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Destinations au banc d'essai

Alexandre Holroyd : la Scandinavie, un « modèle gagnant »

Conjoncture économique, modèle social, transition écologique, dossiers brûlants… le député sortant Alexandre Holroyd, candidat en 2022 pour la majorité présidentielle, pose son regard sur le modèle scandinave.

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Hoyrold

Élu en 2017 député pour l’Europe du Nord, Alexandre Holroyd a eu la lourde tâche de gérer l’après-Brexit, le Royaume-Uni faisant partie de sa circonscription avec neuf autres pays.  Mais les pays scandinaves ont également bien occupé son planning, tout au long de son mandat. Au Danemark, ce Franco-Britannique né en Suisse a mené les discussions pour la révision d’une convention fiscale bilatérale. À Oslo, son énergie a été mise au profit du lycée français. Plus récemment, la crise sanitaire, qui a indéniablement marqué ces cinq dernières années, a laissé place à d’autres défis, géopolitiques ceux-là. La demande d’adhésion de la Suède à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan), le 18 mai dernier, a en effet ravivé les tensions de ce côté de l’Europe.

Mais au-delà des défis actuels, la Scandinavie est aussi une région qui attire chaque année de nombreux Français, désireux de goûter à son fameux modèle économique et social. Tour d’horizon de ses atouts, mais aussi de ce qu’il faut savoir avant de partir, avec Alexandre Holroyd.

 

Français à l’étranger (F.A.E) : Après deux ans de pandémie, quel regard portez-vous sur la conjoncture économique scandinave ?

Alexandre Holroyd (A.H.) : Les défis auxquels est confrontée aujourd’hui la zone sont les mêmes qu’ailleurs en Europe. L’inflation y est grandissante et la situation géopolitique actuelle fait peser de gros risques à l’exportation. Mais il y a une réalité qui précède la pandémie, c’est que ces pays fonctionnent bien dans leur ensemble. Depuis les réformes structurelles lancées dans les années 1980 et 1990 – notamment en Suède – avec la modification du système de retraites, l’économie y est prospère. Cette politique a également permis l’épanouissement de l’entrepreneuriat. L’ouverture de ces pays vers le monde, l’intérêt particulier des Scandinaves pour l’innovation et la flexibilité du marché du travail sont autant d’atouts qui ont permis à la région d’encaisser le choc du Covid-19.

Le dialogue social extrêmement dense qui existe en Scandinavie a par ailleurs permis à ses économies de s’adapter au mieux au contexte. Ce modèle, qui repose sur le dialogue, sur la négociation entre employeurs et employés, a montré une fois de plus qu’il était gagnant en toutes circonstances.

F.A.E : Quels sont les dossiers qui vous préoccupent actuellement ?

A.H. : Aujourd’hui, je suis davantage concentré sur la situation géopolitique de la région plutôt que sur la crise sanitaire, qui tend à se dissiper. Le 18 mai, la Finlande et la Suède ont soumis leurs demandes d’adhésion à l’Otan. C’est un changement de position très fort, motivé bien sûr par l’offensive russe en Ukraine. Il me paraît essentiel que les démocraties de l’UE soutiennent ces candidatures. Cette guerre sur le terrain européen aura aussi des répercussions économiques sur les marchés scandinaves, auxquels il faudra porter attention. La montée des biens agricoles, conséquents de l’arrêt des exportations russes et ukrainiennes, impactera directement les habitants de la région, expatriés français y compris.

F.A.E : Hormis sa résistance économique, quelle autre caractéristique propre à la Scandinavie lui permet d’incarner un modèle européen de résilience post-pandémie ?

A.H. : Ces pays se sont engagés dans la transition écologique beaucoup plus tôt que les autres en investissant dans l’énergie hydroélectrique, par exemple. Le Danemark, lui, est aujourd’hui un modèle de l’éolien. La Norvège, il y a plusieurs années déjà, a révolutionné son parc automobile. Désormais, le pays possède le ratio de voitures électriques le plus important du monde. Dans ces pays où il fait froid, l’isolation des constructions, pour endiguer la perte de chaleur, est aussi un impératif. C’est une question climatique, certes, mais aussi pratique. La Scandinavie est très en avance sur ce sujet par rapport au reste de l’Europe. Beaucoup de start-up installées dans la zone se lancent dans ce secteur, et plus généralement dans l’économie verte.

