Portrait de la semaine
Français du monde. Brexit : un effet d’aubaine pour les Pays-Bas
Quelques jours après la signature de l’accord de divorce entre le Royaume Uni et l’Union européenne, les autorités néerlandaises continuent d’attirer les entreprises étrangères quittant la Grande-Bretagne, comme en témoigne la directrice de la Chambre de commerce France Pays-Bas.
140 en 2019, encore quelques dizaines l’an dernier. Avec le Brexit, de nombreuses entreprises ont choisi d’installer leur siège aux Pays-Bas. Car le gouvernement fait tout pour attirer les investisseurs étrangers : le taux d’imposition néerlandais sur les entreprises est l’un des plus bas de l’Union européenne.
Le pays compte 1 400 entreprises françaises, des PME, mais aussi des filiales de grands groupes comme Renault ou Total. “Ce n’est peut-être pas le premier pays auquel pensent les Français, témoigne Sylvie Craenen, la directrice de la Chambre de commerce France Pays-Bas, mais une fois qu’ils y ont goûté, ils se rendent compte que c’est un pays très intéressant, orienté vers l’international où on ne favorise pas les produits néerlandais par exemple.” A l’heure où l’anglais pourrait bien quitter la liste des langues officielles parlées dans l’Union européenne, aux Pays-Bas, il est toujours pratiqué : “Tout le monde parle anglais en fait et donc on peut très bien faire ses affaires et réussir sans parler le néerlandais. En général, c’est très difficile de maîtriser cette langue. Disons que ça facilite les choses.”
Export et centres d’appels
Sans surprise, les secteurs les plus porteurs ici sont les biotechs, informatique, chimie, construction et santé bien-être. On forme et on recrute aussi dans la recherche médicale et le développement durable. Aux Pays-Bas, le rapport au travail est moins rigide qu’en France et les profils francophones sont très recherchés : “Beaucoup d’entreprises sont à la recherche de francophones. Avec l’allemand, le français est la langue la plus demandée aux Pays-Bas, le département qui s’occupe de la vente ou de l’export, mais aussi du contact clientèle, il y a pas mal de centres d’appels centralisés ici, ou même des centres financiers ou la langue française est demandée, donc dans n’importe quel secteur en fait.” Amsterdam attire une main-d’œuvre du monde entier. Chez le géant de la réservation de voyages sur Internet, les collaborateurs sont de plus de 100 nationalités différentes ! Créer son entreprise n’est pas très compliqué. Avec un euro de capital, au moins un actionnaire et un bureau local, on peut ouvrir sa société en un clin d’œil.
Économie au ralenti
Et si les Pays-Bas passent souvent pour un paradis fiscal, la réalité est différente assure Sylvie Craenen. “Il y a les avantages mais on n’est vraiment pas le paradis fiscal dont on parle de temps en temps, et surtout avec les changements qui vont venir, je pense qu’il y a d’autres aspects qui font que les entreprises internationales et aussi les françaises viennent aux Pays-Bas en fait.”
Avec le port de Rotterdam, le premier en Europe, ou l’aéroport de Schipol, les Pays-Bas occupent une position stratégique. Champions du commerce transfrontalier, ils représentent une porte d’entrée sur tous les marchés voisins. Mais ici comme ailleurs, la pandémie a mis l’économie au ralenti. Le taux de chômage au mois de novembre était de 4% et la chute de la croissance a atteint 2,9% lors des trois premiers trimestres, par rapport 2019. Les Pays-Bas sont confinés jusqu’au 19 janvier. Plusieurs cas du nouveau variant du virus ont été détectés et les autorités exigent désormais un test PCR négatif pour toute personne arrivant par train, bus, bateau ou avion.
Lui écrire : s.craenen@cfci.nl
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