Etudier et travailler
L’instruction en famille à l’étranger, un accompagnement de tous les instants
Certaines familles françaises qui vivent à l’étranger font le choix de l’instruction en famille pour leurs enfants. Une décision qui permet de suivre la scolarité de leurs enfants quel que soit le pays mais qui demande une grande organisation.
L’instruction en famille, un projet de vie
Valérie C. vit à l’étranger avec sa famille depuis 2015. Pour son fils, Charles, le choix de l’instruction en famille s’est imposé rapidement. « La première année, nous avons fait un long voyage d’un an en Colombie. Nous avons opté pour l’école à la maison pour notre fils qui était alors en grande section. Quand on s’est installé plus longuement dans le même pays, nous vivions dans un village où il n’y avait ni école française, ni internationale. Nous ne voulions pas l’inscrire en école locale et comme je suis enseignante à la base, on est restés en IEF », explique-t-elle.
Cette scolarité à la maison s’est poursuivie jusqu’à leur arrivée au Maroc, en 2023, où la question s’est de nouveau posée. « A Rabat, il y a plusieurs écoles françaises et internationales. J’ai demandé à mon fils s’il souhaitait s’inscrire, mais il n’a pas voulu. Il reste très attaché à l’IEF. »
Scolarité en école internationale : « Mon fils est le seul français dans son établissement »
Valérie S. a aussi fait le choix de l’école à la maison pour ses trois enfants. « En 2017, j’ai décidé de me reconvertir dans le numérique pour devenir nomade digitale. Il m’a semblé évident qu’on ferait l’instruction en famille. »
Accepter de lâcher prise sur les apprentissages
Mais tout n’a pas été aussi simple au début. Si son fils Naël, alors âgé de deux ans, a été libre dans ses apprentissages, la mère de famille s’est questionnée pour ses deux filles de 8 et 14 ans qui étaient scolarisées avant de partir à l’étranger. « J’avais peur qu’elles aient des lacunes, donc je les ai inscrites à des cours par correspondance. Les cours étaient en ligne et en direct tous les matins. L’après-midi je faisais des fiches pour qu’elles ne prennent pas de retard. On gardait un rythme sédentaire alors qu’on vivait à l’étranger. »
C’est quand ses filles lui font comprendre que la pression était trop forte que Valérie S. a lâché prise. « Je me suis tournée vers le ‘unschooling’, qui est une modalité de l’instruction en famille. Il m’a fallu un an et demi pour me ‘déscolariser’ et les laisser apprendre par elles-mêmes. »
Scolariser ses enfants en école française, un choix stratégique ?
Un choix qu’elle ne regrette pas. « Le unschooling ce sont des apprentissages autogérés. C’est à nous de répondre aux besoins des enfants quand ils se manifestent. Ma cadette était dégoutée des apprentissages scolaires et allergiques aux cours de français et de maths. Je l’ai laissée tranquille pour qu’elle se tourne vers les activités qui lui plaisent, comme le sport et l’anglais. Cette approche implique un gros lâcher prise, quand il y a des lacunes, il faut se dire que ce n’est pas grave et qu’ils vont apprendre quand ils en auront besoin. »
Choisir un organisme à distance pour avoir un cadre
Après des années d’IEF sans organisme mais en travaillant avec des supports, Valérie C., a ressenti le besoin d’inscrire son fils dans un programme quand il est entré en quatrième. « Je l’ai inscrit au cours PI, qui est un équivalent du CNED. Je voulais avoir un regard extérieur, connaître son niveau en français. Mais il s’ennuyait et il s’est rendu compte qu’il ne voulait pas vivre en France. Quand il est entré en troisième, nous avons changé notre fusil d’épaule. »
Depuis, Charles est inscrit à Clonlara, une école américaine en ligne basée dans le Michigan qui a des antennes en Europe. « Cette école le laisse libre d’étudier ce qu’il veut tout en suivant les matières prévues dans le programme français. »
Son fils s’est ainsi lancé dans la rédaction d’un livre pour lequel il fait des recherches sur la manière d’écrire un livre. En maths, il gère un portefeuille d’actions en bourse. Dans cette approche, il envoie son projet deux fois par an à sa conseillère pour le faire valider par l’école. « Cette pédagogie change complètement l’approche de l’enseignement. Elle s’adresse surtout à des enfants qui sont déjà très autonomes », estime Valérie C.
