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S’installer dans le Golfe : à quoi s’attendre quand on est Français

Les pays du Golfe attirent chaque année des milliers d’expatriés français. Si les motivations sont souvent professionnelles, qu’implique réellement une installation à Dubaï, Doha, Riyad, Koweït City, Manama ou Mascate ? Logement, santé, éducation, vie sociale : le quotidien des expatriés est haut de gamme, mais en contrepartie, le coût de la vie est élevé.

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S’installer dans le Golfe : à quoi s’attendre quand on est Français

Les pays du Golfe, à l’exception de l’Arabie Saoudite pour le moment, sont des pays extrêmement cosmopolites. Aux Émirats arabes unis, près de 90 % de la population est expatriée. Au Qatar, la proportion avoisine 80 %, contre environ 70 % au Koweït, 40 % à Oman et seulement 30 % en Arabie saoudite. Dans ce melting-pot, les Français trouvent rapidement leurs repères, aidés par des réseaux d’expatriés et des associations francophones dynamiques. La vie quotidienne se déroule dans un cadre moderne et sûr : les grandes capitales régionales offrent des infrastructures flambant neuves, des transports efficaces et une qualité de service élevée, dans un environnement où la délinquance est quasi inexistante. « Il faut dans le quotidien avoir cette agilité et ouverture d’esprit pour se faire à ce melting-pot, particulièrement prégnant aux Emirats », explique Mme Lopez Cruz, directrice de la Chambre de commerce française aux Émirats.

Le logement, une poste de dépense important

Le logement constitue souvent la première source de préoccupation pour les expatriés. En Arabie saoudite, le marché est tendu et les loyers progressent de 15 % par an. Beaucoup de maisons sont construites selon les usages locaux, avec peu d’ouvertures vers l’extérieur : « La plupart des logements ne correspondent pas au standard de vie attendu par un expatrié occidental. Mais de nouveaux projets, plus modernes et adaptés, sortent de terre », souligne Guillaume Rebière, président du CAFS (conseil d’affaires franco-saoudien).

Aux Émirats, l’offre est abondante mais là aussi coûteuse, surtout à Dubaï et Abou Dhabi. Mme Lopez Cruz insiste sur la nécessité de négocier un package logement avec son employeur : « Sans allocation logement négociée, la facture peut devenir lourde ». Les autres pays du Golfe offrent des possibilités de logement à un coût légèrement inférieur, dans des infrastructures neuves et sécurisées. Au Qatar, à Oman, au Bahreïn et au Koweït, la majeure partie des expatriés vit dans des quartiers résidentiels situés près des écoles, parfois même au bord de la mer.

A noter qu’autrefois, les expatriés bénéficiaient de packages très complets incluant logement, scolarité, assurance santé et voiture. Aujourd’hui, ces avantages sont moins systématiques. Seuls les profils rares et très qualifiés continuent à profiter de contrats complets, tandis que les autres doivent composer avec un coût de vie élevé.

Une offre de soin alignée aux standard occidentaux

La santé est un poste de dépense à ne pas négliger avant de s’installer : le système n’a rien à voir avec la Sécurité Sociale à la française. Le Golfe dispose d’infrastructures médicales modernes et de praticiens venus du monde entier. Les hôpitaux privés offrent un haut niveau de soins. Mais les coûts peuvent être élevés, nécessitant souvent une assurance privée partiellement prise en charge par l’employeur. Aux Émirats, cette couverture est désormais systématique. Les expatriés apprécient la rapidité d’accès aux spécialistes : « Si j’ai besoin d’un rendez-vous chez un spécialiste, je peux l’avoir pour l’après-midi même, c’est un luxe », raconte Sandrine Lescaroux, installée à Doha.

L’offre de santé permet aujourd’hui aux expatriés de bénéficier de tous les soins dont ils ont besoin : « Il y a encore 10 ans, les expatriés repartaient dans leur pays pour traiter les pathologies lourdes. Aujourd’hui, il y a assez de compétences et d’infrastructures sur place », souligne Mme Lopez Cruz, de la Chambre de commerce française aux Émirats. Le système de soin s’est également développé dans le but de maintenir sur place une population vieillissante : « Les Émirats souhaitent garder ses retraités pour que les enfants reviennent et ainsi, fidéliser les familles », ajoute-t-elle.

À Bahreïn et au Koweït, les soins de qualité sont disponibles, mais là aussi, l’assurance santé est obligatoire. Oman propose des services de santé de base gratuits pour les résidents, mais les expatriés doivent souvent souscrire une assurance privée pour accéder aux soins spécialisés.

Une scolarité de qualité, mais onéreuse

Dans la plupart des pays du Golfe, les frais de scolarité sont extrêmement élevés, souvent entre 6 000 et 10 000 euros par an et par enfant. Les écoles offrent aujourd’hui de solides opportunités académiques et culturelles, malgré la nécessité de s’adapter au cadre réglementaire de chaque pays. Les écoles françaises, ou à défaut francophones, se développent et font le plein.

