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Et si le Mercosur n’était finalement pas un si mauvais « deal » ?

Vilipendé de ce côté-ci de l’Atlantique par de nombreux agriculteurs en colère, le traité de libre-échange entre l’Union européenne et l’Amérique du Sud est en revanche applaudi au Brésil, où les Français expatriés y voient une mine d’opportunités.

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L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie) a été validé au début du mois par la Commission de Bruxelles. Il doit maintenant être adopté par chacun des 27 Etats membres. Ce traité ambitionne de redessiner les relations commerciales entre la France et les principaux pays d’Amérique du Sud en gommant, à terme, de part et d’autre, tous les droits de douane. Mais en France, il est loin de faire l’unanimité. Des centaines d’agriculteurs ont ainsi manifesté la semaine dernière dans tout le pays. Ils craignent que cet accord crée une concurrence déloyale et laisse déferler en Europe des denrées agroalimentaires (viande bovine, sucre ou éthanol) produites en Amérique latine selon des normes sanitaires et environnementales moins strictes que chez nous.

Un monde incertain et tourmenté

Au Brésil, parmi la communauté des entrepreneurs français expatriés, à l’inverse, on se réjouit plutôt. « Ici, l’accord fait l’unanimité, assure Thierry Besse, directeur de Vinci Concessions et président de la Chambre de commerce et d’industrie franco-brésilienne (CCIFB) de São Paulo. Dans un monde de plus en plus incertain et tourmenté, la relation entre le Mercosur et l’Union européenne, et plus particulièrement entre le Brésil et la France, est très puissante économiquement. Nous sommes des partenaires de long terme et fiables. » Pour les Français installés en Amérique du Sud, cet accord pourrait se traduire par un dynamisme accru des échanges et des investissements, grâce à des règles simplifiées pour importer ou exporter des biens.

Thierry Besse : « La relation entre le Brésil et la France est très puissante économiquement. Nous sommes des partenaires de long terme et fiables. »

Aéronautique, défense, luxe, distribution mais aussi infrastructures, transports ou énergie… Les Français sont présents dans la plupart des secteurs d’activité au Brésil. Le flux commercial entre les deux pays n’a pourtant atteint l’an dernier que 8 milliards d’euros. Autant dire que le potentiel de croissance est là. « Le Brésil reste commercialement le pays le plus fermé du G20, observe M. Besse, à cause surtout de tarifs douaniers élevés. Cet accord va fournir de nombreuses opportunités notamment aux PME françaises qui ont, de par leur taille, davantage de difficulté à accéder à des marchés étrangers lointains comme le Brésil. » La mobilité professionnelle entre les deux blocs pourrait aussi être facilitée, avec des visas simplifiés pour les travailleurs qualifiés.

Un flux commercial pas à la hauteur

1 300 filiales d’entreprises françaises sont aujourd’hui établies au Brésil, pour un chiffre d’affaires annuel de 70 milliards d’euros environ. Elles emploient plus de 500 000 Brésiliens. La France est le premier employeur étranger du pays et le 3ème investisseur étranger après les États-Unis et l’Espagne. « Le Brésil est très accueillant pour l’investissement français, promet M. Besse. Le pays a une perception très positive de la présence et du rôle des grandes entreprises françaises mais le flux commercial n’est pas aujourd’hui à la hauteur de cet engagement. »

Beaucoup de fantasmes

Thierry Besse

Quant aux manifestations hostiles au Mercosur menées par les agriculteurs français, « il y a beaucoup de fantasmes sur toutes ces menaces, assure M. Besse. Ce qui est produit au Brésil est de grande qualité. Le gouvernement français a bien négocié cet accord. Bon nombre de garanties de quotas et de mécanismes établis permettent de protéger la production locale en France métropolitaine. » Cet accord UE-Mercosur ouvre la voie à un marché de 750 millions de consommateurs, de part et d’autre de l’Atlantique, soit 10% de la population et 20% du PIB mondial. « Face aux pays qui se referment sur eux-mêmes, n’oublions pas que c’est le commerce qui génère la richesse », rappelle le dirigeant français.

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