Expatriation intergénérationnelle : quand les parents suivent leurs enfants à l’étranger

Nouveau pays pour une nouvelle jeunesse

Installée à Casablanca, Rania a encouragé sa mère à la rejoindre au Maroc. « Elle est retraitée et avait développé une routine peu enrichissante, elle faisait toujours les mêmes choses et voyait les mêmes personnes. C’était comme si elle attendait la fin, alors que le monde a tellement à offrir ! » Après plusieurs années, la jeune femme l’a enfin convaincue, et sa mère vient de s’installer à une heure de chez elle. « Je suis certaine qu’elle ne le regrettera pas une seule seconde, il y a tant à faire et à découvrir au Maroc ! »

« Partir s’installer dans un autre pays à l’âge de la retraite peut être extrêmement stimulant sur les plans intellectuel, affectif et psychologique » confirme le psychologue Philippe Drweski, qui a travaillé sur les effets des migrations sur les liens familiaux. Mais les personnes qui s’installent tardivement dans un nouveau pays doivent également faire face à certaines difficultés.

« En vieillissant, la plasticité cérébrale et les capacités d’adaptation sont moins importantes, donc l’apprentissage d’une langue et l’adaptation à un nouvel environnement peuvent être plus compliqués » constate le psychologue, qui ajoute que si cette installation se fait dans de bonnes conditions familiales, elle en est grandement facilitée.

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Une migration tardive à vivre en famille

Dans le cas de Rania et sa mère, l’objectif est justement de se rapprocher géographiquement. « Je compte venir la voir souvent, passer des week-ends avec elle. Je suis enceinte et savoir que ma mère sera près de moi pour les épreuves qui arrivent est rassurant. De son côté, elle sait aussi qu’en une heure je peux être chez elle, on se sent déjà toutes les deux moins seules. »

Son installation est récente mais se déroule bien. « C’est un vrai défi de lui faire découvrir les environs, de l’aider à prendre ses premiers repères, mais je suis convaincue que peu importe l’âge, il ne faut jamais arrêter de prendre des risques et de se lancer dans des projets comme un déménagement. » estime Rania.

De son côté, Philippe Drweski a constaté qu’il n’est pas rare que les enfants fassent venir les parents auprès d’eux pour des raisons de santé, ce qui peut inverser les rôles entre parents et enfants. « Quand les parents deviennent dépendants de leurs enfants, il y a un inversement générationnel qui se met en place, mais qui est plus lié aux problématiques de santé qu’à l’expatriation. »

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Recréer un écosystème familier

Qu’il y ait des soucis de santé ou non, comment aider ses parents à se faire à cette nouvelle vie ? Le psychologue conseille de recréer un écosystème familier, avec des relations sociales régulières, et notamment un lien quotidien possible entre enfants et parents. « Un tel rapprochement familial a tendance à resserrer les liens, à recréer des relations qui ont pu se distendre du fait de l’expatriation. »

Selon Rania, le Maroc est l’endroit parfait pour faciliter l’installation de sa mère. « Tout le monde parle français et les Marocains sont généralement très accueillants, j’espère vraiment qu’elle réussira à se créer un petit groupe d’amis mais je ne m’en fais pas ! »

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