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À Taïwan, « les Français montrent une bonne propension à s’intégrer au sein de la population locale » Franck Paris, directeur du Bureau français de Taipei

En poste depuis août 2023, Franck Paris est le nouveau directeur du Bureau français de Taipei, représentation de la France à Taïwan.

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À Taïwan, « les Français montrent une bonne propension à s’intégrer au sein de la population locale » Franck Paris, directeur du Bureau français de Taipei

Pouvez-vous dresser un panorama de la communauté française à Taïwan ?  

La communauté française à Taïwan est relativement jeune et dynamique. Selon les derniers chiffres, il y a 3 000 Français inscrits aux registres consulaires – pour une population totale estimée à 4 000 – et les deux tiers d’entre eux sont basés à Taipei, la capitale. Ces chiffres ont connu une augmentation de 50% par rapport à 2019. Cela s’explique par la hausse du nombre d’expatriés venus travailler pour des entreprises françaises installées à Taïwan, mais aussi par le fait qu’en dépit du contexte géopolitique, le pays bénéficie d’une bonne notoriété en France depuis quelques années. Cette bonne image se diffuse à travers un angle de vue économique, mais aussi par une valorisation de la culture taïwanaise, de sa gastronomie, etc.

Comment décririez-vous la relation des Français de Taïwan au territoire et à sa population ? 

Les Français ont une bonne propension à s’intégrer au sein de la population locale, ce qui ne va pas de soi dans tous les pays. Cela s’explique d’abord par l’éloignement géographique : il est plus difficile de rejoindre la France depuis Taïwan que depuis New-York par exemple. La deuxième raison, c’est qu’il n’y a pas réellement d’écart en ce qui concerne le niveau de vie entre expatriés et locaux, ce qui facilite l’immersion. Les Français éprouvent par ailleurs souvent un vrai attachement envers ce territoire et sa population. Ils sont les premiers à promouvoir la reconnaissance de Taïwan, à contribuer à son rayonnement international et à ses spécificités culturelles. 

Nous avons beaucoup de chance à Taïwan, car la communauté française y est, je pense, très soudée. Et elle a à cœur non seulement de promouvoir Taïwan à l’international, mais aussi de promouvoir la France à Taïwan. Nos ressortissants n’hésitent pas à parler de la France comme d’un pays attractif, en transformation, avec des startups innovantes etc. C’est une chance car nous pouvons soutenir cet engouement, sans avoir besoin de chercher à le créer au sein de la communauté française. Il faut savoir que les Taïwanais ont une image généralement très positive de la France, mais que nous devons affiner, enrichir : c’est pour cela que des initiatives comme la French Tech permettent de transformer cette perception, encore principalement basée sur l’image du luxe ou de la gastronomie.

Le Bureau français n’a pas le statut d’ambassade. Est-ce un défi pour vous ? 

Le fait de ne pas avoir le statut d’ambassade peut engendrer des difficultés : nous rendons exactement les mêmes services, mais nous n’avons pas les mêmes compétences. Le Bureau français de Taipei ne dispose pas de la compétence consulaire état civil et ne peut donc réaliser des actes dressés et des transcriptions d’actes. Dans ces conditions, il instruit les demandes de transcriptions d’actes de naissance, mariage et décès et les transmet au Service Central d’Etat Civil à Nantes pour traitement. Au quotidien, nous dépendons de l’ambassade française à Séoul (Corée du Sud) avec qui nous collaborons étroitement. Je précise qu’à Taipei, nous ne sommes pas confrontés aux problématiques que certains postes consulaires peuvent avoir, comme le manque d’effectifs. Tout se déroule de manière relativement fluide sur le plan administratif.

Lycée international français de Taipei, section française de la Taipei European School : pourquoi comment se différencient ces acteurs français de l’enseignement à Taïwan ? 

Tout d’abord, la différence entre le Lycée international français de Taipei (LIFT) et la section française de la Taipei European School sont les publics ciblés. Le LIFT vise à accueillir principalement des écoliers taiwanais, alors que la section française accueille généralement des enfants d’expatriés français. Il n’y a donc pas de compétition entre les deux établissements. 

Campus France a également un bureau à Taipei. Cette présence relève-t-elle d’une stratégie d’attraction d’étudiants taïwanais en France ? 

Nous avons effectivement un projet plus large d’attirer des étudiants taiwanais en Europe et en France. C’est pour l’instant un succès car nous avons retrouvé nos chiffres pré-Covid : 1 200 étudiants taïwanais sont aujourd’hui scolarisés chaque année dans le supérieur français. Notre défi consiste néanmoins à valoriser davantage les études scientifiques en France. Actuellement, la plupart des étudiants envisagent d’aller étudier en France pour suivre des parcours artistiques, réputés excellents. Nous souhaitons élargir ce prisme et faire davantage connaître nos cursus en matière de sciences et d’ingénierie. Pour cela, nous organisons notamment un salon des études européennes en novembre 2023 au cours duquel nous avons présenté nos filières scientifiques. Nous avons aussi fait venir des représentants de Polytechnique et de l’INSA Lyon à cette occasion. 

Quelle forme prend la coopération culturelle entre la France et Taïwan ?

Notre action commune jouit d’une grande visibilité dans toute l’Asie car nous organisons des événements d’envergure : la Nuit blanche de Taipei, festival d’arts basé sur le modèle de la Nuit blanche à Paris rassemble chaque année au mois d’octobre des centaines de milliers de Taïwanais. Nous avons aussi mis en place la Nuit des idées, qui nous permet de contribuer à faire vivre le débat au sein de la société taiwanais. Cet événement rencontre beaucoup de succès et pour notre dernière édition, qui portait sur le thème « La crise du vivant », les participants étaient en grande majorité des jeunes.  

Nous sommes aussi très investis auprès des industries culturelles et créatives : Taïwan est en train de devenir une véritable plateforme en ce qui concerne la production de soft power, un peu comme l’est actuellement la Corée du Sud. La France accompagne notamment l’industrie cinématographique en coproduisant des films. Pour la première fois, nous avons également signé un  projet de série majoritairement française et écrite par un auteur taiwanais, qui sera cofinancée par le Bureau français.  

Sur quels plans la coopération franco-taïwanais peut-elle être renforcée ?

Nous souhaitons pousser davantage la coopération scientifique : Taïwan est un lieu clef dans le développement de semi-conducteurs, matériau essentiel à la fabrication de produits tels que les smartphones, mais aussi pour tout ce qui concerne les technologies d’avenir comme l’intelligence artificielle. Favoriser les échanges universitaires entre nos deux pays nous permettra de nous rapprocher davantage en matière de recherche scientifique. Les assises de la recherche franco-taiwanaise qui auront lieu fin avril 2024 ou le forum des présidents d’universités les 11 et 12 mars 2024 sont autant d’événements qui montrent un réel engagement diplomatique et universitaire de la France à Taïwan. 

En ce qui concerne l’économie, nous souhaitons davantage mettre en avant les entreprises françaises capables de proposer leur expertise en matière d’économies d’énergie alors que Taïwan s’est lancé le défi de décarboner ses industries. Le pays a également manifesté son intérêt pour être accompagné par des experts français afin d’atteindre ses objectifs d’observation spatiale. 

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