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Les Français du Golfe : une diaspora discrète mais influente

Discrète au regard des projecteurs mais dense sur le terrain, la communauté française du Golfe s’est transformée en une diaspora influente, pesant sur l’économie locale, la culture et le tissu associatif.

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Les Français du Golfe : une diaspora discrète mais influente

Une présence qui s’affirme, partout

C’est aux Émirats arabes unis que l’afflux est le plus visible et le plus massif : la communauté française y a bondi ces dernières années (+25 % en quatre ans selon les autorités consulaires locales) et est aujourd’hui estimée à environ 50 000 personnes. Le Consulat général de France à Dubaï s’est même réorganisé pour répondre à cette présence et renforcer les services de l’état civil. Chaque jour, un mariage y est transcrit et deux petits Français voient le jour. Cet enracinement familial d’une large part des expatriés illustre que ces parcours sont ceux de véritable relocalisation.

L’Arabie saoudite apparaît comme le second pôle de présence française, structuré par de grands projets d’infrastructures et d’énergie. Les inscriptions consulaires officielles tournent autour de 6 000 à 8 000 Français, avec une progression annuelle importante. Riyad, Jeddah, Neom et les nouveaux clusters urbains attirent ingénieurs, bureaux d’études, spécialistes de l’eau, de l’énergie et de la mobilité. Guillaume Rebière, Directeur du Conseil d’Affaires Franco Saoudien (CAFS), rappelle que si « les Saoudiens aiment la France, ce n’est pas ça qui les fait signer un contrat. Ce qui compte, c’est la performance et le prix ».

Le Qatar, qui a vu la vie communautaire se densifier autour d’événements comme la Coupe du Monde, compte lui aussi plusieurs milliers de Français : environ 5 400 inscrits. Sandrine Lescaroux, résidente de longue date et directrice générale de la CCI France Qatar, insiste sur la vitalité associative : Doha Accueil, les Alliances et l’UFE organisent la vie sociale, et la relation franco-qatarie reste très soutenue, tant pour la culture que pour les secteurs technologiques et industriels.

Au Koweït, Oman et Bahreïn, la présence française est plus réduite mais stratégique. Le Koweït rassemble près de 800 inscrits, avec des groupes comme Accor, Veolia, Schneider, Thalès qui y opèrent dans des secteurs-clés. Oman, avec environ 639 Français, est un terrain d’action pour l’eau, l’environnement, la logistique portuaire et les énergies renouvelables. Des entreprises françaises historiques (TotalEnergies, Veolia, Air Liquide) y détiennent des positions importantes. Bahreïn, compte un peu plus d’un millier d’habitants français et concentre une trentaine d’implantations françaises dans la finance, l’ingénierie et l’hôtellerie : c’est un hub financier régional très utile pour rayonner.

Profils variés, valeur ajoutée commune

Partout, le constat est le même : la présence française croît plutôt qu’elle ne décline. Nos ressortissants tentent l’aventure du Golfe pour des opportunités diverses, contrats, créations d’affaires, projets de carrière et, souvent, y restent. A l’image de Julie Barbier-Leblan, entrepreneure d’abord à Dubaï, puis aujourd’hui à Riyad : « Avec le père de mes enfants, nous avions décidé de tenter l’expatriation 2-3 ans, pour essayer un autre mode de vie… C’était il y a 15 ans ». L’écosystème français du Golfe est très vivant. Les flux varient : certains pays attirent plus (EAU, Arabie saoudite). D’autres se spécialisent : le Qatar dans la tech et le sport, Oman dans la logistique et l’énergie, Bahreïn dans la finance. Les départs sont limités, la tendance générale est à la stabilité ou à la croissance. Mais la compétitivité mondiale pèse : la concurrence chinoise, indienne et américaine est forte, obligeant les entreprises françaises à soigner leurs offres et leur proposition de valeur.

Ce qui caractérise ces Français présents dans le Golfe, ce n’est pas un profil unique mais une palette de cadres de grands groupes, d’ingénieurs, de consultants, d’entrepreneurs, de freelances spécialisés, d’enseignants, de personnels culturels et consulaires. Tous partagent cependant une constante : une expertise et une « plus-value » que les marchés locaux recherchent.

Les témoignages convergent : Agnès Lopez Cruz, directrice de la CCI France EAU, décrit aux Émirats une communauté « très dynamique, très solidaire, diverse en typologie d’entreprises : freelances, ETI, grands groupes… Ce qui en fait un acteur à part entière du tissu économique local ». Au Qatar, Sandrine Lescaroux souligne que l’esprit d’entraide insufflé par les premiers français venus s’installer est toujours aussi actif.

Réseaux, associations et consulat : l’armature du quotidien

Les structures associatives françaises (UFE, clubs locaux, Alliances françaises, lycées, réseaux professionnels…) constituent la colonne vertébrale de la communauté. À Dubaï, les « French Tuesday » mensuels et autres événements marquants de la culture française rassemblent des centaines de participants (arbre de Noël, galette des rois…). Les différents émirats comptent même des associations régionales : les auvergnats, les bretons, etc. A Doha, la mobilisation autour d’événements internationaux a renforcé la visibilité des Français.

Les consulats et ambassades soutiennent ces dynamiques : outre l’état-civil et la sécurité, ils jouent un rôle d’accompagnateur pour l’implantation des personnes. Les entités comme les CCi et Business France œuvrent pour la bonne implantation des entreprises et la mise en réseau. Paul Darmas, entrepreneur à Dubaï, ne tarit pas d’éloge : « La CCi organise plus de 140 événements par an : c’est grâce à ce réseau que j’ai pu signer mes premiers clients et lancer une activité qui compte, 3 ans plus tard, une trentaine de salariés ».

La présence d’établissements scolaires français (lycées, écoles homologuées) et d’institutions académiques (Sorbonne Abu Dhabi, partenariats universitaires à Oman et ailleurs) facilite la vie des familles et constitue un point d’ancrage décisif pour les installations de longue durée.

Ce mois-ci, le dossier de Français à l’étranger est consacré aux pays du Golfe. Entre zones franches, réformes ambitieuses et projets comme « Vision 2030 », nous explorons l’attractivité de la région avec analyses, témoignages et conseils pratiques. Des articles à retrouver chaque jour, à l’occasion du GCC France Business Forum, organisé à Dubaï sous l’égide de CCI France International le 23 octobre.

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