F.A.E : Le modèle scandinave de transition écologique vous a-t-il inspiré pour la rédaction du rapport sur la finance verte que vous avez rendu aux ministres de l’Écologie et de l’Économie en juillet 2020 ?

A.H. : À l’époque, j’avais assisté à beaucoup d’auditions sur le sujet à New-York, à Londres…, mais aussi, et surtout au Danemark et en Suède, des pays moteurs en la matière. Leurs gouvernements ont réorienté leurs investissements dans la finance verte. C’est d’ailleurs un secteur riche en opportunités professionnelles pour les expatriés français. Nos pays se sont vraiment rapprochés ces dernières années. Les visites du Président Emmanuel Macron en Suède et au Danemark lors de son dernier quinquennat prouvent leur intérêt respectif.

F.A.E : Dans quels autres secteurs d’activité les Français sont-il susceptibles de trouver du travail ?

A.H. : Il y a du choix ! Le domaine médico-social, l’innovation technologique, le numérique en général, ou encore l’industrie sont pourvoyeurs d’emplois. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas préparer son expatriation, savoir ce que l’on va faire en arrivant. Certains jeunes Français arrivent en Scandinavie sans projet professionnel. C’est une très mauvaise idée. Malgré les nombreuses opportunités qu’offrent ces pays, il y a une complexité administrative à décoder. Il y a des processus à respecter. Parler la langue du pays est par ailleurs vivement recommandé, il ne faut pas se contenter de l’anglais qui, certes, est parlé très facilement ici, mais qui ne vous permettra pas de vous intégrer complètement.

F.A.E : Quels sont les profils des Français qui viennent vivre en Scandinavie ?

A.H. : Il y a de nombreux binationaux mais aussi désormais beaucoup de familles. Ils sont attirés par les opportunités économiques qu’offre la région, mais aussi par la qualité de vie qui règne ici. Ce sont des pays où il fait bon vivre. Les villes scandinaves sont toujours les mieux classées du monde sur ce plan. Le modèle social, qui prône par exemple la parité et l’égalité dans les salaires, est aussi très apprécié. L’équilibre famille-travail instauré ici séduit beaucoup nos compatriotes qui peuvent par exemple profiter en Suède d’un congé parental égal aux deux parents. La Scandinavie offre de nombreux atouts aux familles. En revanche, ce modèle familial a aussi pour conséquence de ne pas faciliter le développement des systèmes de garde d’enfants. C’est un point à ne pas négliger en arrivant dans la région.

F.A.E : La pandémie a-t-elle poussé davantage de potentiels expatriés à s’y installer ?

A.H. : La Suède, le Danemark et la Norvège ont pris des voies très différentes. Les restrictions n’étaient pas les mêmes partout. La politique du gouvernement suédois pendant la crise sanitaire (Stockholm n’a pas imposé de confinement strict, à l’image de ceux appliqués en France ou ailleurs dans le monde, Ndlr) n’a attiré qu’une minorité de personnes, très réfractaires aux politiques anti-Covid. Mais ce phénomène a été très marginal. Les décisions prises à l’époque par les autorités sont d’ailleurs encore en débat aujourd’hui dans la société suédoise.

F.A.E : Quels sont les défis auxquels sont confrontés les pays scandinaves aujourd’hui ?

A.H. : Je dirais qu’un des sujets auxquels doivent s’atteler les gouvernements aujourd’hui est le prix de l’immobilier, par endroit exorbitant. Même rattaché au coût de la vie, plus élevé qu’en France, payer un loyer ou acheter un bien reste difficile pour tout le monde. Les procédures qui touchent à la protection sociale sont aussi très particulières : en Suède, tout est numérisé. Cela fluidifie les démarches, mais peut laisser aussi de côté une partie de la population. Les Français désireux de venir vivre en Scandinavie doivent en avoir conscience. Pour aller à l’hôpital, avoir un numéro de téléphone ou un compte en banque, il faut maîtriser les outils numériques.

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