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Travailler dans le Golfe : quelles opportunités pour les cadres et experts français ?

Après une période d’el dorado et d’afflux massif d’expatriés, la demande de travailleurs étrangers s’est précisée. En provenance des pays occidentaux, ce sont des profils hautement qualifiés et avec une expérience significative si possible à l’étranger, qui sont privilégiés.

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Travailler dans le Golfe : quelles opportunités pour les cadres et experts français ?

Des profils hautement qualifiés

Pour intéresser les entreprises implantées dans les pays du Golfe, il faut pouvoir valoriser une expertise différenciante « Il faut bien comprendre qu’un français coûte cher, il faut donc une plus value à la hauteur. Un diplôme ou un savoir-faire spécifique : manuel ou intellectuel, mais rare » analyse Sandrine Lescaroux, directeur générale de la Chambre de Commerce France Qatar. Les postes moins qualifiés sont occupés par des travailleurs peu coûteux, en provenance majoritairement des pays d’Asie du Sud-Est. Le niveau d’éducation de la jeunesse locale est également de plus en plus élevé, lui permettant d’accéder à des postes auparavant occupés par des expatriés. Les 6 pays ont aussi tous adopté une politique de nationalisation de l’emploi, obligeant l’embauche de salariés locaux pour certains postes, dont la liste est régulièrement actualisée. Des quotas imposent également aux entreprises d’embaucher un pourcentage défini de ressortissants locaux.

Une fiscalité toujours très attractive, mais des exigences

Les régimes fiscaux sont toujours aussi attractifs, puisque l’impôt sur les personnes n’existe pas. Seul Oman envisage de mettre en place une telle taxation pour 2028. Mais il ne concernerait, pour le moment, que les omanais gagnant plus de 42 000 rials par an, soit moins d’1% de la population et donc, toujours pas les expatriés.

Le montant des salaires reste extrêmement attractif : ils sont de 30 à 50% plus élevés qu’en France (variations en fonction du secteur et du pays). Par ailleurs, il est toujours possible pour les aspirants à l’expatriation de négocier des « packages » avec l’entreprise qui souhaite les recruter : logement, assurances, scolarité des enfants, billets d’avion, assurance santé haut de gamme… Cependant, les pays du Golfe ayant gagné en attractivité, ces offres globales se font plus rares et les négociations, plus ardues : « Sur ce sujet, la tendance à la baisse : les entreprises savent que le pays a gagné en attractivité et que les salariés acceptent des conditions moins généreuses », commente Guillaume Rebière, président du CAFS (conseil d’affaires franco-saoudien).

A noter cependant, que si les salaires sont plus élevés, le temps de travail l’est aussi. La semaine de travail dans le Golfe est généralement de 48 heures sur six jours, avec le vendredi chômé pour correspondre au calendrier musulman. Beaucoup d’entreprises internationales fonctionnent du dimanche au jeudi mais en 2021, les Emirats ont créé la surprise en décidant de s’aligner au « week-end universel » (du samedi au dimanche). Les salariés disposent d’au moins trois semaines de congés payés annuels, pouvant aller jusqu’à 1 mois, en plus des jours fériés.

Avant de partir, il faut également avoir conscience que l’environnement professionnel et la culture d’entreprise restent profondément influencés par les traditions locales. On y exige une grande flexibilité, tant dans les horaires que dans la gestion des rendez-vous : un entretien programmé peut être déplacé à la dernière minute… ou se tenir dans la soirée même. Avant toute décision business, on prend le temps de tisser un lien solide : « La relation interpersonnelle est hyper importante : il faut plusieurs rencontres avant d’envisager un partenariat, la confiance est centrale. On déjeune, on dîne, on se revoit. C’est un pays de réseaux et d’intuition » commente Marie de Foucaud, membre de la Saudi Fashion Commission , et dont l’analyse convient aux pays voisins. Une fois la confiance établie, les choses peuvent avancer très vite, voire même se décider en quelques heures seulement.

