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Former les personnels non titulaires de l’Éducation nationale, « un axe central de la politique de l’AEFE »

Poursuite de l’objectif « Cap 2030 » avec -notamment- l’homologation d’établissements, optimisation de la formation des professeurs grâce à l’ouverture des instituts régionaux de formation, rendez-vous sportifs et musicaux pour les élèves du réseau : Olivier Brochet, le directeur de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger évoque les objectifs et les temps forts de cette année 2023.

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Olivier Brochet

Français à l’étranger: Comment décririez-vous aujourd’hui le rôle de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) dans la diplomatie et le rayonnement de la France à l’international ?

Olivier Brochet: L’AEFE a toujours été un levier majeur de la diplomatie d’influence de la France. A sa création en 1990, son rôle était de structurer le réseau d’enseignement français à l’étranger afin de répondre à une mission de service public envers les Français vivant dans d’autres pays et une mission de diplomatie d’influence en scolarisant des élèves étrangers. L’AEFE s’est attachée avec énergie à faire rayonner l’éducation à la française, les principes et valeurs qui y sont associés ainsi que la langue française et le plurilinguisme, à prolonger les liens en soutenant les associations d’anciennes et d’anciens élèves et l’Union ALFM.

Le 20 mars 2018, le président de la République a présenté la nouvelle stratégie internationale de la France pour la langue française et le plurilinguisme, qui consacrait l’AEFE comme « colonne vertébrale du réseau d’enseignement français à l’étranger », en charge de le développer pour atteindre le doublement des effectifs à l’horizon 2030 (« Cap 2030 »). Cet objectif ambitieux vient consacrer le réseau des établissements internationaux français et l’AEFE comme fer de lance de la diplomatie culturelle de la France.

Le rôle de l’Agence est par ailleurs rappelé dans la feuille de route de l’influence de la France.

La subvention octroyée à l’Agence est en augmentation cette année puisqu’elle passe de 417 à 447 millions d’euros : est-ce suffisant ? À quoi vont servir les fonds supplémentaires ?

Olivier Brochet: La subvention est augmentée de 30 millions d’euros, répartis ainsi : dix millions d’euros pour l’aide d’urgence au Liban, treize millions pour la compensation de l’augmentation du point d‘indice de la fonction publique et sept millions au titre de la réforme statutaire des personnels détachés dans le réseau. Je rappelle par ailleurs que la subvention pour charge publique de l’AEFE a été « rebasée » de 25 millions d‘euros supplémentaires en 2020 pour accompagner la mise en place du plan de développement.

Seize instituts régionaux de formation ont été créés début 2023 : comment se sont passés les débuts ?

Olivier Brochet: La création des IRF est une étape essentielle dans la mise en œuvre du Cap 2030 car ils sont la garantie de la qualité des enseignements. Ce sont des établissements en gestion directe de l’AEFE à vocation de formation, mis en place le 1er janvier 2023, en application de la loi du 28 février 2022.Il s’agit de services déconcentrés de l’AEFE chargés de répondre aux besoins de formation de tous les personnels, de la professionnalisation au perfectionnement et à l’innovation pédagogiques. Ils apportent une réponse contextualisée dans chacune des 16 zones que nous avons définies, sur la base des attentes fixées par le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse (MENJ). Ils portent les actions communes de la zone et doivent définir et mettre en œuvre un projet régional triennal.

La mise en place des IRF s’est faite de façon progressive. L’Agence y a travaillé avant le vote de la loi afin qu’ils soient opérationnels au plus vite. Il s’est agi notamment d’asseoir juridiquement les IRF, de former les équipes à une nouvelle forme de gouvernance, de leur transférer les budgets de la formation, de définir et d’installer les instances. Certains ajustements sont encore en cours dans certaines zones.

De quelles nouveautés s’est accompagnée la création de ces instituts ?

Olivier Brochet: Deux nouvelles instances de gouvernance ont été créées dans une logique inclusive. D¡un côté, le conseil des affaires administratives et financière, une instance de dialogue et de décision, ouverte à tous les acteurs du monde éducatif de la zone. Il valide et met en œuvre le plan régional de formation en assurant, notamment, le suivi de son exécution budgétaire. De l’autre, le conseil pédagogique et scientifique élabore la politique de formation et de développement professionnel des personnels en articulant les besoins exprimés par les personnels et les établissements dans le cadre des cellules de formation continue avec les orientations stratégiques de l’AEFE.

