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Le Sénégal – État de grâce pour le Pays de la Teranga

Ni attentat ni coup d’État ! Le Pays de la Teranga jouit d’une grande stabilité politique dans la région et d’une croissance enviable. Le Plan Sénégal émergent a donné un coup de fouet à l’économie. Construction d’autoroutes, lignes de train ou centrales solaires : de nouveaux projets sortent de terre.

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Pour se faire une idée du développement du Sénégal, il faut se rendre dans les nouveaux quartiers sortis de terre tels des champignons après la pluie dans la périphérie de Dakar, comme Diamniadio, où toute une ville est en train de se construire, bientôt reliée par TER au futur aéroport de N’Diass.

Partout, des bulldozers, des grues et des pelleteuses. Une métamorphose. La croissance du Sénégal dépasse désormais les 6% par an, comme n’importe quel pays d’Europe en rêverait ! « Le Sénégal essaie de traverser le gué pour atteindre l’émergence, témoigne François Cherpion, vice-président de l’Union des Français de l’étranger locale. Le gouvernement appuie le développement d’infrastructures pour désenclaver les régions. Il y a des projets de réinstallation et de développement du train. Eiffage a construit de nouvelles autoroutes. Le port de Dakar est en cours de modernisation. »  Les institutions fonctionnent et sont efficaces. « D’où l’importance pour la France de s’appuyer sur son ancienne colonie, pays à l’islam modéré où musulmans et chrétiens (10 à 20% de la population, Ndlr) vivent et sont enterrés ensemble », souligne le Franco-Sénégalais Fodé Sylla, ancien député européen aujourd’hui ambassadeur itinérant du Sénégal.

Car le pays, à la différence de certains de ses voisins, ne croule pas sous les ressources naturelles. Il est grandement tributaire des aléas climatiques pour sa production agricole qui fait vivre la plus grande partie de sa population. Mais le Sénégal a des atouts : son taux d’endettement reste très inférieur à la moyenne des pays de la zone et des prospections ont révélé la présence de gaz, pétrole et métaux précieux dans le sous-sol. Le secteur tertiaire prend aussi une part de plus en plus importante dans l’économie sénégalaise, grâce au commerce et au secteur des communications. Enfin, les transferts d’argent effectués par les Sénégalais expatriés sont devenus la principale ressource de financement extérieur, dépassant les IDE (investissements directs à l’étranger) ! Reste que le pays devra gérer ses faiblesses, comme le revenu par habitant, « à seulement 1 000 dollars en 2016 », selon l’agence Standard & Poor’s.

Indépendance énergétique

Le Sénégal n’a pas attendu la COP21 pour miser sur l’énergie propre. Le pays a mis en service en octobre sa première centrale solaire de taille industrielle à Bokhol, dans le nord du pays, près de la frontière mauritanienne. « Elle est constituée de 77 000 panneaux solaires, qui mesureraient 20 km de long si on les alignait, détaille Charlotte Aubin-Kalaidjian, la présidente de la société GreenWish, un des principaux partenaires. Nous avons choisi le Sénégal non seulement parce que le pays présente un taux d’ensoleillement exceptionnel, mais aussi pour l’implication et le rôle moteur des autorités », explique-t-elle encore. Le projet a coûté 25 millions d’euros et doit fournir de l’électricité à 160 000 foyers. C’est une étape importante vers l’objectif affiché du pays d’atteindre 20% d’énergies renouvelables dès cette année. « Le Sénégal entre de plain-pied dans l’ère de l’énergie propre pour la réduction des gaz à effet de serre », a commenté Macky Sall au cours de la cérémonie d’inauguration. Deux autres centrales solaires d’une capacité totale de 70 mégawatts doivent entrer en service dans les mois qui viennent. Le coût de l’électricité sera ainsi inférieur de 40 % au prix du mix énergétique actuel, ce qui représente une économie de plus de 60 milliards de francs CFA (environ 91 millions d’euros) cumulés pour l’État sur les vingt ans de la durée du contrat. Macky Sall a d’ailleurs annoncé fin décembre une baisse de 10% de la facture pour les ménages sénégalais.

