteur

Neak Oknha Rithy Sear est un « tycoon », un vrai. C’est l’un des hommes d’affaires les plus riches du pays et il reçoit ce matin à Phnom Penh notre délégation de journalistes français.

Épisode 4 – Il faut emprunter l’ascenseur jusqu’au trente-neuvième étage avant d’être invité à entrer dans la grande salle de réunion. Sur l’un des murs, s’affiche en grandes lettres lumineuses « Worldbridge International », du nom de l’immense empire que Neak Oknha Rithy Sear a passé trente années à créer, patiemment. Le PDG commence par raconter son histoire : quatre ans passés comme réfugié en Indonésie après avoir fui le Cambodge livré aux Khmers rouges en compagnie de 270 autre « boat people », dont beaucoup ne survivront pas. Le storytelling est parfaitement huilé et fonctionne à merveille. Entrepreneur-né, milliardaire à 50 ans, il se distingue aussi par sa capacité à convaincre les investisseurs étrangers à créer des joint-ventures. « A chaque fois que nous effectuons des partenariats ou des acquisitions avec des compagnies internationales, nous recherchons des initiatives novatrices », insiste Neak Oknha Rithy Sear comme un mantra, auprès de notre groupe captivé par son récit. Créé au départ dans la logistique, Worldbridge s’est ensuite développé dans la sécurité (Brink’s), la banque, la santé (Singapore Medical Center) et maintenant l’immobilier. Son dernier bébé est d’ailleurs là, sous nos yeux, de l’autre côté de l’avenue. Baptisé « the Peak », cet ensemble à 580 millions de dollars de trois immeubles comprenant des condominiums XXL, le premier hôtel Shangri-La au Cambodge et un mall de luxe de cinq étages. L’aménagement de cet ensemble de boutiques unique au Cambodge a été confié à un Français, vieux routard du luxe, Pierre Balsan, dirigeant du groupe « BlueBell ». Il a passé vingt-sept ans chez LVMH en Asie et rempile donc au Cambodge en lieu et place d’une paisible retraite. « L’arrivée du luxe dans des marchés en développement, comme la Chine mais aussi le Vietnam, la Thaïlande et même la Corée, ça montre incontestablement qu’il y a un développement de la classe moyenne et un développement du pouvoir d’achat, analyse-t-il. Et en général, le luxe ne vient pas tout seul mais avec toute une série d’autres développements, à des positionnements de prix différents, évidemment, mais qui sont ceux qui attirent le plus grand trafic. »

Bonne franquette

La journée se termine par une soirée au Sofitel de Phnom Penh (100 chambres), un oasis de sept hectares de verdure et de calme au milieu de l’agitation de la ville, pour un buffet à la bonne franquette et une discussion avec quelques décideurs français du Cambodge autour de la table. Accor énumère ainsi ses neuf projets d’ouverture au Cambodge, signe que le groupe français nourrit de grandes ambitions dans le pays. « L’hôtellerie s’est beaucoup développée en cinq étoiles mais n’était pas présente sur des marques plus économiques. Aujourd’hui, ce sont les hôtels que nous allons proposer, détaille Charles-Henri Chevet, directeur exécutif d’Accor au Cambodge. Il y a à la fois un marché international de voyageurs étrangers mais aussi un marché domestique. Petit à petit, il y a une classe moyenne qui se développe au Cambodge. » Sont aussi présents autour de la table ce soir-là Martin Brisson, directeur exécutif de la chambre de commerce franco-cambodgienne ou encore Arnaud Darc, « serial entrepreneur » incontournable à Phnom Penh, désormais à la tête du groupe Thalias Hospitality, regroupant la bagatelle de huit restaurants. Et tous de trinquer à cette nouvelle classe moyenne khmère avant que nous ne rentrions, sous une pluie battante de saison, à notre hôtel.

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