Portrait d’EFE: « Il y a un vrai manque de pâtisseries en Espagne »

Pourriez-vous vous présenter, ainsi que votre entreprise ?

Nous sommes deux sœurs, Béa, 38 ans et Aline, 34 ans. Cela fait sept ans que nous vivons à Barcelone. L’une et l’autre sommes passionnées par la pâtisserie depuis toujours, cela se transmet de génération en génération dans notre famille. Il y avait toujours une tarte tatin dans la cuisine ou une autre au citron qui sort du four. Pendant la pandémie, nous avions beaucoup de temps, alors nous nous sommes mises à pâtisser tous les jours et avons créé une page Instagram pour y poster quelques photos de nos gâteaux. Cette page nous a rapidement permis de réaliser qu’il y avait une vraie demande en Espagne. C’est de cette façon que nous avons eu l’idée de créer Othea, une page pour commercialiser nos gâteaux. Le nom de notre marque est un mélange de nos prénoms et de celui de nos parents, car notre entreprise est avant tout issue d’une passion familiale.

Pourriez-vous raconter la genèse de la création de votre entreprise ?

À Barcelone, il y a une grosse communauté française. Les Français s’adaptent très facilement à la vie ici, mais il y a quand même des choses qui nous manquent, notamment la gastronomie sucrée qu’on trouve en France. À notre arrivée, nous avions du mal à trouver de bons pains au chocolat, de bons croissants, de bons gâteaux, etc. En en parlant autour de nous, nous nous sommes aperçues que tous nos amis en venaient à la même conclusion : il y a un vrai manque de pâtisseries en Espagne. Nous avons donc développé ce projet petit à petit pendant le confinement. Comme tous les restaurants étaient fermés, cela a tout de suite bien démarré. Notre concept repose sur des commandes en ligne : les clients nous contactent et peuvent venir chercher leur charlotte au chocolat, leur galette à la frangipane ou tout autre gâteau sous 48h. Nous livrons aussi dans tout Barcelone.

Pourquoi vous êtes-vous installées en Espagne ?

Aline : Il y a sept ans j’en avais un peu marre de la France, j’avais envie de vivre ailleurs. Nous connaissions bien Barcelone, nos grands-parents avaient un appartement à proximité et chaque été nous allions passer nos vacances là-bas, au bord de la mer. Alors je me suis dit, pourquoi pas y emménager. Six mois après, Béa est arrivée.
Béa : Moi, je travaillais dans l’hôtellerie restauration, j’avais un poste à responsabilité mais c’était fatigant et je gagnais mal ma vie. Lorsque ma sœur m’a dit “viens !” j’ai foncé et nous ne sommes jamais rentrées.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de la création d’Othea ?

Certaines matières premières qui ne sont pas faciles à trouver ici. Un certain nombre de produits dont nous avions besoin sont peu utilisés par les Espagnols. En France, pour notamment le beurre, la crème ou encore le sucre glace, il y a beaucoup de choix. Ici, il n’y en a pas, ou les possibilités sont très limitées. Aujourd’hui, nous avons trouvé de super fournisseurs, dont certains en France.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Nous souhaiterions ouvrir un point de vente, une boutique physique tout en conservant la partie commande. On pourrait y recevoir les clients et leur proposer tous nos desserts et, pourquoi pas, élargir notre carte à des plats salés simples, de type brunch. Cela prend du temps mais c’est notre objectif sur le long terme.

Quels sont les inconvénients de l’Espagne pour entreprendre ? Et les avantages ?

Il faut savoir qu’en Espagne, nous sommes beaucoup plus taxés qu’en France et qu’il n’y a aucune aide pour les entrepreneurs. Mais ces inconvénients sont compensés par de nombreux avantages: la population française est nombreuse, le secteur n’est pas bouché et la demande est au rendez-vous. Elle ne vient pas que des Français d’ailleurs : une fois que les Espagnols goûtent à nos desserts, ils reviennent parce que ça leur plaît ! C’est vraiment notre grosse satisfaction, quasiment tous les clients qui ont commandé une première fois sont revenus vers nous. De plus, beaucoup de Français entreprennent en Espagne, nous en connaissons dans tous les secteurs d’activité. Il y a entre eux une grosse solidarité. Un Français qui souhaite entreprendre ici sera super bien accueilli !