Destinations au banc d'essai
Le lycée français de Berlin, une exception et un symbole
A Berlin, le lycée français, qui accueille les élèves du CM2 à la Terminale, a la particularité d’être gratuit. Un statut à part qui permet d’accueillir quasiment autant d’enfants d’expatriés français que d’élèves allemands en quête d’ouverture vers la France.
La rentrée scolaire était encore loin de leurs préoccupations lorsque nous avons rencontré quelques-uns des 830 élèves du lycée français de Berlin mais on pariera qu’ils l’ont vue arriver avec plaisir. « Ici, les profs sont moins stricts que dans les autres écoles françaises », explique Marie*, élève de Troisième. Son amie Chloé* renchérit: « Ils sont mêmes cools. Ce n’est pas un lycée d’excellence mais vraiment un lycée normal. »
Un lycée normal qui a des problèmes normaux: le bâtiment principal est actuellement recouvert d’un grand échafaudage, des travaux sont en train d’être réalisés notamment sur le toit de l’école. Comme le résume la jeune Cassandre* « c’est un peu le bazar, mais cela n’affecte pas notre quotidien scolaire. » Des travaux que le proviseur François Cornu, en poste depuis 2023, attend depuis longtemps: « le bâtiment date des années 1970, et il a clairement besoin de rénovations. Mais nous ne sommes pas trop à plaindre et attendions que le gouvernement de Berlin donne son feu vert à ces rénovations. »
Un lycée sous double statut
Car le lycée français de Berlin est sous la tutelle de l’ambassade de France, comme tous les établissements français dans le monde, mais aussi du gouvernement local berlinois. « Ce lycée est unique au monde » selon l’expression utilisée par François Mitterand, lors de sa venue en 1987.
Son histoire remonte à 1689 avec la création du collège français par les Huguenots, ces protestants chassés de France par Louis XIV et accueillis en Prusse. « Depuis cette époque, l’établissement accueille de jeunes Berlinois pour une scolarité en français » ajoute François Cornu. Après avoir survécu aux deux guerres mondiales, et aux bombardements d’avril 1945, le lycée a été fusionné en 1953 avec celui fondé par les militaires dans la zone d’occupation française.
Bac, Abitur ou Abibac
Aujourd’hui, l’établissement est donc toujours gratuit et « devrait le rester » selon François Cornu. Il permet à ses élèves, dont environ 45% sont des Berlinois de naissance, de préparer plusieurs types de diplômes: le baccalauréat, l’Abitur allemand mais aussi le programme binational Abibac, et ainsi obtenir in fine ces deux diplômes. Une multiplicité des propositions permettant aussi une grande mixité sociale: « Pour l’administration française du lycée, c’est une école inclusive. Nous accueillons des élèves avec des profils scolaires divers et les emmène le plus loin possible, généralement jusqu’au bac. » Et sur la mixité sociale: « Toutes catégories sociales sont représentées, avec aussi des élèves et des familles en grandes difficultés économiques qu’on accompagne auprès des services sociaux, ou dans des situations parfois difficiles. »
Un système qui convient très bien au groupe de copines de Marie: « dans les lycées français à l’étranger, comme c’est payant, il y a beaucoup d’enfants de riches. Ici, évidemment, il y en a aussi mais c’est plus mélangé, et c’est mieux, selon moi. » Une ancienne élève rencontrée explique que de son côté, ses parents berlinois avaient choisi de l’y envoyer car les horaires de l’établissement leur permettaient de continuer à travailler tous les deux à plein temps: « en Allemagne, dans les autres écoles, mes amis finissaient les cours à 13h ou 14h. Ce n’était pas possible pour mes parents de me faire garder, alors je suis allée au lycée français. »
Lycée Français, artistique et scientifique
Selon François Cornu, « beaucoup de parents allemands nous choisissent autant pour les sciences que pour le français. » Car l’établissement a de nombreux programmes scientifiques spécifiques qui attirent ces familles… mais aussi culturels. « On a six troupes de théâtre et une salle de 430 places pour présenter des spectacles. C’est très apprécié des élèves et de leurs parents. » Des parents qui ont d’ailleurs largement leur mot à dire dans l’éducation des enfants, avec le rassemblement quatre fois par an d’une assemblée composée de 76 parents d’élèves, pour parler de l’avenir de l’établissement.
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