Après plusieurs années de crise et des coupures régulières dues à ses difficultés financières à s’approvisionner en carburant, la Sénélec, la société nationale d’électricité du Sénégal, affichait d’ailleurs en 2016 un exercice bénéficiaire pour la troisième année consécutive. Alors qu’en 2010-2011, années du pic, ces « délestages » avaient provoqué des manifestations régulières et parfois violentes à Dakar et dans ses banlieues. Le président sénégalais a aussi évoqué les récentes découvertes de gaz et de pétrole dans le pays, lui offrant « de nouvelles opportunités pour son indépendance énergétique ».

Les premières productions de gaz à partir des gisements découverts pourraient commencer en 2021. Les autorités sénégalaises se basent sur des indications données par les responsables des compagnies pétrolières, américaine Kosmos Energy et anglaise British Petroleum. Reçues en audience dernièrement par le chef de l’État, les deux compagnies ont estimé que tout était prêt pour une première production en 2021. Le champ gazier Grand-Tortue-Ahmeyim, découvert en janvier 2016, peut être considéré comme le plus important gisement en Afrique de l’Ouest avec des réserves estimées à 450 milliards de mètres cubes. Sauf qu’il s’agit d’un champ à cheval sur la frontière sénégalo-mauritanienne. Total, pourtant acteur incontournable dans le secteur des hydrocarbures en Afrique de l’Ouest, n’est pour l’instant pas dans la course.

De l’importance des relations personnelles

Quelque 25 000 Français vivent au Sénégal. La moitié sont binationaux et une majorité est née sur place. Pour un expatrié, débarquer d’Europe et atterrir à Dakar, c’est plonger dans une ville grouillante, joyeusement anarchique et bouillonnante, kaléidoscope de bruits et d’odeurs où les piétons traversent quand bon leur semble et les automobilistes se garent où ils veulent. Sans filtre. « On quittait un monde normé, policé et aseptisé pour un univers vivant, où l’imprévu se trouve à chaque coin de rue », résume Benjamin Deransart, nommé cadre dans la filiale sénégalaise du groupe d’audit Deloitte. Dans le monde professionnel aussi, le dépaysement a été radical : « On ne fonctionne pas avec ses collaborateurs sénégalais comme en France, en envoyant sèchement ses directives par e-mail, témoigne son épouse Anne-Marie, chargée d’opérations pour la Banque européenne d’investissement (BEI). On approfondit davantage la relation personnelle avant d’aborder les aspects professionnels. » Au bureau, Benjamin apprend la souplesse et l’humilité, et prend conscience du goût prononcé des locaux pour les salutations interminables. À la maison également, le changement est radical. « Les expatriés peuvent se permettre d’avoir du personnel pour gérer la cuisine, les courses, le ménage ou aller chercher les enfants à l’école, énumère la Française. On se retrouve rapidement à la tête d’une petite PME chez soi, ce qui n’est pas toujours évident. On recrée une cellule familiale avec les nounous qui sont comme des grands-mères pour nos enfants. »

Le couple décrit sa vie à Dakar comme riche et apprécie le temps libre, plus important qu’en Europe. « On se rapproche des gens qui nous ressemblent, essentiellement des expatriés, concède Anne-Marie. Avec les Sénégalais, les liens sont plus difficiles à tisser à cause des différences culturelles. » Une chose est sûre, c’est les larmes aux yeux qu’ils quitteront le pays.

Une « destination poussettes »

Car le Sénégal est une destination attachante et qui fait le bonheur des étrangers. Appréciée pour son climat, la qualité de son système de soins et ses écoles, Dakar, ville ouverte sur l’océan Atlantique et le monde, attire les institutions internationales et les ONG, et avec elles leurs employés et leurs familles. Ils sont principalement installés dans le quartier chic des Almadies (au nord-ouest de Dakar), facilement repérables aux plaques d’immatriculation vertes de leurs voitures. La capitale abrite ainsi les bureaux d’une vingtaine d’agences de l’ONU et d’une quinzaine d’organisations humanitaires qui rayonnent à partir du Sénégal dans toute la région. Cette forte concentration ouvre aussi de belles perspectives à de nombreux jeunes diplômés sénégalais (dont certains ont suivi leurs études en France). Décrocher un contrat dans un de ces bureaux est devenu un Graal pour beaucoup, tant grâce au niveau élevé des salaires que des possibilités de carrières qu’elles procurent. De hauts fonctionnaires sénégalais se sont vus, eux, confier des postes à responsabilité dans les institutions internationales à l’étranger. « Ce sont généralement des personnels bien formés et performants, confie un diplomate européen. C’est aussi grâce à eux que le Sénégal jouit d’une bonne réputation dans les milieux diplomatiques. »