L’Agence a aussi créé de nouveaux parcours professionnalisant de 3 ans pour les néo-recrutés : 1500 personnels en ont bénéficié en 2021-2022, le dispositif a été amplifié à la rentrée 2022. Enfin, une application intitulée Atena a été développée afin de simplifier, harmoniser et fluidifier les démarches et permettre un suivi plus fin des formations.

Que répondez-vous à ceux qui craignent -des parlementaires et des membres de l’AFE notamment- que les personnels qui seront formés dans ces instituts proposent un enseignement « au rabais » par rapport à celui des professeurs de l’Éducation nationale ?

Olivier Brochet: Je voudrais tout d’abord rappeler que les titulaires de l’Éducation nationale n’ont jamais représenté la majorité des personnels du réseau. Cela n’empêche pas les établissements homologués de figurer parmi les meilleurs établissements au monde, avec une excellence pédagogique reconnue, des taux de réussite aux examens qui avoisinent les 100%, et l’accès des élèves aux meilleures études supérieures. Mais, en l’absence d’objectifs de croissance ambitieux, nous ne nous étions pas suffisamment posé collectivement la question de la formation des personnels non titulaires, en particulier des néo-recrutés. C’est aujourd’hui un axe central de la politique de l’AEFE car le renforcement de la qualité est la condition de l’attractivité des établissements.

Nous répondons au besoin quantitatif et qualitatif de formation de ce réseau en expansion avec un dispositif complet : les IRF, les formateurs du réseau qui sont des titulaires expérimentés de l’Éducation nationale, et des partenariats renforcés avec les opérateurs du MENJ. A titre d’exemple, les nouveaux parcours de formation ont été développés avec le Réseau Canopé, qui reconnait par ailleurs les open badges délivrés certifiant les compétences acquises.

Quels sont les autres grands objectifs de l’année 2023 ?

Olivier Brochet: Notre objectif principal, à savoir la croissance du réseau dans le cadre du Cap 2030, nous conduit à renforcer partout les atouts des établissements. Il nous faut toujours mieux accueillir les élèves allophones, renforcer l’enseignement des langues et les dispositifs linguistiques. Pour mémoire, les élèves du réseau apprennent entre trois et cinq langues, compétences valorisées dans le cadre du nouveau baccalauréat français international. Nous consolidons l’attractivité de l’école maternelle, porte d’entrée dans le réseau, développons le numérique éducatif, et poursuivons la mobilisation des établissements sur l’engagement (citoyenneté, développement durable, égalité filles-garçons, inclusion scolaire). 2023 est aussi l’année de la consolidation des dispositifs de formation et la transformation numérique du réseau.

Nous reprenons « en présentiel » les initiatives pédagogiques animant la vie du réseau. Plus de 1200 élèves de seconde suivent le programme d’échanges ADN-AEFE. L’édition 2023 d’ambassadeurs et ambassadrices en herbe a été lancée, l’orchestre des lycées français du monde composé de 70 élèves s’est réunis à Vienne en mars pour deux représentations mémorables. Et les Jeux internationaux de la jeunesse sont organisés juin 2023 à Pau en prémices d’une année scolaire 2023-2024 sous le signe du sport.

Avez-vous un objectif chiffré en ce qui concerne le nombre d’établissements partenaires et d’élèves pour la rentrée 2023, dans le cadre du doublement du nombre d’élèves d’ici 2030 ?

Olivier Brochet: Le doublement des effectifs ne pourra être atteint qu’en encourageant un double mouvement : faire accéder de nouveaux établissements partenaires à l’homologation, mais aussi soutenir la densification du réseau existant en travaillant à renforcer son attractivité. S’agissant de nouvelles écoles, nous semons aujourd’hui les graines qui feront le réseau de demain car il s’agit le plus souvent de petites structures qui font homologuer de nouveaux cycles année après année. Nous accompagnons enfin tous les ans plusieurs dizaines d’établissements candidats à l’homologation et travaillons avec les postes diplomatiques à attirer de nouveaux porteurs de projets.
Depuis fin 2019, nous sommes passés de 350 000 élèves à 390 000 élèves, et de 496 à 567 établissements, malgré la pandémie. A la rentrée 2022, le taux de croissance était d’environ 3%.

Olivier Becht nous expliquait en janvier qu’une « stratégie de prospection afin de trouver de nouvelles écoles susceptibles d’intégrer le réseau » est en place : quelle est cette stratégie ? Quels acteurs sollicitez-vous pour vous accompagner dans cette prospection ?

