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Mali : « Ce qui nous inquiète, c’est l’embargo »

Le conseiller des Français de l’étranger Guy Sukho s’est entretenu avec Français à l’étranger au sujet de la crise au Mali suite au coup d’état militaire et sur la situation de la communauté française dans le pays.

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Mali

Après la démission le 18 août d’Ibrahim Boubacar Keïta, président du Mali depuis 2013, quelle est la situation dans le pays ?

Guy Sukho : Pour moi, la vrai inquiétude porte sur la transition politique au Mali, sur le fait que le pays ne soit pas plongé dans un vide politique. Mardi, l’ex-président a démissionné suite au coup d’état mais depuis nous ne savons pas qui nous gouverne. Il y a un vide constitutionnel et nous espérons que ce vide sera comblé très rapidement. Bamako est libre depuis mercredi, il est possible d’y faire des allers-venues et les commerces sont ouverts. Tout le monde est dans l’expectative. Pour l’instant, nous sommes un peu rassurés car il n’y a pas eu d’effusion de sang et la nouvelle équipe au pouvoir déclare qu’elle va respecter les engagements internationaux du Mali. Nous sommes en pleine saison des pluies. La pluie ici a un signal très bénéfique pour les populations. Cela diffère un peu du choc du 10 juillet où il y avait eu beaucoup de morts.

A contrario, ce qui nous inquiète, c’est l’embargo. Les populations maliennes se sont soulevées à plusieurs reprises et s’associent pleinement aux actions de l’armée. Les embargos de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et de la communauté internationale, notamment de l’ONU et de la France, ne tendent pas à rassurer les populations maliennes et, par ricochet, la communauté française au Mali. Nous n’avons en effet pas de frontières maritimes et nous sommes dépendants des ports des pays étrangers. Le Comité National pour le Salut du Peuple au pouvoir vient pour sa part d’annoncer l’ouverture des frontières aériennes et terrestres à partir de demain vendredi à minuit alors que le pays est sous embargo…

La population vit mal cette situation d’embargo. Au regard de la population, la CEDEAO vient ici, parle beaucoup mais fait peu d’actions. Par contre, quand il s’agit de sanctionner, c’est très rapide. L’embargo est le réflexe institutionnel en cas de coup d’état mais ensuite il faut que nous passions vite à la transition et que nous trouvions des moyens de sortie de crise.

Quel a été l’impact de ce coup d’état sur la communauté française ?

G.S : La communauté française au Mali, qui a doublé de 2014 à 2020, est à 80% binationale, c’est l’une de ses particularités. Ainsi, il s’agit d’une communauté dynamique, habituée à la résilience, avec un historique important. Nous avons déjà vécu la crise de 2012 avec un scénario quasi-similaire mais semble t-il avec des modalités différentes. Plus récemment, il y avait déjà eu plusieurs signaux d’alerte le 5 juin et le 10 juillet dernier, mais aussi avec les évènements au Niger. Ici, nous subissons les conséquences de tout ce qui se passe dans les pays du G5 Sahel où le Mali est l’un des principaux alliés de la France.

Pour la communauté française, ce coup d’état a d’abord eu un impact sur les écoles d’enseignement français. Celles-ci devaient rouvrir à partir de mardi, constituer leurs équipes et préparer la rentrée scolaire. Cette rentrée va désormais être décalée puisqu’il y a un couvre feu nocturne et les consignes du consulat restent de limiter les déplacements.

Par ailleurs, nous souhaiterions qu’il y ait des vols spéciaux organisés en dérogation de la fermeture de l’aéroport. Le dernier vol Air France a atterri mardi à 13h15 local, puis est reparti à Abidjan.  Juste après, les frontières ont fermé. Un certain nombre de passagers attendent depuis leur retour.

Il y a par ailleurs encore ici de jeunes bacheliers qui espèrent se rendre en France pour faire leurs études. Le consul n’avait pas encore reçu les autorisations pour leur délivrer des visas avant le coup d’état. Avec la fermeture de l’aéroport, leur voyage va encore être décalé.

Comment s’organise la sécurité des ressortissants français ?

G.S : Le consulat nous accompagne beaucoup en matière de sécurité. Il envoie régulièrement des messages par SMS, email et sur Facebook, qui sont bien relayés par la communauté.

L’ambassadeur convoque par ailleurs régulièrement des comités de sécurité où nous sommes invités à expliquer nos problématiques et partager les informations à donner à nos concitoyens. Nous sommes une vingtaine, voire une trentaine dans ces comités. Outre les conseillers des Français de l’étranger, certaines personnes issues de la communauté sont conviées telles les restaurateurs, les membres des sociétés de sécurité, les chefs d’établissement locaux. Nous nous sommes réunis pour la dernière fois le 12 août à l’issue de la crise du Niger.

Qu’en est-il de la situation sanitaire au Mali ?

G.S : Niveau santé, le Covid-19 est en forte baisse officiellement ici.

Cependant nous sommes contraints de réaliser un test 72 heures avant le départ pour la France. Compte tenu du fait qu’il n’y a pas de vols, tous les tests, même s’ils sont négatifs, vont être obsolètes.

Quelles sont les consignes du poste diplomatique pour les Français ?

G.S : De rester chez soi au maximum, mais ce n’est pas un confinement.

Une cellule de crise a en outre été installée à l’Ambassade de France (son numéro: (223) 44.97.58.20). Depuis le 20 août, les agents de l’ambassade et du consulat à Bamako ont repris leurs fonctions. Le consulat est ouvert et reçoit le public, notamment pour les demandes de bourse. Le Centre Medico Social (CMS) est également ouvert.

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