Tribune
Pour une véritable étude sur les Français de l’étranger !
Le rapport 2025 sur la situation des Français établis hors de France vient de paraître… en plein cœur de l’été. Un document dense, riche d’enseignements, mais qui risque de passer inaperçu alors que beaucoup ont déjà la tête dans leurs valises.

Et ce serait dommage. Car ce rapport de 150 pages mérite qu’on s’y attarde — au moins pour deux raisons majeures:
- La diaspora française continue de croître, pour la cinquième année consécutive depuis la pandémie. Mais cette croissance ne s’oriente pas vers les paradis fiscaux : les nouveaux expatriés privilégient les pays en croissance, en quête d’impact et non d’évasion fiscale. Une réalité qui contredit certains clichés persistants.
- L’administration consulaire se modernise, dans un cadre budgétaire contraint, et parvient à améliorer ses services tout en réduisant ses dépenses. Une performance à saluer dans le contexte actuel.
Deux enseignements cruciaux à l’heure où la France s’interroge sur ses finances publiques, son attractivité, sa compétitivité et sa projection internationale.
Un rapport publié avec deux mois d’avance : un vrai progrès
Il faut saluer ici une avancée : le rapport 2025 paraît dès juillet, contre octobre les années précédentes. Un changement notable qui améliore la fraîcheur des données. Pour un document censé nourrir le débat public et les politiques publiques, publier les chiffres de 2024 à l’automne 2025 semblait… anachronique. À l’heure de l’IA et de la donnée temps réel, ce gain de temps est bienvenu.
Une croissance continue des Français à l’étranger
Le rapport recense 1 754 688 Français inscrits au registre consulaire en 2024, soit une hausse de 3,6 % par rapport à 2023. Parmi les progressions les plus marquées :
- Le Canada: +10 %
- Le Brésil: +13 %
- Les Pays-Bas: +13 %
Loin d’un prétendu « exode fiscal», ces chiffres traduisent un élan vers des économies ouvertes et dynamiques.
Une administration qui se modernise
Le budget du programme 151 (« Français à l’étranger et affaires consulaires ») baisse à 156 M€ en 2025, contre 165 M€ en 2024. Malgré cette contrainte, plusieurs avancées concrètes sont à souligner:
- L’envoi sécurisé des passeports à domicile dans 28 pays, évitant les doubles comparutions.
- Le vote en ligne, qui a doublé la participation aux législatives entre 2017 et 2024.
- La plateforme de prise de rendez-vous, dont les délais ont été divisés par deux.
Des services plus efficaces, perçus directement sur le terrain par les usagers.
Un rapport encore très autocentré
Bien qu’intitulé « Rapport du gouvernement sur la situation des Français établis hors de France », ce document est avant tout un bilan administratif : titres délivrés, certificats, élections, apostilles… Peu de place est accordée à la réalité économique et sociologique des expatriés eux-mêmes.
Le rapport admet d’ailleurs que ses propres chiffres sont très partiels : il reconnaît une population expatriée réelle estimée entre 2,5 et 3 millions, soit 30 à 40 % de plus que les inscrits officiels. Pourtant, aucune donnée qualitative n’est fournie sur leurs :
- parcours de vie,
- motivations,
- relations économiques avec la France,
- patrimoine,
- contributions au rayonnement de la France.
Pas de cohortes, pas d’enquêtes longitudinales. Une immense lacune.
Pour une vraie étude INSEE sur les Français de l’étranger
Les Français de l’étranger représentent au moins 5 % de la population, sans compter ceux qui le sont devenus temporairement au cours de leur vie. Ce chiffre grimpe probablement à 10 ou 20 % des Français si on inclut ceux ayant connu un épisode d’expatriation.
Le ministre Laurent Saint-Martin le souligne en introduction du rapport : « Nos compatriotes établis à l’étranger sont un formidable atout pour notre pays. »
Très bien. Mais alors, à quand une étude sérieuse de l’INSEE sur ces Français ?
Sur les 500 millions d’euros de budget de l’INSEE, quelques centaines de milliers pourraient pourtant suffire à construire un dispositif de connaissance solide, continu et rigoureux de cette population stratégique. Ce serait à la hauteur de leur rôle — économique, culturel, diplomatique.
Pour que les Français de l’étranger soient enfin mieux connus et reconnus. Non pas seulement comme usagers de services publics, mais comme acteurs à part entière de l’avenir français.
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