Actualités internationales
Robert Bougrain, le Français qui restaure les œuvres du roi de Thaïlande
Littérature, danse, peinture, théâtre… Il n’y a pas que dans l’Hexagone que l’inspiration fuse ! Aux quatre coins du monde, des Français s’épanouissent dans leur art et permettent à la France de rayonner à l’étranger grâce à leurs œuvres. En partenariat avec l’Institut français, découvrez chaque mois sur notre site le portrait de l’un de ces artistes. Ce mois-ci, nous allons à la rencontre de Robert Bougrain, fondateur de l’organisation Restaurateurs Sans Frontières Asie (RSF).
En 2002, Robert Bougrain pose ses bagages en Thaïlande où le Conseil du roi (corps de conseillers nommés par le monarque) l’a appelé afin de rénover les œuvres du Palais royal de Bangkok. « C’était il y a 22 ans. J’étais venu pour un contrat de six mois et je suis toujours là ! ». Pourtant, la restauration d’œuvres, ça n’a pas toujours été sa spécialité. Ses études lui promettaient une grande carrière commerciale, mais tout bascule lorsqu’à 26 ans, au cours de vacances, il fait la rencontre inopinée de Michel Lefebvre. Ce grand maître restaurateur belge lui communique immédiatement sa passion, à l’époque peu connue du grand public. « Il m’a expliqué son métier, je lui ai demandé de me l’apprendre et du jour au lendemain j’ai abandonné ma vie d’avant. »
Après l’avoir formé, le professionnel le dirige vers le prestigieux Institut royal du patrimoine artistique à Bruxelles (IRPA), qui propose à l’époque l’une des deux seules formations en restauration d’Europe -l’autre étant dispensée en Italie – pour obtenir son diplôme. Robert Bougrain se dirige ensuite vers l’enseignement, donne des cours à l’Institut français de restauration (IFROA) et crée la section restauration de l’École des beaux-arts d’Avignon (rebaptisée depuis École supérieure d’art d’Avignon), une formation qu’il va diriger durant 25 ans.
Des Beaux-Arts d’Avignon au Palais royal de Bangkok
À l’aube des années 80, alors qu’il accompagne son épouse, médecin anesthésiste, en mission pour Médecins sans frontières dans les camps de réfugiés à la frontière thaïlando-cambodgienne, il tombe sous le charme du « pays du sourire ». Impressionné par le savoir-faire local, il fonde à son retour en France l’association Restaurateurs sans frontières Asie (RSF) dont le but est de préserver les patrimoines en développant les techniques utilisées sur les différents territoires.
Avec des étudiants de l’École des Beaux-Arts d’Avignon, il participe alors à des chantiers à travers le monde entier : « nous avons entre autres restauré des sites pharaoniques en Égypte, l’Institut d’Égypte créé par Bonaparte au Caire lors d’une expédition, une synagogue de La Havane, une église orthodoxe au Mont Athos en Grèce, mais aussi un temple en Thaïlande ». Ce dernier chantier se déroule tellement bien que les Thaïlandais font appel à lui pour un rapport d’expertise sur les peintures du palais Chitralada, résidence du roi, qui se détériorent. Satisfait du résultat, le Conseil privé du monarque lui confie deux tableaux à restaurer, puis toutes les peintures du palais. Le Français, qui « en avait marre du côté institutionnel de la France » quitte alors définitivement l’Hexagone en 2002.
« Les Thaïlandais m’ont accepté comme l’un des leurs »
Après avoir démissionné de son poste de fonctionnaire, Robert Bougrain emporte RSF Asie -désormais société et non plus association- avec lui et établit son atelier au sein même du Palais royal de Bangkok dont il se voit confier la totalité de la restauration. Il est ensuite chargé d’une villa que le roi a légué à son fils, le prince héritier, et dont les six mille mètres de peintures murales sont à restaurer. Six ans plus tard, il s’installe dans les locaux de la Jim Thompson House (musée créé par l’homme d’affaires et aventurier américain en 1959) et, en échange, est chargé entre autres de la restauration des collections de la fondation. « Je n’arrête pas une minute », s’esclaffe-t-il, ravi de s’être fait une place au sein de ce « pays magique » : « Les Thaïlandais forment un peuple très méfiant, c’est dur de se faire accepter en tant qu’étranger ici. Mais aujourd’hui je fais partie de la famille, ils m’ont admis comme l’un des leurs et me le montrent par le nombre ahurissant de chantiers qu’ils me confient. »
À 76 ans, Robert Bougrain ne souhaite pas s’arrêter là. Aujourd’hui, ce qui lui tient à cœur, c’est de transmettre. Il est donc à la recherche de mécénats pour l’aider à financer la création d’une école de restauration à Bangkok : « Il n’existe pas, pour l’heure, de formation en Asie du Sud-Est. Cette zone est pourtant riche en patrimoines. J’espère la mettre sur pied tant que je suis en vie !” »
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Acteur essentiel de la politique culturelle extérieure de la France, l’Institut français est placé sous la double tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et du ministère de la Culture. Il assure deux missions fondamentales :
- promouvoir la culture et la langue françaises dans le monde;
- oeuvrer à la diversité culturelle dans le monde ;
Pour cela, il travaille très étroitement avec le réseau culturel français à l’étranger dont il vise notamment à amplifier l’action.
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