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Statuts, visas et régularisation : ce qui a changé

Si le système de parrainage par un employeur, dit kafala, reste la règle dans la majorité des États de la région, les autorités cherchent aussi à attirer les investisseurs, les talents et les indépendants en introduisant de nouveaux dispositifs. Mais la réalité du terrain reste souvent marquée par des démarches administratives lourdes et un lien étroit avec l’employeur local.

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Statuts, visas et régularisation : ce qui a changé

Le système du kafala, toujours central

Au Qatar, au Koweït, à Oman et à Bahreïn, l’obtention d’un visa de travail passe quasi obligatoirement par le sponsoring d’une entreprise locale. Certains tentent cependant l’aventure avec un visa touriste, dans l’optique d’utiliser le temps imparti pour décrocher une embauche. Sandrine Lescaroux, directrice de la CCI France Qatar, alerte : « L’expatriation se prépare depuis la France : il faut avoir identifié les grands recruteurs et déjà entamé des discussions ». Agnès Lopez Cruz, de la CCI Emirats arabes unis confirme : « On ne débarque pas avec un visa touriste en espérant trouver du travail sur place, beaucoup s’y sont déjà cassé les dents ». Une entrée avec un visa touriste reste envisageable, mais seulement pour concrétiser une négociation déjà amorcée ou éventuellement, pour lancer sa propre société après avoir testé le marché. Dans tous les cas, disposer d’un solide réseau local est crucial.

En pratique, le visa sponsorisé demeure la voie la plus sûre et la plus confortable. Une fois le précieux contrat décroché, la société prend alors en charge les démarches, de la demande de visa à l’obtention du permis de résidence. Cette dépendance à l’employeur reste forte : à Oman, par exemple, changer d’entreprise nécessite une « lettre de libération » de l’ancien sponsor. Et au Koweït, la régularisation passe par la carte de séjour (civil ID), étroitement liée à l’employeur.

Nouveaux statuts propulsés par les Emirats

Les Émirats arabes unis apparaissent comme le pays le plus en pointe dans la diversification des statuts. Ils ont été les premiers pays du Golfe à introduire un programme de Golden Visa, en 2019, dans le but d’attirer des investisseurs, des entrepreneurs et des talents spécialisés. Ce dispositif offre une résidence à long terme sans nécessiter de sponsor local. Depuis, d’autres pays de la région, tels que l’Arabie saoudite, le Bahreïn, le Qatar et Oman, ont suivi cette tendance en introduisant leurs propres programmes de résidence par investissement.

Les Emirats se distinguent avec trois dispositifs (dont se sont inspirés tous les autres pays, à l’exception du Koweït) :

  • Le Golden Visa : valable 10 ans, il permet de travailler et résider sans dépendre d’un sponsor, et s’adresse aux investisseurs, entrepreneurs, médecins, ingénieurs ou talents culturels et sportifs.
  • Le Green Visa : d’une durée de 5 ans, il cible freelances qualifiés, travailleurs spécialisés et investisseurs. Là encore, pas besoin de sponsor local.
  • Le Freelance Visa : accessible via certaines free zones, comme GoFreelance à Dubaï, il permet d’exercer en indépendant, à condition de s’enregistrer dans une structure officielle.

L’Arabie saoudite en transition

Le royaume saoudien, longtemps perçu comme le plus rigide de la région, amorce des évolutions. Depuis juillet 2025, les permis de travail sont attribués selon un nouveau système de classification en trois catégories : « hautement qualifié, qualifié, basique ». L’objectif est de mieux réguler le marché de l’emploi en fonction du niveau de compétences et de salaire.

Le visa de travail reste sponsorisé par l’employeur et converti en iqama (permis de résidence). Des options existent toutefois pour les entrepreneurs avec un visa investisseur ou Premium Residency, souvent surnommée « Green Card », destinée à certains profils fortunés ou stratégiques. Le premier est directement lié à la création ou à la prise de participation dans une entreprise locale. La « Green Card », introduite en 2019 et calquée sur le modèle des Golden visas emiratis, va plus loin. Elle offre une résidence sans sponsor local et avec la possibilité de devenir propriétaire dans certaines zones.

À partir de 2026, une loi autorisera aussi les étrangers à acheter un bien immobilier dans certaines zones du pays, comme Riyad ou Djeddah. Une mesure symbolique d’ouverture inédite dans la région, même si La Mecque et Médine restent exclues.

Entre contraintes et opportunités

Chaque pays conserve donc ses spécificités et ses restrictions, au delà des visas spéciaux pour entrepreneurs ou investisseurs.

Au Qatar, à Bahreïn et en Oman, la règle reste stricte : pour séjourner longtemps, un visa de travail est obligatoire et pour l’obtenir, un sponsor est nécessaire.

Par ailleurs, certaines professions (médecins, enseignants, journalistes) nécessitent des autorisations spécifiques et en cas de changement d’employeur, une lettre de libération officielle est obligatoire.

Au Koweït, il n’existe pas d’autres dispositifs que le visa de travail. L’expatrié doit obtenir, grâce à son employeur, une « civil ID », carte de séjour indispensable. Certaines limites demeurent strictes : « Seul le mariage hétérosexuel est reconnu par l’État koweïtien. Un conjoint pacsé, en concubinage ou de même sexe ne pourra pas obtenir de visa de résidence de longue durée », rappelle David Abdelkader-Corrihons, conseiller à l’ambassade de France au Koweït.
En résumé, si le kafala reste au cœur du système migratoire dans le Golfe, les États multiplient les dispositifs parallèles pour séduire les expatriés français et internationaux. Le Golfe se redessine en une mosaïque de régimes où la préparation et l’anticipation deviennent plus stratégiques que jamais. Le choix du pays dépend désormais de l’opportunité professionnelle, mais aussi du type de statut recherché : sécurisant mais contraignant via un employeur, ou plus souple mais exigeant via les nouveaux visas longue durée.

Ce mois-ci, le dossier de Français à l’étranger est consacré aux pays du Golfe. Entre zones franches, réformes ambitieuses et projets comme « Vision 2030 », nous explorons l’attractivité de la région avec analyses, témoignages et conseils pratiques. Des articles à retrouver chaque jour, à l’occasion du GCC France Business Forum, organisé à Dubaï sous l’égide de CCI France International le 23 octobre.

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