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Noémie Altschul : vu de France « le modèle suédois est très fantasmé »
Conseillère des Français de l’étranger en Suède depuis un an, Noémie Altschul met à profit sa solide expérience dans le pays auprès de ses compatriotes. Pour Français à l’étranger, elle revient sur les avantages et inconvénients du modèle suédois pour les Français.
Français à l’étranger (F.A.E.) : qu’est-ce qui vous a conduit à vivre en Suède ?
Noémie Altschul (N.A.) : J’y ai effectué un Volontariat International en Entreprise (VIE) en juin 2006, au sein d’une entreprise française de télécommunications. Je ne suis jamais repartie. À la naissance de ma fille, j’ai eu envie de changement, j’avais envie d’entreprendre. Et aussi d’organiser mon temps comme je le voulais. En 2013, j’ai donc créé mon entreprise : 123 Voilà. Elle propose des cours de français dans les écoles, en entreprises, et pour des particuliers. Je pense qu’il est important, en tant qu’expatrié, de rester en contact avec sa langue maternelle.
Aujourd’hui, j’ai des élèves âgés de 2 à 88 ans. Aussi bien des médecins en formation et des diplomates que des enfants suédois ou franco-suédois. Des petites jumelles suédoises de 5 ans, qui ne parlaient pas un mot de français en arrivant chez 123 Voilà, parlent aujourd’hui couramment notre langue ! Avec ce métier, j’arrive à combiner mes deux passions : l’enseignement des langues et l’entreprenariat.
F.A.E. : L’année dernière, vous vous êtes également lancée en politique.
N.A. : J’ai été contacté par En Marche, car le parti a dû voir que j’étais très dynamique au sein de la communauté française en Suède. Je n’avais jamais pensé à m’engager de cette manière, mais c’est vrai que finalement, c’était dans la continuité de mes activités. J’ai été élu en mai 2021.
F.A.E. : Quelles sont vos missions en tant que conseillère des Français de l’étranger ?
N.A. : Je participe au conseil consulaire et je fais remonter les préoccupations des expatriés français. Pour cela, j’ai une permanence en ligne et je réponds aussi beaucoup aux sollicitations sur les réseaux sociaux. Les questions sont généralement assez simples : on me demande souvent quelles sont les démarches à suivre en arrivant en Suède, ou comment faire une procuration. Ces informations sont disponibles mais les personnes ont besoin d’être guidées, d’avoir des explications supplémentaires. En tant que conseillère, on se sent très utile. Cela donne du sens à mon engagement.
Même si ce n’est pas facile tous les jours. La période de la pandémie n’a pas été simple. Il a fallu répondre aux inquiétudes sur la vaccination, le rapatriement en France … Nous avons fait comme on a pu, mais nous avons répondu présent.
F.A.E. : Quel est votre regard sur le modèle suédois ?
N.A. : C’est un système qui est très fantasmé, de France. Lorsqu’on vit sur place, ce n’est pas tout à fait pareil. Certes, la Suède a de nombreux atouts : la qualité de vie y est meilleure, on dispose de plus de temps en dehors du travail. Le partage des tâches entre hommes et femmes est plus équilibré et les Suédois font attention à leur bien-être, via le sport notamment. Mais c’est aussi une société très méthodique, où tout est programmé. Prendre un café avec un ami ne s’improvise pas, il faudra fixer un rendez-vous plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant.
Le coût de la vie est aussi très élevé. Depuis que je suis arrivée, il n’a fait qu’augmenter. Stockholm a beau être une ville très agréable et à taille humaine, il y a une vraie pénurie de logements. Pour un Français, il est très difficile de trouver un toit dans la capitale à des prix corrects. Vivre ici n’est pas à la portée de tout le monde. Les salaires s’alignent, mais pas dans tous les secteurs malheureusement. Beaucoup de Français arrivés pendant la pandémie pour fuir la France ont eu des difficultés à ce niveau-là, car ils n’y étaient pas préparés.
Il y a aussi une idée reçue que je voudrais déconstruire : celle qui consiste à penser qu’en Suède, on peut parler anglais partout et tout le temps. Ce n’est pas complètement faux. Mais parler suédois reste indispensable, surtout si l’on souhaite s’installer à long terme. Après deux ans dans mon entreprise, même si je parlais anglais, mes collègues ne s’adressaient à moi qu’en suédois. Pour eux comme pour moi, c’était logique.
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