Olivier Brochet: Cette stratégie de prospection se fait en collaboration étroite avec les postes diplomatiques qui élaborent des plans d’éducation. Ils peuvent ensuite s’appuyer sur les compétences des personnels de l’AEFE, en particulier du service d’accompagnement et de développement du réseau. Ce service accompagne les porteurs de projets qui font le choix du système éducatif français et les établissements qui se lancent dans l’aventure de l’homologation.

Certaines régions du monde sont-elles plus ciblées que d’autres ?

Olivier Brochet: La demande d’éducation internationale exprimée par les familles vaut partout, mais sans parler de cible, certaines régions sont plus motrices dans le développement du réseau, chacune avec ses spécificités. Pour en citer quelques-unes, je pense au Maghreb, à l’Égypte, aux Émirats arabes unis, à l’Afrique de l’ouest et à l’Amérique latine. Il y a un vrai potentiel de développement en Afrique anglophone. En Europe, il y a des marges de renforcement dans plusieurs pays en province.

De façon générale, l’enseignement français à l’étranger reste très attractif pour sa pédagogie d’excellence, l’importance des langues, l’accès aux universités et aux écoles les plus prestigieuses tant en France qu’à l’étranger. Pour ses valeurs également, telles que l’ouverture à l’autre, la réflexion, l’inclusion, la laïcité. C’est d’ailleurs souvent ce qui fait la différence pour les parents.

Dans quelle mesure le contexte géopolitique constitue un frein à la réalisation de cette prospection ?

Olivier Brochet: Le réseau compte aujourd’hui 567 établissements dans 138 pays. Bien sur le climat géopolitique peut influer sur le développement. Mais nous prenons un engagement fort à l’égard des familles : malgré les contextes de crises, nous veillons à pouvoir poursuivre autant que possible notre mission pédagogique et offrir l’accès à l’éducation française. Le meilleur exemple actuellement est le lycée Anne de Kiev au sein duquel les enseignements se poursuivent.

Français à l’étranger: L’inflation étant galopante dans un certain nombre de pays du monde, des évolutions sont-elles prévues en ce qui concerne les professeurs en contrat local ?

Olivier Brochet: Tous les établissements du réseau sont confrontés aux effets de l’inflation qui pèse sur les salariés comme sur les familles. Il y a un exercice délicat à mener pour garantir l’équilibre économique des écoles, répondre aux attentes légitimes des personnels, et tenir compte des difficultés des familles. Cela passe par le dialogue. S’agissant des personnels recrutés localement, l’AEFE n’a de responsabilité que pour ceux qui travaillent dans les EGD. Elle s’attache à mettre en œuvre cette démarche. Les établissements conventionnés et partenaires sont dans la même logique.

Et concernant le montant des bourses allouées aux élèves ?

Olivier Brochet: L’Agence est consciente de la dégradation de la situation économique de certaines familles due à l’inflation. L’examen des dossiers se fera, comme tous les ans, avec toute la bienveillance requise par l’Agence et les services consulaires. Nous sommes attentifs à toutes les demandes et veillerons, conformément aux instructions données par nos autorités, à ce qu’aucune famille française ne soit exclue du dispositif.

L’Agence prépare la 12e édition des jeux internationaux de la jeunesse qui auront lieu en juin à Pau : que prévoyez-vous pour cet événement ?

Olivier Brochet: Pau et le département des Pyrénées-Atlantiques accueillent la 12e édition des Jeux internationaux de la jeunesse du 12 au 17 juin 2023, un rendez-vous majeur des calendriers sportifs et culturels de l’AEFE et de l’UNSS qui cette année s’inscrit pleinement dans le programme éducatif des JOP de Paris 2024. Une cinquantaine d’équipes participeront, composées de trois filles et trois garçons nés en 2006 ou 2007 et issus d’un même établissement, de France ou du réseau à l’étranger.

En amont des JIJ, les équipes sont invitées à participer en vidéo au challenge « Dansez les JIJ ». Et pendant ces Jeux, de belles disciplines seront représentées: beach handball, beach volleyball, découverte du sauvetage sportif et sensibilisation sur l’environnement à Anglet ; trail urbain et solidaire, rafting, laser-run, basket 3×3 et pelote basque dans les environs de Pau ; master class sur les objectifs de développement durable. Les cérémonies d’ouverture et de fermeture ainsi que la soirée des pays et des régions constitueront aussi des moments forts de l’événement.

Dernière précision: les élèves seront accompagnés de sportifs de haut niveau aux parcours inspirants, notamment Stéphanie, championne de sauvetage côtier. Elle a affronté plusieurs fois le cancer et a accompli des expéditions sportives et de sensibilisation écologique remarquables. Nous vous révèlerons sous peu d’autres noms !

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