Aux Émirats, les écoles françaises de Dubaï et Abou Dhabi sont réputées mais victimes de leur succès, avec parfois des listes d’attente. « L’accès à une bonne qualité d’éducation est possible, mais cela à un coût », souligne Mme Lopez Cruz. Toutes les capitales disposent de lycée et d’école françaises : les lycées Bonaparte et franco-qatarien Voltaire à Doha, le Lycée Français International de Ryad, l’École française MLF de Manama, le Lycée Français International de Mascate, le Lycée Français de Koweït… Lorsque l’inscription dans un établissement français n’est pas possible, reste alors la solution des établissements internationaux, britanniques ou américains par exemple, disposant de parcours en français.

Il faut savoir également que l’école commence tôt le matin et se termine entre 13h et 16h30, en fonction des écoles et des niveaux et s’adapte en période de ramadan. Il faut donc prévoir un budget pour les activités extrascolaires ou pour la garde des enfants.

Vie sociale et loisirs, entre modernité et traditions

La vie quotidienne oscille entre modernité et traditions. À Doha, Sandrine Lescaroux raconte : « C’est une vie très agréable, très douce : j’habite à 30m de la mer avec mes 4 enfants. Nous avons vue sur mer et le week-end, c’est sports nautiques ou camping dans le désert ». L’Arabie saoudite, autrefois perçue comme conservatrice, connaît une ouverture culturelle spectaculaire avec cinémas, concerts, festivals et grands projets comme NEOM ou Qiddiya. « Tout le monde connaît l’Arabie saoudite d’hier, mais c’est un pays qui change à une vitesse impressionnante », note Guillaume Rebière. L’Arabie Saoudite mise aussi sur un tourisme culturel haut de gamme, avec le développement d’Alula, une oasis dotée de vestiges archéologiques classés au patrimoine mondial par l’Unesco. Marie de Foucaud, consultante pour la Saudi Fashion Commission, a pu découvrir cet endroit : « Avec ce projet, l’Arabie Saoudite a fait le choix d’un tourisme maîtrisé, axé sur la culture, à contrepied du modèle de Dubaï. C’est vraiment enthousiasmant » confie-t-elle.

Les Émirats, avec Dubaï en tête, restent en effet la capitale mondiale du divertissement. Un nouveau projet va venir renforcer ce postulat : l’ouverture, d’ici 2027, du premier casino du Golfe, dans l’émirat de Ras Al Khaimah. Le Wynn Resorts, en plus du plus grand casino au monde, comprendra aussi un important complexe immobilier.

À Bahreïn, le mélange de modernité et de tradition se ressent dans la vie sociale et culturelle, avec des expositions, musées et festivals. Au Koweït, la vie familiale est privilégiée, et les expatriés se sentent en sécurité tout en s’intégrant facilement. Oman, avec ses paysages naturels spectaculaires et son patrimoine culturel, offre une gamme étendue d’activités sportives et culturelles.

La mobilité, un domaine en constante mutation

Dans les pays du Golfe, les déplacements se font majoritairement en voiture, sur des autoroutes flambant neuves aux dimensions monumentales. Ainsi grâce à la Coupe du Monde, Sandrine Lescaroux de la CCI Qatar a vu Doha se transformer en quelques années : « les infrastructures se sont développées, les autoroutes en 2 fois 4 voies permettent d’aller d’un bout à l’autre de Doha en très peu de temps », illustre-t-elle. Un mode de vie très tourné vers la voiture qui se retrouve dans tous les pays du Golfe, mais qui est en mutation : l’offre de transport en commun se multiplie. Dubaï, RIyad et Doha possèdent déjà leurs métros et celui de Manama est en cours de réalisation. Des lignes de chemin de fer interne aux pays ont aussi été développées, certaines sont terminées, d’autres pas encore. A l’avenir, pour renforcer l’inter connectivité entre les pays et les centres d’affaires, une ligne de train reliera les 6 pays : la Gulf Railway.

Les pays du golfe jouissent également d’une position géographique idéale pour le business, mais aussi pour voyager facilement. L’Asie, l’Afrique et l’Europe ne sont qu’à quelques heures d’avion, accessibles même pour un week-end : Mumbai est à 3h de Dubaï, Riyad à 3h15 d’Addis Abeba et l’on peut rallier Istanbul depuis Doha en 4h20. Les infrastructures aéroportuaires et les compagnies aériennes locales sont connues pour leur qualité irréprochable. Dubaï souhaite capitaliser sur cette localisation centrale, carrefour entre les continents, avec un vaste plan d’élargissement de son aéroport. A terme, Al Maktoum International deviendra le plus vaste du monde, avec un objectif de 260 millions passagers par an.

S’installer dans le Golfe, c’est donc profiter d’un cadre de vie sûr, moderne et cosmopolite, d’infrastructures de qualité et d’opportunités professionnelles attractives, tout en acceptant un coût de vie élevé, des règles juridiques parfois rigides et un climat difficile plusieurs mois de l’année. Les expériences varient selon les pays, mais une constante demeure : la vie quotidienne se transforme à toute vitesse, à l’image d’une région en plein bouleversements.

Ce mois-ci, le dossier de Français à l’étranger est consacré aux pays du Golfe. Entre zones franches, réformes ambitieuses et projets comme « Vision 2030 », nous explorons l’attractivité de la région avec analyses, témoignages et conseils pratiques. Des articles à retrouver chaque jour, à l’occasion du GCC France Business Forum, organisé à Dubaï sous l’égide de CCI France International le 23 octobre.

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