Destinations au banc d'essai
ST Micro, un poids lourd chez les puces en Malaisie
Embarquée dans l’aventure des semi-conducteurs au début des années 1970, la Malaisie a depuis construit un écosystème complet et n’a de cesse de monter en compétence, renforcer sa chaîne de valeur et viser des segments à plus forte valeur ajoutée. Pour STMicroelectronics, le leader européen de la conception de puces, présent depuis 1974, le pays est un pivot incontournable de sa stratégie industrielle.
C’est l’Américain Intel qui a ouvert la voie en 1972. Alors que la Malaisie cherche à attirer massivement des investisseurs étrangers dans les secteurs de l’électronique et des semi-conducteurs, l’ancienne star des puces pour PC installe son premier site offshore avec 100 employés travaillant à l’assemblage de puces sur l’île de Penang, plus précisément dans la Bayan Lepas Free Industrial Zone (État de Penang), devenue la première zone industrielle électronique du pays. Se pressent alors les autres grands du secteur, comme AMD, Hitachi, Texas Instruments ou National Semiconductor, lançant des activités d’assemblage, de test, de packaging, voire d’électronique manufacturée. Les semi-conducteurs deviennent ainsi le fer de lance du développement de l’électronique en Malaisie, via des filiales de seize multinationales, à majorité américaines, implantées dans plus de 60 % des cas à Penang.
Mais les Français ne sont pas en reste. Dès 1974, STMicroelectronics* tente à son tour l’aventure malaisienne, en mettant le cap non pas sur Penang mais sur Johor. Au sud de la Malaisie, cette région alors principalement rurale et agricole offre de grands espaces disponibles et une proximité immédiate avec Singapour. STMicroelectronics s’installe à Muar, qui s’imposera comme un maillon stratégique de la chaîne de valeur globale du groupe. Implanté sur près de 6 hectares, le site de Muar est ce qu’on appelle un site back-end, à savoir spécialisé dans l’assemblage des puces (dicing, packaging, encapsulation), le test fonctionnel, la validation qualité, et la préparation des composants pour l’expédition vers les clients finaux. Il assemble et teste des semi-conducteurs destinés à des secteurs critiques comme l’automobile, l’industriel et l’électronique grand public. Avec près de 4 800 personnes, STMicro est le plus grand employeur privé de la partie nord de Johor.
Le site n’a cessé de se développer et de se moderniser au rythme de la croissance de l’industrie des semi-conducteurs en Malaisie. Le pays s’est imposé comme le sixième exportateur mondial de semi-conducteurs, avec 13 % du marché mondial de l’emballage, de l’assemblage et des essais de semi-conducteurs, et représente 40 % des exportations du pays, selon l’Autorité malaisienne de développement des investissements (MIDA). Sur le plan stratégique, la Malaisie continue d’offrir un certain nombre d’atouts : proximité avec les grands marchés asiatiques, stabilité politique relative, coûts maîtrisés et concentration d’acteurs spécialisés dans l’assemblage et le test. Sur le site de Muar, la demande de composants est toujours portée par la montée en puissance des marchés de l’automobile électrique en Asie, de l’énergie intelligente et des objets connectés.
Mais dans un contexte mondial marqué par les tensions géopolitiques et la nécessité de diversifier les chaînes d’approvisionnement, la concurrence sur le marché des semi-conducteurs en Malaisie est devenue plus vive. Depuis le Chips Act de 2022 et les restrictions imposées par les États-Unis à l’exportation de semi-conducteurs vers la Chine, les entreprises du secteur misent encore davantage sur la Malaisie. Pour preuve : début décembre, l’Américain Intel a annoncé un investissement de 208 millions de dollars en Malaisie pour des « opérations d’assemblage et de test », selon le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim. Selon le quotidien Le Figaro, c’est dans un message publié lundi soir sur Facebook qu’Anwar Ibrahim a expliqué avoir rencontré plus tôt dans la journée le directeur général de la société américaine, Lip-Bu Tan. « Fort de sa confiance dans les projets à long terme du pays, Intel a annoncé un investissement supplémentaire de 860 millions de ringgits pour faire de la Malaisie son centre d’assemblage et de test », s’est félicité le Premier ministre du pays d’Asie du Sud-Est. Un nouvel investissement qui vient conforter le rôle du pays dans la chaîne d’approvisionnement mondiale en puces. Mais le pays ne compte pas s’en tenir là : il entend également monter en gamme en se positionnant sur les semi-conducteurs à haute valeur ajoutée.
* STMicroelectronics est le fruit d’un mariage conclu en 1987 entre le Français Thomson Semiconducteurs (TS) et l’Italien Società Generale Semiconduttori (SGS).
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