Destinations au banc d'essai
Entre Sciences Po et l’université libre de Berlin, 40 ans d’échanges
Depuis 1984, les deux universités proposent des double-diplômes en licence ainsi qu’en master pour permettre aux étudiants français et allemands d’étudier les sciences politiques sous toutes leurs formes. Rencontre avec deux alumnis, Romain et Yannis.

Ni Romain, ni Yannis ne vivent aujourd’hui à Berlin ou à Nancy. Et pourtant, ils ne sont pas prêts d’oublier leurs expériences dans ces deux villes, qui proposent via leurs universités Sciences Po et Freie Universität (FU) un double-diplôme des plus singuliers.
Romain Cherrier a 32 ans. Il travaille à Paris dans une start-up, « dans un domaine un peu particulier », dit-il, « celui des algues. » En 2014, il a terminé sa double licence en sciences politiques entre le campus franco-allemand de SciencesPo à Nancy et la FU à Berlin. Et même s’il est franco-français, comme on dit dans le jargon, le jeune homme originaire du Cher reste encore très attaché à l’Allemagne: « cette spécificité m’a toujours permis de me distinguer dans un environnement ultra compétitif, celui des start-ups et du secteur privé. Avoir cette carte franco-allemande là m’a aidé à la fois pour le recrutement, et par la suite, pour évoluer dans ma carrière. »
Un constat partagé par Yannis Umlauf, 26 ans, désormais employé de l’ONU dans le domaine de la protection de l’environnement. Le jeune homme, aujourd’hui basé à Cologne, a grandi entre Bonn et Paris – dans une famille allemande, mais avec des parents très francophiles. Lui a également obtenu le double-diplôme entre Nancy et Berlin, un cursus sur quatre ans. Il a commencé en 2013 avec deux ans sur le campus de Nancy, où les cours sont dispensés en français, allemand et anglais puis a terminé sa licence dans la capitale allemande: « les études à la FU sont, je dirais, un peu plus académiques et axées sur la science politique. »
Un cursus qui évolue
Contrairement à Yannis, Romain, qui est plus âgé, n’a passé qu’un an à Berlin avant d’obtenir son double diplôme. Depuis un peu plus de 10 ans, c’est la procédure en quatre ans qui vaut, avec une période de stage incluse dans le cursus. « C’est bien d’avoir quatre ans et non plus trois, de pouvoir prendre un peu de temps. Il y a aussi un stage obligatoire entre les deux, moi j’ai fait le mien à l’ONU à Bonn » explique Yannis.
Le programme, lancé avant même qu’Erasmus voit le jour, a déjà accueilli plusieurs centaines d’étudiants, et pas que des Allemands et des Français. Au début, la coopération se limitait à un simple échange d’étudiants. En 1991, un cursus intégré franco-allemand a été mis en place. Et depuis 2008, les deux établissements offrent une double licence ainsi qu’un double master en sciences politiques et en affaires internationales. En 2010, l’Office allemand d’échanges universitaires (DAAD) a décerné un prix d’excellence au master.
Sur le fond, Romain comme Yannis ont été très satisfaits par la complémentarité des cours proposés, avec plus de recherche à Berlin qu’à Nancy, où ce sont plutôt les bases de la science politique qui sont évoqués via une approche pluridisciplinaire: « le fait de toucher à tout, économie, histoire, droit, sciences politiques, relations internationales, c’était hyper riche » renchérit Romain. « Et au fil du temps, ça m’a permis de préciser un petit peu ce qui me plaisait le plus », en l’occurrence pour lui, l’économie.
Un double-diplôme subventionné
Pendant leurs deux à quatre années d’études, les étudiants bénéficient d’une bourse de mobilité de la Université franco‑allemande à hauteur de 300 euros par mois. Pour Yannis, cela a représenté un soulagement financier: « A Nancy, les frais de scolarité sont un peu plus élevés qu’à Berlin, cela m’a permis de payer mon loyer. Et à Berlin, c’était un super complément pour pouvoir profiter de la ville » sourit le jeune homme.
Cette expérience, si tôt dans la vie étudiante, permet aussi de vivre dans deux villes très différentes: Nancy, 100.000 habitants, loyers abordables et taille moyenne. Berlin, métropole de près de 5 millions d’habitants, huit fois la taille de Paris, et une histoire si riche. Et Romain de conclure: « vivre à l’étranger, c’est une arme pour mieux faire fonctionner les échanges entre les deux pays. »
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