L’inclusion au coeur du projet du jeune lycée international français de Taïwan

Situé au pied de la montagne du Tigre à Taipei, le lycée international français de Taipei (Lift) accueille des élèves du CP à la sixième depuis la rentrée d’août 2022. Cinq salles de classes et un réfectoire lui sont dédiés au dernier étage du Li Gong Junior High School, lycée bilingue taïwanais. « Nous avons travaillé avec le Bureau de l’éducation taiwanais, qui a repéré des établissements qui pouvaient nous accueillir », explique le directeur du Lift depuis 2023, Anthony Belin. En ce 8 mars 2024, c’est jour de débats pour les 85 élèves du lycée français. « Nous organisons des événements pour la journée du droit des femmes. Cela nous tient à cœur de véhiculer des valeurs, et de stimuler la discussion entre élèves, et dans trois langues différentes : français, anglais et mandarin. »

L’histoire du Lift a débuté comme celle de beaucoup de lycées français à l’étranger. « Des parents qui avaient scolarisé leurs enfants à la Taipei European School ont monté ce projet d’école française afin de proposer une nouvelle offre d’enseignement en français », raconte Anthony Belin. La même année, l’établissement était homologué par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). « Nous sommes enregistré en tant qu’école expérimentale à Taïwan, précise le directeur. Cela nous permet d’accueillir des élèves taïwanais, comme des élèves étrangers. » Pour l’heure, la majorité des élèves sont des binationaux franco-taïwanais : « Ils représentent environ trois quarts de nos effectifs », précise le chef d’établissement.

Plurilinguisme et inclusivité

Toutefois, le système éducatif du Lift attire aussi des familles taïwanaises, séduite par l’accompagnement proposé par l’établissement : environnement plurilingue, programme français mais aussi inclusion des élèves à besoins éducatifs particuliers. « Je reçois souvent des familles qui s’intéressent à notre système d’accompagnement pour leurs enfants atteints d’autisme, de troubles de l’attention etc. Ils représentent environ 10% de nos élèves. C’est l’une des missions que nous nous sommes donnés, celle d’accueillir tout le monde ».

L’adaptation des douze professeurs à ces enjeux d’inclusion repose pour l’instant majoritairement sur de « l’autoformation » et des « réflexions collectives » selon Nezli Hafiz-Khodja, enseignante en CE1. Elle fait partie des 50% de professeurs internationaux, le reste des effectifs étant recruté localement. Le corps enseignant organise des réunions hebdomadaires le mercredi après-midi, au cours desquelles il réfléchit aux moyens d’améliorer le système éducatif. « L’un des grands enjeux, est la valorisation du trilinguisme » précise le directeur. Le Lift propose actuellement deux parcours distincts : un programme français et anglais, et un programme français et mandarin, même si tous les élèves ont des cours dans les trois langues, ainsi que des sessions d’études comparatives des langues. Au-delà de ces cours de langues renforcés, les élèves sont tous mélangés dans les classes, à l’exception de la section « néo-francophone ». « C’est une classe ‘passerelle’ pour les élèves qui ne parlaient pas français en arrivant. À partir de l’année prochaine, ils seront mélangés aux autres élèves mais nous avons pensé qu’il serait plus rassurant pour eux d’apprendre les bases avant de suivre les mêmes enseignements que les élèves déjà francophones. »

Un développement « étape par étape »

Actuellement, seule la section élémentaire – de la classe de CP à la classe de CM2 – du Lift est homologuée par l’AEFE. « Nous ouvrons progressivement le collège : nous en sommes à la sixième actuellement et l’ouverture de la cinquième est prévue pour la rentrée 2024/2025, détaille le chef d’établissement. Nous avons préféré fonctionner étape par étape, car c’est une stratégie plus sécurisante financièrement. » Le directeur précise toutefois qu’ils envisagent de faire leur demande d’homologation à l’ouverture de la classe de quatrième. « Le collège n’étant pas encore homologué, les familles n’ont pas accès aux bourses scolaires. En attendant, nous réfléchissons à un système de fond de solidarité qui permettrait d’aider les familles en difficulté. »

Les frais de scolarité s’élèvent à 380 000 NTD – soit environ 10 000 euros – par an, hors la cantine et activités extrascolaires. À titre de comparaison, la Taipei European School facture le double, tout comme d’autres établissements bilingues privés comme la Taipei American School. Cela constitue également un point d’entrée pour les parents à la recherche de formations bilingues pour leurs enfants. Au-delà des frais de scolarité, qui couvrent les dépenses de l’école, le Lift reçoit des dons ponctuels de la part d’entreprises ou d’individus. « Ces dons nous servent pour tous nos projets d’investissements » précise le directeur. Le prochain projet à court terme : installer la partie collège du Lift dans un autre établissement, plus spacieux et mieux équipé.