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L’Allemagne de 2025 : Un pays stable en profonde mutation

Depuis toujours, l’Allemagne intrigue et attire. Sa stabilité politique, économique et sociale en a longtemps fait un modèle. Mais après deux ans de récession, une montée de l’extrême-droite et une pression démographique inédite, le pays affronte de nouveaux défis.

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L'Allemagne de 2025 : Un pays stable en profonde mutation

Peut-on parler d’Allemagne sans commencer par évoquer son économie? La première puissance européenne ne le serait pas sans une solide base industrielle, soutenue par une classe moyenne au fort pouvoir d’achat. Pourtant, le pays est aujourd’hui dans une phase de stagnation. Après deux ans de récession, les prévisions pour 2025 tablent sur une croissance modeste de 0,4%, selon l’OCDE. Les piliers traditionnels de l’économie, les exportations automobiles et la chimie, sont bousculés par des transitions géopolitiques d’ampleur.

Le ministre des Finances Lars Klingbeil affirmait en juillet 2025 que « remettre l’économie allemande sur les rails » est désormais la priorité numéro un. « Le plus important est de préserver les emplois dans notre pays. » Car sur ce sujet aussi, la situation est tendue, avec un taux de chômage à 6,3 %, au plus haut depuis dix ans. En parallèle, une pénurie de main-d’œuvre qualifiée frappe de nombreux secteurs. C’est pourquoi le gouvernement espère faire passer une loi pour augmenter progressivement le salaire minimum à 13,90€ dès janvier 2026, puis 14,60€ en 2027.

Un pays qui s’endette (enfin ?)

Pour la première fois depuis le début de l’orthodoxie budgétaire post crise financière, l’Allemagne s’endette. Mais pas sur des sujets dont elle avait fait son cheval de bataille, comme la transition écologique. Non: c’est pour permettre à son armée de retrouver des couleurs. Mais l’augmentation massive des dépenses d’armement inquiète: « Le fait qu’une grande partie des dépenses fédérales aillent dans la défense rend les questions sociales plus tendues, et l’écologie est carrément oubliée », estime Hajo Funke, politologue à l’université libre de Berlin. Pourtant, il ne perd pas espoir : « J’espère que cette logique s’essoufflera si les conflits s’apaisent. »

Une démographie portée par l’immigration

La population allemande continue de croître doucement, portée par l’arrivée d’une immigration qualifiée. En 2024, le pays comptait 83,6 millions d’habitants, dont 14,1 millions d’étrangers. L’ancien gouvernement, celui du chancelier social-démocrate Olaf Scholz, a mis en place un nouveau cadre législatif, avec une reconnaissance facilitée des diplômes étrangers pour attirer des travailleurs qualifiés, notamment d’Asie du Sud. Mais le retour des conservateurs à la chancellerie brouille les lignes. « C’est une menace pour le bon fonctionnement de notre économie, alerte Hajo Funke. Car si le racisme et la violence à l’égard des étrangers augmentent, et c’est ce qu’on voit, alors les travailleurs qualifiés étrangers repartiront. »

Une démocratie sous tension

Car sur le terrain politique, difficile de convaincre une partie des citoyens. Avec un résultat de plus de 20 % aux dernières législatives, et des scores encore plus élevés à l’Est, le parti d’extrême-droite AfD impose ses thématiques. « C’est l’un des partis les plus
d’extrême-droite, racistes et populistes d’Europe. Un danger pour la démocratie », explique Hajo Funke. Le professeur rappelle aussi que dans les Länder de l’Est, le ressentiment post-réunification reste vivace – un vivier pour le parti. La coalition de Merz avec les socio-démocrates tente donc de durcir sa politique migratoire, avec un retour des contrôles aux frontières et la suspension de certains regroupements familiaux.

Un pays toujours attractif pour les Français

A revers de ces tensions politiques, l’Allemagne attire la communauté française, avec environ 140.000 ressortissants. Pour faciliter leur intégration, le gouvernement de Scholz a allégé les conditions de naturalisation depuis l’été 2023 : il suffit désormais de trois à cinq ans de résidence, contre huit auparavant, pour demander la double-nationalité.

Les Français d’Allemagne se répartissent en trois pôles: Berlin, la Rhénanie (Cologne, Düsseldorf) et la Sarre. Dans la capitale, on trouve surtout des étudiants et de jeunes actifs, attirés par son dynamisme culturel et sa scène start‑up. Les grands pôles économiques comme Francfort, Stuttgart ou encore Munich sont aussi des terres d’accueil pour les Français. Par ailleurs, une partie des actifs se concentrent aussi dans le petit Land de la Sarre, et notamment sa capitale Sarrebruck, située à la frontière avec la France. Sur place, environ 40 % de la population comprend le français, ce qui favorise une implantation pour les expatriés.

Enfin, il y a aussi un autre type de Français en Allemagne: les frontaliers, ceux qui vivent en France, mais traversent chaque jour la frontière pour travailler. Selon des chiffres de 2019, ils sont environ 48.000, des cadres et des ouvriers qualifiés pour la plupart. En 2022, 26% des travailleurs frontaliers de la région Grand-Est travaillaient dans l’Industrie, notamment en direction de l’Allemagne (43%) et de son industrie automobile. Une situation pour ces actifs, largement dépendant de la voiture, rendue difficile à cause du retour des contrôles aux frontières voulus par Berlin depuis septembre 2024: les élus de Kehl et de Strasbourg ont d’ailleurs exprimé des préoccupations sur le sujet, et dénoncent un impact négatif sur l’économie locale transfrontalière et la vie quotidienne.

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