Vie pratique
« La CFE se doit d’être encore plus réactive et innovante »
Après plus de deux ans de pandémie, l’heure est au bilan pour la Caisse des Français de l’étranger. Isabelle Frej, tout juste nommée à sa tête en avril dernier revient pour Français à l’étranger sur cette période compliquée et sur sa vision de l’avenir.
Expatriée à Rabat, au Maroc, depuis près de trente ans, Isabelle Frej l’assure : « L’expatriation évolue très vite. » Membre du conseil d’administration de la Caisse des Français de l’étranger (CFE) depuis 2008, elle est depuis des années au plus près des Français installés au Maroc. À eux seuls, ils représentent 10% des adhérents de l’organisme de Sécurité sociale dont finalité est d’offrir aux expatriés la même protection sociale qu’en France.
Convaincue que « les personnes installées à l’étranger, dans un pays qui n’est pas le leur, ont besoin d’une écoute attentive », Isabelle Frej compte bien mettre à profit sa nouvelle fonction pour rendre l’information « simple, claire et directe » aux adhérents de la CFE. Une stratégie qui vient à point nommé, après deux ans de restrictions liées au Covid-19. Comment justement la CFE a-t-elle traversé cette période ? Et quelles nouvelles tendances la crise sanitaire a-t-elle fait éclore ? Sa présidente nous répond.
Français à l’étranger (FAE) : Quels sont les moyens spécifiques mis en place par la CFE ces deux dernières années, pendant le choc de la pandémie ?
Isabelle Frej (I.F.) : Lorsque le Covid-19 s’est immiscé dans nos vies à partir de février 2020, il a fallu s’adapter. D’abord en couvrant les soins liés au virus. La période de carence a été ramenée à 21 jours, contre 6 mois pour ce genre de soins auparavant. Ensuite dans les pays où le tiers payant hospitalier couvrait 80% des soins, celui-ci a été étendu à 100%, lorsque la personne était atteinte d’une pathologie liée au Covid-19. Ce fut le cas au Liban par exemple.
Il a fallu également revoir la prise en charge des actes de biologie, comme les tests PCR. Dans les pays catégorisés « zone 1 » par la CFE, à l’instar du Maroc et de certains États asiatiques, les tests étaient ainsi remboursés à hauteur de 67%. Si la personne n’était couverte que par la CFE, sa mutuelle pouvait alors prendre en charge la somme restante. Notre organisme a également réduit la carence de prise en charge pour les nouveaux adhérents. Avant la pandémie, si une personne de plus de 45 ans adhérait à la Caisse, ses soins n’étaient pris en charge que six mois plus tard. Pendant la pandémie, ils l’ont été dès trois mois.
FAE : Des mesures ont-elles été prises pour les expatriés de retour en France ?
I.F. : Les personnes qui ont été obligées de rentrer ont pu réintégrer le régime général de l’assurance-maladie dès trois mois après leur arrivée, au lieu de six habituellement. Pour celles qui sont ensuite reparties à l’étranger, il leur fallait réintégrer la CFE. Elles ont pu le faire en conservant leur taux de fidélité et en retrouvant leur ancien contrat, avec les mêmes taux de cotisations. Cela a été possible pour tous les Français qui ont adhéré de nouveau à la CFE avant septembre 2021.
FAE : Par la suite, qu’a-t-il été décidé au sujet des frais vaccinaux ?
I.F. : Partout dans le monde où les vaccins étaient payants, la CFE les a intégralement remboursés.
FAE : Pendant cette période, l’organisation de la CFE a-t-elle été bousculée ?
I.F. : Comme partout, tous les collaborateurs se sont mis au télétravail. Nous avons dû fermer la plateforme téléphonique, d’où l’explosion des sollicitations de nos services par mail. Cela a vraiment changé notre manière de fonctionner, et nous a poussé à accélérer notre digitalisation. L’envoi des feuilles de soins en ligne a été généralisés, ce qui a facilité le quotidien des Français installés dans des pays où la poste est déficiente.
FAE : Avec le recul d’aujourd’hui, quel bilan global faites-vous de cette période ?
I.F. : Ces deux années nous ont amené à considérer que la CFE se doit d’être encore plus réactive et innovante. Car l’expatriation n’est pas un domaine figé. Les pays d’installation arrivent par exemple par vagues : pendant longtemps, beaucoup de Français se sont établis en Asie, puis ensuite, au Portugal. Aujourd’hui, la Thaïlande est un pays phare. Il faut suivre ces mouvements, et continuer à proposer des solutions modernes et digitalisés à tous nos assurés. Cela ne veut pas dire qu’on met de côté les plus âgés d’entre eux. Il y a encore des personnes qui préfèrent coller un timbre sur une enveloppe plutôt que de remplir un formulaire en ligne. J’ajouterai aussi que, en règle générale, il faut plus de solidarité. Ce n’est pas un vain mot, mais une des valeurs piliers de la protection sociale.
FAE : Comment analysez-vous le contexte actuel ? Quelles sont les conséquences de la crise toujours en cours dans certaines régions du monde ?
I.F. : Un peu partout, les gens recommencent à faire des projets, notamment en Europe de l’Ouest, en Afrique du Nord et aux États-Unis. Mais il faut bien se dire que le Covid-19 continue d’impacter nos vies, comme en Chine. Pour les entreprises, s’adapter à ces situations différentes selon les régions n’est pas simple. Ce que l’on constate aussi, c’est qu’il y a davantage de départs à l’étranger. Mais un salarié ne part plus en famille, il s’expatrie seul, la plupart du temps. Les destinations ne sont plus les mêmes non plus. Les Européens vont par exemple hésiter à partir loin, par peur de ne pas pouvoir revenir.
FAE : Avez-vous constaté des conséquences à la guerre en Ukraine ?
I.F. : De nombreux Français sont rentrés. Des expatriés installés en Ukraine, mais aussi en Russie ou dans les pays limitrophes. Sur cette zone, il n’y actuellement plus de projets d’expatriation. Il ne faut pas négliger les retombées de cette guerre, couplées à celles de la pandémie. Nous sommes rentrés dans une période d’inflation peu connue jusqu’ici : cela a des conséquences sur le budget consacré à la sécurité sociale. Celui-ci est grignoté par le coût de plus en plus élevé de la vie.
FAE : Ces deux crises ont-elles fait émerger de nouvelles tendances ?
I.F. : Il y a effectivement aujourd’hui de nouvelles zones d’attractions. Dubaï et les Émirats arabes unis sont en pleine croissance à ce niveau-là. Ces deux pays accueillent de plus en plus de touristes et d’expatriés. Dans la région, l’Arabie saoudite développe aussi, et c’est très récent, son offre touristique. C’est une nouvelle niche. L’Afrique, un peu oubliée ces dernières années, regagne l’intérêt des Français. Le Sénégal est par exemple bien placé dans le top 10 des pays des adhérents de la CFE, tout comme les pays d’Afrique du Nord.
Depuis la pandémie se dégage aussi une autre tendance : les travailleurs nomades. Ces personnes qui, profitant de la démocratisation du télétravail, s’installent pour un temps quelque part, puis repartent pour ailleurs. C’est un marché que nous étudions avec attention.
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