Laetitia Dive
26 janvier 2023

L'expérience à l'étranger figure parmi les « critères d'accréditation » de la commission des titres d'ingénieurs

Ces dernières années, un certain nombre de grandes écoles ont mis en place ou sont en train de créer une mobilité à l'étranger obligatoire pour leurs étudiants. C'est le cas de Bordeaux INP, établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel qui regroupe six écoles d'ingénieurs et souhaite, d'ici trois ans, faire partir au moins un semestre l'ensemble de ses étudiants. Pour Français à l'étranger, le directeur Marc Phalippou détaille ce projet.

Français à l’étranger : Vous êtes directeur de Bordeaux INP. Pourriez-vous présenter votre établissement ?

Marc Phalippou : Bordeaux INP a été créée en 2009, elle regroupe les formations d’ingénieurs publiques de Bordeaux. Aujourd’hui, nous comptons ainsi six écoles, qui s’effectuent toutes en trois ans. La plus importante d’entre elles est l’Enseirb-Matmeca qui propose des formations en électronique, informatique, mathématique, télécoms et mécanique. Nous avons ensuite l’Ensmac (chimie, biologie, physique), l’Ensegid (gestion de l’environnement et des géoressources), l’ENSTBB (biotchnologies), l’ENSC (cognitique) et l’Enspima (performance industrielle et maintenance aéronautique), la dernière à avoir été créée, en 2019. Au total, nous accueillons donc 2500 élèves ingénieurs.

Français à l’étranger : Comment et quand se déroule la mobilité à l’étranger pour vos étudiants ?

Marc Phalippou : Actuellement, la mobilité n’est pas obligatoire dans toutes nos écoles. Elle l’est par exemple à l’Enseirb-Matmeca où, depuis dix ans, les étudiants doivent partir au moins trois mois pour un stage ou un échange académique à l’étranger. Mais notre objectif est de la rendre obligatoire dans les six écoles d’ici trois ans : tous les élèves devront alors partir entre 17 et 20 semaines. Cette mise en place de la mobilité obligatoire découle du fait que nous proposons des formations accréditées par la commission des titres d’ingénieurs. Or, cette commission met dans ses critères d’accréditation une expérience à l’étranger. Ces mobilités s’effectuent et continueront de s’effectuer sous différentes formes : stage ou échange académique.

Français à l’étranger : Dans quels pays vos étudiants peuvent-ils partir en mobilité ?

Marc Phalippou : Comme nous sommes aussi un établissement de recherche et que nos enseignants-chercheurs travaillent dans un contexte international, nous avons des contacts avec un grand nombre d’universités étrangères. Au total, nous comptons aujourd’hui une centaine d’établissements partenaires à travers le monde : les pays d’Europe mais aussi le Japon, la Chine, l’Inde, l’Australie, l’Afrique du Sud, le Maroc, la Tunisie, le Canada, les États-Unis, le Brésil, l’Argentine, le Chili, le Mexique, etc. Nous accueillons aussi des étudiants de ces établissements, même si leur nombre varie en fonction des pays.

Français à l’étranger : Quels sont les bénéfices de ces mobilités pour vos étudiants et votre établissement ?

Marc Phalippou : Permettre à nos étudiants de s’immerger dans d’autres cultures est essentiel pour leur culture générale mais aussi pour leur donner accès à de plus nombreuses opportunités professionnelles à la sortie de l’école. En vivant loin, ils sont aussi obligés d’améliorer au moins leur anglais.

Français à l’étranger : Vos écoles proposent parfois des double cursus. Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement ?

Marc Phalippou : Nous proposons, là encore, des destinations variées. Il y a par exemple un double diplôme entre l’Enseirb et l’École de technologie supérieure de Montréal (Canada), l’institut de technologie de l’Illinois (États-Unis), l’université fédérale du Parana à Curitiba (Brésil), etc. Pour les étudiants qui suivent ces doubles diplômes, la scolarité dure plus longtemps car ils doivent effectuer deux ans chez nous et deux ans dans l’établissement partenaire.

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