Les secteurs qui recrutent

Certains domaines sont particulièrement porteurs dans les pays du Golfe, notamment dans le cadre des plans de développement tous azimuts et à marche forcée, lancés de manière individuelle par chacun des états. Vision 2030 en Arabie Saoudite mais aussi Bahreïn Vision 2030, Qatar National Vision 2030… Autant de feuilles de route de modernisation ambitieuses, visant à structurer les économies pour aménager la sortie du tout-pétrole.

Les secteurs qui recrutent :

  • Energie : le secteur reste très gourmand en termes de main-d’œuvre. A la fois dans l’industrie pétrolière et gazière, qui reste dominante, mais aussi dans les énergies renouvelables et la gestion de l’eau, qui sont des sujets cruciaux pour les Pays du Golfe. Le sultanat d’Oman a par exemple pour objectif de parvenir à un bilan Net Zero Carbon d’ici à 2040.
  • Construction : Entre les mégaprojets qui fleurissent un peu partout, les Jeux asiatiques d’hiver en 2029, l’exposition universelle 2030, la coupe du monde de foot 2034… La demande dans ce domaine est très forte. Les profils principalement recherchés sont ceux des ingénieurs civils, des architectes, des urbanistes et des gestionnaires de projets.
  • Tourisme, Hôtellerie : en conséquence, ces domaines sont eux-aussi en pleine expansion. A la fois à travers d’hôtels aux dimensions et à la hauteur toujours plus démesurées, mais aussi autour de projets pour faire rayonner la culture et le patrimoine local. C’est le cas avec Alula, la plus importante oasis d’Arabie saoudite qui s’étend sur plus de 2000 hectares et qui se veut la nouvelle Pétra.
  • Santé : Le recrutement de médecins, d’infirmiers et de gestionnaires d’établissements de santé est très dynamique. Pour répondre aux besoins des expatriés et des vacanciers et offrir une qualité de service au moins aussi « pointue » que dans les pays occidentaux, la montée en gamme du système de santé est une priorité.
  • Nouvelles technologies : Certains pays du Golfe, les Emirats Arabes Unis en tête, suivis récemment par l’Arabie saoudite, se rêvent en future Silicon Valley. Abu Dhabi a même lancé en 2018 une société spécialisée dans l’IA, nommée Group 42, qui embarque avec elle tout un écosystème de start-ups. Les talents dans l’informatique, en intelligence artificielle, en cybersécurité et en gestion des données sont particulièrement prisés.

Femmes expatriées : des conditions en amélioration

La place des femmes expatriées a évolué dans la région. Aux Émirats et au Qatar, tout comme à Bahreïn et à Oman, elles peuvent travailler et entreprendre librement, à condition de respecter certains codes culturels. « Depuis 13 ans que je suis au Qatar, je n’ai jamais eu aucun problème pour faire du business ni travailler avec un homme. Ce qui compte ici, c’est la compétence », insiste Sandrine Lescaroux. Agnès Lopez Cruz confirme : « Aucun frein particulier n’existe pour une femme qui souhaite s’installer ou entreprendre ici. Les expatriées ont toute leur place dans le monde des affaires, à condition de comprendre les usages locaux et de s’y adapter ».

En Arabie saoudite, les progrès sont récents et ont été rapides : les femmes peuvent désormais conduire, créer une entreprise ou voyager sans tuteur.

Marie de Foucaud, consultante pour la Saudi Fashion Commission, témoigne de l’évolution des mœurs : « Il y a 10 ans, avant de sortir de l’avion, je mettais un voile et j’enfilais une abaya. Aujourd’hui, je ne l’emporte même plus, des vêtements longs et couvrants suffisent ».

Cependant, atteindre des postes de direction reste plus complexe. « Pour une femme expatriée, être cheffe d’entreprise est parfois plus simple que de décrocher un poste salarié », observe Guillaume Rebière, président du CAFS  (conseil d’affaires franco-saoudien).

Ce mois-ci, le dossier de Français à l’étranger est consacré aux pays du Golfe. Entre zones franches, réformes ambitieuses et projets comme « Vision 2030 », nous explorons l’attractivité de la région avec analyses, témoignages et conseils pratiques. Des articles à retrouver chaque jour, à l’occasion du GCC France Business Forum, organisé à Dubaï sous l’égide de CCI France International le 23 octobre.

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