Un choix de scolarité chronophage
Cette école a changé le quotidien de la famille. « Pendant huit ans, l’IEF a pris tous mes matins sauf le week-end. C’est un investissement en temps émotionnel et cela demande une vraie discipline. Depuis que Charles est à Clonlara, je l’accompagne beaucoup moins au quotidien même si je suis toujours là pour valider le choix des sujets, je vérifie qu’il fait les choses mais je ne l’accompagne plus sur le fond. »
A l’inverse, pour Valérie S., le unschooling demande un accompagnement permanent. « Ça prend plus de temps que l’apprentissage formel parce qu’il faut être très à l’écoute, proposer des ressources pour les accompagner, suivre leur rythme. C’est assez fatigant car les apprentissages arrivent tout le temps, en semaine, le soir, le week-end. Mais ça fait partie de l’instruction en famille. »
Aujourd’hui, ses deux filles sont rentrées en France pour faire un service civique. Valérie S. s’occupe uniquement de son fils qui a aujourd’hui 10 ans. « Je suis toujours ses envies d’apprentissage. Mon fils est doué en maths, il sait lire les grands chiffres, il sait calculer en gérant son argent ou en convertissant la monnaie…. Et pour l’accompagner, je m’appuie sur des livres, des documentaires, selon ses besoins du moment. »
Une équivalence des diplômes plus compliqués
Pour les deux familles, ce choix de l’instruction en famille a cependant des conséquences. Comme Charles, le fils de Valérie C., est dans une école qui délivre le high school diploma, son diplôme sera reconnu aux Etats-Unis mais aussi dans certains établissements en France. « Sur Parcoursup, il n’y a pas vraiment de logique. Certaines écoles et universités acceptent les candidatures d’élèves avec ce diplôme, alors que d’autres refusent. »
En choisissant le unschooling, les enfants de Valérie S. devront eux passer des diplômes en candidats libres, s’ils le souhaitent. Dans ce cadre, se faire accompagner par un organisme comme le CNED est recommandé pour se préparer sereinement aux exigences des examens.
Cette situation ne s’est pas présentée pour les enfants de Valérie S. : « Mes filles n’ont pas voulu passer de diplôme pour le moment. Elles ont toutes les deux commencé un service civique de plusieurs mois en France qui ne requiert pas de diplôme. Ma cadette souhaite faire une formation d’agent de sécurité avec un concours d’entrée mais sans diplôme prérequis. Et mon aînée a déjà écrit plusieurs romans. »
Quel avenir pour l’enseignement français à l’international : faut-il revoir le rôle de l’AEFE ?
-
Actualités internationalesil y a 4 semainesL’EES, le nouveau système européen de passage aux frontières, en vigueur en octobre
-
Actualités internationalesil y a 2 semainesÉtude Expat Insider : les pays où s’installer… et ceux à éviter
-
Tribuneil y a 4 semainesL’image de la France à l’étranger : ce que l’on nous envie… et ce qui fâche
-
Vie pratiqueil y a 3 semainesDu geste à la parole, les bourdes culturelles à travers le monde
-
Actualités politiquesil y a 2 semainesNathalie Coggia remporte haut la main la 5ème circonscription des Français de l’étranger
-
Vie pratiqueil y a 4 semainesAssociations : Les candidatures pour le dispositif STAFE 2026 sont ouvertes
-
Actualités internationalesil y a 3 semainesTop 10 des destinations où s’expatrier en tant que personne LGBTQ+ en 2025
-
Actualités économiquesil y a 4 semainesEt si le Mercosur n’était finalement pas un si mauvais « deal » ?
