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Priscillia Routier-Trillard : « Vivre à l’étranger crée une dépendance dangereuse en cas de violence »

L’application The Sorority réunit actuellement une communauté de 70 000 femmes dans le monde, et continue de se développer avec le lancement prochain de l’application en anglais. Cette initiative, sa fondatrice Priscillia Routier-Trillard l’a imaginée par « son expérience vécue » en tant que femme, mais aussi en tant qu’expatriée.

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Priscillia Routier-Trillard : « Vivre à l’étranger crée une dépendance dangereuse en cas de violence »

« Je suis actuellement sur le départ pour Londres, pour le lancement de The Sorority au Royaume-Uni » se réjouit Priscillia Routier-Trillard. The Sorority, c’est une association, communauté et application d’entraide pour les femmes victimes de violences ou de harcèlement de rue, accessible partout en France et dans le monde. Pour sa fondatrice, l’évènement londonien sera également l’occasion de célébrer la déclinaison de sa plateforme en langue anglaise, permettant d’agrandir encore une communauté qui réunit déjà 70 000 femmes. 

 C’est en 2019 « à la suite de [son] deuxième burn-out » que Priscillia Routier-Trillard, alors employée dans la gestion de projet en Recherche et développement, a l’idée de créer un espace d’entraide pour les femmes. Malgré le parcours de la fondatrice – une « évolution dans un milieu très masculin », des situations de « harcèlement au travail », etc. – lorsqu’elle évoque son idée, les réactions sont partagées. « Au début, mes amis et ma famille ne me comprenaient pas vraiment, explique-t-elle. Certains pensaient que cette idée sortait de nulle part, que j’avais pété les plombs. Mais il y en a d’autres qui m’ont tout de suite comprise, et qui me disaient que cela pourrait être un grand projet. »

Une application d’écoute et de bienveillance

Son expérience en tant qu’expatriée influence également ses questionnements sur les femmes isolées. « J’ai réalisé à quel point le fait de vivre à l’étranger créait une dépendance, dangereuse en cas de situation de violence. » explique-t-elle. La fondatrice a passé trois ans, à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis entre 2020 et 2022. « Comme j’étais partie avec mon mari, même en étant personnellement dans une relation saine, il était marqué ‘housewife’ sur mon visa. Je n’avais pas non plus le droit d’ouvrir un compte en banque à mon nom… Tout ça alors que j’avais moi-même une activité. » Selon le dernier rapport du gouvernement sur la situation des Français établis hors de France, le nombre de cas recensés de violences conjugales a plus de quadruplé entre 2019 et 2021, passant de 50 à 235. 

Priscillia Routier-Trillard fonde dans un premier temps la communauté The Sorority avant de lancer l’association The Sorority Foundation, lui permettant de tester son projet – mobilisant « plus de 1000 bêta-testeuses » selon son site internet. « Pour monter The Sorority, je me suis basée sur mon expérience vécue, des témoignages, des études etc. énumère Priscillia Routier-Trillard. J’ai réalisé des tests comportementaux aussi, dans la rue et dans le métro, pour essayer plusieurs types de réactions face au harcèlement. » Violences conjugales, intrafamiliales, situation de harcèlement… En plus de son caractère informatif, l’application a pour objectif de mettre en relation un réseau de femmes ou de personnes issues de minorités de genre pour assurer une chaîne d’écoute et d’entraide permanente. Elle permet aux participantes de repérer rapidement les personnes qui signalent des situations dangereuses en se basant sur un principe de géolocalisation.

« Sur les réseaux sociaux, le climat est généralement très anxiogène. » 

En 2022, The Sorority Foundation lance la plateforme téléphonique Save You, à destination des femmes victimes de violences à l’étranger. Toujours sur le modèle de l’écoute et de l’accompagnement, elle a depuis son lancement apporté de l’aide à plus de 170 familles dans le monde. L’association est notamment en communication avec le ministère de l’Europe et des affaires étrangères et participe ponctuellement à la gestion de cas urgents comme le besoin de rapatriement. Toutefois, un an après le lancement de la plateforme, Priscillia Routier-Trillard constate qu’elle manque encore de soutien : « Il n’y a pas assez de fonds et de reconnaissance. Le sujet des violences à l’étranger n’est pas suffisamment traité, ni soutenu alors qu’il y a énormément de demandes. » se désole-t-elle.

« Sur les réseaux sociaux dans les milieux féministes qui traitent de ces sujets, le climat est généralement très anxiogène. Les posts, les stories… Tous les jours on voit défiler des horreurs. » Entre la réception quotidienne de témoignages difficiles et la multitude contenus tragiques sur internet, travailler dans le milieu peut même conduire au « burn-out militant ». « Quand ça m’arrive, j’essaie de me couper des réseaux » confirme Priscillia Routier-Trillard. Selon le dernier rapport du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, 118 femmes sont décédées sous les coups de leur conjoint en 2022. « J’ai parfois des moments de doutes. Je me demande “mais pourquoi on fait tout ça ?” Et puis je me reprends, en me disant que grâce à nous, les gens ont moins peur. »

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