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Tribune

Que retenir de 2025 pour les Français de l’étranger ?

À l’heure où les Français de l’étranger s’apprêtent à célébrer les fêtes — en France, en villégiature ou dans leur pays de résidence —, l’année 2025 s’achève sur une série de faits et de phénomènes marquants, parfois des signaux faibles, qui traduisent des évolutions profondes de notre communauté. Je vous propose un retour sur dix faits marquants qui redessinent le visage de la France hors de France.

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Geoffroy Bunetel

+3,6 % de Français établis hors de France : une croissance qui s’accélère

Le rapport 2025 du gouvernement sur la situation des Français établis hors de France confirme une tendance lourde : la population expatriée continue de croître.

Le trio de tête des pays connaissant la plus forte croissance est évocateur. Ce sont des pays neufs, à fort potentiel ou très dynamiques économiquement :

  • Brésil : +13 %
    • Pays-Bas : +13 %
    • Canada : +10 %

En parallèle, le nombre de Français inscrits à Monaco ou au Luxembourg diminue (respectivement -5 % et -0,5 %), ce qui atteste que le départ de France est guidé avant tout par la recherche d’opportunités professionnelles.

Les deux tiers des Français sont inscrits depuis plus de cinq ans dans la même circonscription, ce qui traduit un phénomène d’enracinement.

Les expatriés exposés à un monde de plus en plus instable

L’année a été marquée par une succession d’événements internationaux ayant un impact direct sur les Français établis hors de France.

La prise de fonction de Donald Trump, en janvier 2025, a ouvert un cycle d’incertitudes aux États-Unis et dans le reste du monde : annonces sur le durcissement des visas H-1B, révision des statuts étudiants, contrôles accrus pour les renouvellements de permis de travail.

Au Royaume-Uni, en mars, les seuils salariaux pour les Skilled Worker visas ont été relevés.

L’Australie, en avril, a durci les conditions d’admission de ses visas étudiants.

Hors Covid, les expatriés n’avaient jamais été aussi directement touchés par les choix politiques de leurs pays d’accueil ces dernières années.

L’impôt universel ciblé rejeté d’une seule voix lors du débat budgétaire

C’est l’un des moments politiques de l’année.

Lors du débat budgétaire, un amendement visant à instaurer un impôt universel ciblé pour les expatriés a été rejeté… d’une voix.

Cet épisode a été vécu comme un électrochoc par la communauté française hors de France. Il a révélé à quel point :

  • l’influence politique de la diaspora reste fragile ;
  • les préjugés sur les expatriés persistent ;
  • la vigilance sur les sujets fiscaux doit être permanente et les actions de communication et de lobbying beaucoup plus organisées, structurées et documentées.

Les exportations françaises de services atteignent un niveau historique : +16 %

La Banque de France révèle que les exportations françaises de services ont progressé de +16 % en rythme annuel entre août 2024 et août 2025.

Ce dynamisme repose pour une part importante sur des prestations réalisées depuis l’étranger par des Français : ingénierie, conseil, numérique, hôtellerie, architecture, audiovisuel.

Ce que personne ne dit suffisamment : une part croissante de la performance extérieure de la France repose sur ses expatriés.

AEFE : des coupes budgétaires qui rendent nécessaire une réforme structurelle

La subvention publique de l’État à l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE) a fait l’objet de plusieurs coups de rabot successifs pour atteindre un peu moins de 400 M€ dans le PLF 2026, plaçant l’Agence dans une situation complexe qui devrait encore s’aggraver, rendant une réforme structurelle inéluctable.

D’autant que l’AEFE sert de moins en moins les jeunes Français vivant à l’étranger : deux jeunes Français sur trois sont scolarisés dans des établissements hors AEFE. Et, parmi le tiers restant, la grande majorité fréquente des établissements qui ne perçoivent pas d’aide financière de l’AEFE.

La CFE entre augmentation des cotisations, baisse des assurés et hausse de la concurrence

Confrontée, elle aussi, à des difficultés financières qui l’ont conduite à puiser dans ses fonds propres et à augmenter ses cotisations en 2025, la CFE voit sa population assurée se réduire et vieillir, tandis que la concurrence du secteur privé s’intensifie.

La santé des expatriés un sujet d’inquiétude croissante

De ce fait sans doute, le thème de la santé s’est imposé en 2025 comme une préoccupation centrale.

Difficulté d’accès à certains spécialistes, coût élevé de la médecine dans plusieurs régions, téléconsultations en forte hausse, manque de coordination entre systèmes nationaux : les expatriés expriment désormais une inquiétude croissante.

Des assureurs internationaux rapportent une hausse de +25 % des interactions dans les groupes francophones dédiés à la santé.

Les services consulaires : des progrès réels mais une digitalisation à accélérer

2025 aura vu plusieurs avancées tangibles, comme l’extension du passeport à distance à quatre pays (au lieu de deux en 2024). Mais est-ce assez rapide quand les Britanniques, eux, peuvent renouveler leur passeport sans aucun déplacement physique ?

La législative partielle de l’automne révèle la persistance d’une faible mobilisation électorale

Malgré la multitude auxquels les Français de l’étranger sont exposés, la législative partielle organisée dans la 5ᵉ circonscription des Français de l’étranger a offert un instantané saisissant, avec 85 % d’abstention et une fragmentation accrue.

À l’évidence, les partis politiques vont devoir revoir en profondeur leur discours et leur offre pour arrimer les Français de l’étranger et les réengager dans le débat public national.

Verra-t-on un rebond lors des élections des conseillers des Français de l’étranger de mai prochain, alors que le taux de participation était passé de 20 % à 15 % entre 2014 et 2021 ?

Les secteurs privés et associatifs s’organisent sur le terrain

Plus que part l’engagement électoral, c’est par dans l’action concrète et associative que les Français de l’étranger se mobilisent.

Outre les grands réseaux que sont les CCI FI, l’UFE, les réseaux se sophistiquent et se diversifient dans le monde économique (French Founders, EFE International, Les Musettes, Le Bottin Mondial) comme dans celui des Alumnis, très actifs au fur et à mesure de l’internationalisation des universités et grandes écoles françaises…

La question posée par cette effervescence d’initiative venant du terrain, plutôt que du sommet ou de l’Etat est celle de la mise en synergie. Comment imaginer le « réseau des réseaux » qui évitera la dispersion et la concurrence inutile ?

Conclusion : 2025 pose les termes du débat, 2026 devra répondre

2025 aura dévoilé sans ambiguïté :

  • une diaspora plus nombreuse
  • plus exposée aux risques et aléas géopolitiques avec la fin de la “mondialisation heureuse”
  • plus contributive à l’économie française
  • confrontée à la crise de certaines institutions traditionnelles comme l’AEFE ou la CFE
  • toujours très peu engagée dans le débat public national
  • mais plus autonome dans son organisation avec des réseaux de terrain de plus en plus actifs et diversifiés,

Autant de thèmes qui inspireront sans doute le débat des élections des Français de l’étranger en 2026.

En effet, d’ici quelques mois, les Français établis hors de France renouvelleront leurs conseillers des Français de l’étranger, l’Assemblée des Français de l’étranger, la moitié des sénateurs qui les représentent — et peut-être même leurs députés si une dissolution devait intervenir. Ce sera l’occasion de répondre à ces enjeux.

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