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Hong Kong : “J’ai une interdiction formelle d’aller manifester”

Une Française qui réside à Hong Kong depuis 2016 explique son engagement auprès des manifestations pro-démocratie.

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Comment avez-vous rejoint le mouvement pro-démocratie ? 

“Anne” (qui souhaite rester anonyme pour des raisons de sécurité) : Je n’ai pas participé aux deux premières manifestations de l’an dernier. Au début je pensais en effet que les résidents non-permanents ne pouvaient pas manifester. Mais j’ai ensuite découvert que je pouvais assister aux manifestations. Mes amis m’ont demandé de se joindre à eux et c’est comme ça que j’ai commencé à participer. Je pense que leur combat est assez légitime. On n’est jamais assez nombreux pour ce genre de cause.

Quel est la situation actuellement pour les manifestants à Hong Kong ?

A : Avec le Covid-19 qui court dans les rues et les nombreuses violences policières, les mouvements sont aujourd’hui beaucoup moins importants. Il faut aujourd’hui beaucoup de courage pour manifester. Par ailleurs, nous risquons des amendes en cas de rassemblements de plus de huit personnes. Il faut donc avoir assez d’argent pour pouvoir se permettre de prendre une telle amende de 5 000 dollars hongkongais (environ 574€). Dorénavant, les activistes se retrouvent de plus en plus sur internet.

Quels risques prenez-vous en manifestant ? 

A : Pour ma part, en tant qu’Européenne, je suis plutôt en sécurité. À moins d’aller en première ligne et de faire preuve de violence envers la police, je ne risque pas grand-chose. Pour mes amis hongkongais, qui sont en contact direct avec les forces de l’ordre, c’est beaucoup plus violent. D’autant plus que les sanctions se durcissent actuellement, avec des peines de quatre ans de prison en moyenne, voir plus.

Mais si je décidais de les rejoindre en première ligne, je courais alors les mêmes risques et je pourrais perdre mon visa, donc je ne prends pas trop ce genre de risques ! C’est ma plus grande crainte quand je pars manifester. En général je fais attention de ne pas dépasser les limites, je reste là, mais je ne fais pas de barricades et je reste pacifique.

Quelle est l’implication de la communauté française dans le mouvement ? 

A : Mes amis français à Hong Kong considèrent qu’il ne s’agit pas de leur combat et ne comprennent pas mon engagement. Beaucoup sont ici pour les affaires et s’amuser, du coup les manifestations les empêchent surtout de sortir comme ils le souhaitent. Par ailleurs, la plupart d’entre eux habitent dans les quartiers familiaux au sud de Hong Kong où il n’y a pas beaucoup de manifestations.

Quant au travail, mes collègues savent que je suis pro-démocratie, mais ne connaissent pas l’ampleur de mon engagement. J’ai cependant eu des directives de ma direction, de ne pas me rendre aux manifestations, j’ai une interdiction formelle d’aller manifester.

L’entreprise française dans laquelle vous êtes engagée vous interdit donc de vous rendre aux manifestations ? 

A : Oui, ma hiérarchie en tout cas. La raison est que le marché chinois est très grand et important, surtout pour le groupe où je travaille. D’ailleurs, c’est assez récent que les marchés hongkongais et chinois ne soient plus séparés. Pour mon entreprise, Hong Kong, c’est la Chine maintenant.

Connaissez-vous des Français pro-Pékin ? 

A : Oui, une de mes amies est très pro-Chine, alors ça donne de sacrées discussions. Elle a fait toute sa carrière en Chine et a déménagé à Hong Kong avec son mari. Pour elle, en Chine, si on respecte la loi, on n’a pas de problèmes.

 

> En savoir sur le projet de loi de sécurité

Les dernières manifestations à Hong Kong dénoncent le projet de loi de sécurité nationale en cours de préparation par le gouvernement chinois. Cette loi vise à renforcer le pouvoir de Pékin dans la région. Le 13 juin, la Chine a dévoilé quelques détails du projet. La loi condamne notamment « toute conduite qui met sérieusement en danger la sécurité nationale, telle que le séparatisme, la subversion du pouvoir d’Etat, ou l’organisation ou l’exécution d’activités terroristes aussi bien que des activités des forces étrangères et menées de l’étranger qui interfèrent dans les affaires de Hongkong ». Elle prévoit également l’installation d’un service de renseignement sous l’autorité directe de Pékin. Les opposants à cette loi craignent qu’elle ne soit utilisée contre les journalistes et les détracteurs de Pékin.

La réaction internationale

À travers un communiqué commun publié le 17 juin, les pays du G7 ont demandé à Pékin de réexaminer son projet de loi. Selon eux, “le projet de loi sur la sécurité nationale risquerait de compromettre gravement le principe « un pays, deux systèmes » et le degré élevé d’autonomie dont jouit le territoire. Il mettrait en danger le système qui a permis à Hong Kong de prospérer et d’être une réussite depuis de nombreuses années”. En parallèle, le Parlement européen avait adopté la veille une résolution demandant à l’Union européenne (UE) de traduire la Chine devant la Cour internationale de Justice de La Haye et à envisager des sanctions économiques si Pékin imposait à Hong Kong une nouvelle loi de sécurité.

 

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