Podcast French Expat : « Vivre à l’étranger sans prendre l’avion : le pari de Séverine Lemaire »

Installée à Oslo (Norvège), Séverine Lemaire a fait un choix de vie aligné avec ses convictions écologiques : ne plus prendre l’avion. Dans French Expat, cette semaine, elle nous raconte comment elle concilie expatriation et sobriété carbone, sans pour autant renoncer à ses envies ni culpabiliser les autres.

« On n’a jamais fait changer des gens en leur disant que leurs pratiques étaient nocives pour l’environnement. Moi, j’essaie d’incarner les changements que je veux voir. » Cette phrase résume bien la philosophie de Séverine, 27 ans, installée en Norvège depuis un peu plus d’un an. Originaire d’Angers, Séverine a nourri très tôt l’envie de vivre à l’étranger. « J’ai participé deux fois au programme Sauzay, avec des échanges en Allemagne. Ça m’a ouvert l’esprit, j’ai adoré découvrir une autre culture. » Plus tard, pendant ses études d’ingénieure à l’INSA Rennes, elle part en Erasmus en Irlande — « un coin paumé avec plus de moutons que d’habitants ! » — avant d’enchaîner avec un double diplôme en école de commerce. À cette époque, l’écologie n’est pas encore au cœur de ses choix. « C’est vraiment pendant le Covid que les choses ont évolué. Tout s’est arrêté, et j’ai eu du temps pour réfléchir. »

Le déclic

C’est en découvrant la Fresque du Climat puis la Fresque du Numérique qu’elle commence à s’informer et de comprendre. Elle devient animatrice de ces ateliers participatifs. « Ce sont des moments collectifs très puissants. Ça permet de comprendre les enjeux, et surtout de voir qu’on n’est pas seul·e à vouloir faire autrement. »

C’est aussi à cette période qu’avec son compagnon, elle se repose la question de l’expatriation. Le Canada, initialement sur la liste, est finalement écarté. « Trop loin, pas faisable sans avion. On a recentré sur l’Europe. » Ce sera la Norvège. Accessible en ferry et en train. Et surtout : un pays perçu comme proche de la nature et avec une bonne qualité de vie.

Séverine Lemaire vit à Oslo depuis un peu plus d’un an.

Trente heures de train pour rentrer en France

Depuis mars 2024, Séverine vit à Oslo. Et elle n’a pas pris l’avion une seule fois pour y arriver. Ni pour rentrer. Son trajet Oslo–Paris dure en moyenne 30 heures, avec six correspondances. « Je prends le train de nuit à Malmö, je descends à Hambourg, puis Cologne, et j’arrive à Paris.

Ce n’est pas toujours simple, mais ça devient une routine. » Ce choix, elle le revendique pleinement, mais ne l’impose à personne. « Si on commence à pointer du doigt les autres, on n’avance pas. L’idée, c’est de faire faire ce qu’on peut, à son rythme.»

Vivre autrement, vraiment

Une fois sur place, d’autres réalités apparaissent. « Je pensais que la Norvège serait très en avance écologiquement. En réalité, c’est plus … nuancé. » Peu de légumes locaux, pas de vrac, beaucoup d’emballages plastiques : certains repères français lui manquent. Mais elle découvre aussi de nouvelles pratiques, comme les jardins coopératifs ou le dugnad, un principe de bénévolat collectif largement répandu. « C’est une culture de l’entraide ponctuelle, qu’on ne retrouve pas en France. C’est très chouette. »

Pour Séverine, vivre une expatriation alignée avec ses valeurs, c’est possible. Mais elle refuse les injonctions. « On me demande souvent : ‘est-ce que tu es écolo à 100 % ?’ Ça n’a pas de sens. L’important, c’est d’avoir une direction. »

Le triangle de l’inaction

Elle cite aussi un concept qu’elle utilise dans ses ateliers : le triangle de l’inaction. « L’État dit que c’est aux entreprises d’agir. Les entreprises disent que c’est au consommateur. Et le citoyen dit qu’il attend une loi… En réalité, chacun peut faire sa part, à son niveau. »

Aujourd’hui, Séverine continue son cheminement. Elle travaille dans une entreprise spécialisée dans la transition énergétique, apprend le norvégien, et imagine la suite… peut-être toujours en Norvège, peut-être ailleurs, toujours en cohérence. « Il ne s’agit pas de vivre moins, mais de vivre mieux, en conscience. »

 Son histoire est à écouter dans French Expat, le podcast de celles et ceux qui vivent loin de chez eux.

Quelques ressources mentionnées dans l’épisode pour aller plus loin

• Faire des itinéraires en train : https://www.mollow.eu/
• Faire le challenge écologique : https://mapetiteplanete.org/
• La paternité en Norvège : https://barbapapa.blog/category/le-livre/
• Une enfance en nORd : https://www.marabout.com/livre/une-enfance-en-nord-9782501173704/

French Expat est un podcast de French Morning qui raconte les parcours de vie des Français établis hors de France. Retrouvez-le sur toutes les plateformes d’écoute : Spotify, Apple Podcast, Deezer, Google Podcast, Podcast Addict, Amazon Music. Cet épisode est raconté, produit et réalisé par Anne-Fleur Andrle, habillé et mixé par Alice Krief.