Certaines de ces agences se sont installées à Dakar après avoir fui les troubles politiques et sécuritaires en Côte d’Ivoire en 2003 et 2010, ou après la crise électorale ivoirienne de 2010-2011. Car c’est bien le leadership en Afrique de l’Ouest que se disputent Abidjan et Dakar. À la première le business, les capitaux étrangers et l’aura économique. À la seconde les institutions internationales, les ONG et le rayonnement diplomatique. « Si nous avons deux pays qui peuvent tirer vers le haut la zone Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), ça permet à l’ensemble d’en profiter, analyse François Cherpion. Quand il y avait des troubles dans la sous région, le Sénégal ne pouvait pas tirer la charrue pour tout le monde. Ça se stabilise aujourd’hui grâce à ces deux pôles. »

Contrairement à nombre de ses voisins, le pays n’a jamais connu de coup d’État. Il peut compter sur des ambassadeurs de choix, comme ses anciens présidents Léopold Sédar Senghor ou Abdou Diouf. Le Sénégal fait figure de havre de paix. Dakar s’est donc imposée, avec Johannesburg et Nairobi, comme l’une des pointes du triangle opérationnel africain. « Dakar est une “destination poussettes” car elle est facile à vivre avec des enfants, explique une jeune humanitaire française. Le climat y est agréable, les écoles de bon niveau et les loisirs variés. Et pour les week-ends, les plages de sable blanc ne sont qu’à une heure de route ! »

Un potentiel touristique important

Le tourisme est d’ailleurs l’un des secteurs à fort potentiel au Sénégal. Le pays a accueilli l’an dernier 1,6 million de visiteurs étrangers, soit une hausse d’environ 20% sur un an, essentiellement des voyageurs d’affaires. « Il y a aussi tous les binationaux qui retrouvent leur famille et tous les Français, Espagnols ou Anglais qui viennent vivre six mois par an la “teranga”, l’hospitalité en wolof, dans leurs propres maisons. Ce n’est pas un tourisme de passage, ils finissent par jouer un rôle dans nos communautés ou des associations caritatives », ajoute François Cherpion. Le gouvernement sénégalais a d’ailleurs supprimé l’an dernier les frais de visa (institués le 1er juillet 2013 et supprimés le 1er mai 2015 ) qui freinaient le développement du secteur. Un jour, sans doute, les touristes reviendront plus nombreux au Sénégal, comme à l’époque du Paris-Dakar, où le rallye-raid assurait la promotion de tout un pays. En témoignent ces projets à Pointe-Sarène et Mbodiène, sur la côte au sud de M’Bour qui traduisent la « nouvelle vision touristique du Sénégal ». Cinq parcelles hôtelières de 4 et 5 étoiles, une zone de 120 villas de haut standing, une base nautique, un parcours de golf et une marina, entre autres, sont prévus sur un site de 110 hectares. « Peut-être faudra-t-il se diversifier au-delà du tourisme de masse comme on l’a connu et désormais révolu, avance Véronique Brigaud, secrétaire générale de l’UFE (lire encadré). Le Sénégal est une destination qui reste chère. Il faudra s’atteler à des voyages à thèmes comme la chasse. il y a des zones intéressantes dans la région du Fleuve et au Sénégal Oriental, il y a environ 120.000 hectares de chasse giboyeuse. »

À condition d’en finir avec les idées reçues : il y a six mois encore, le pays était inscrit en rouge sur les cartes du Quai d’Orsay, pour cause de risque terroriste, alors qu’il n’y a jamais eu un seul attentat. « Au Sénégal, l’islam est très tolérant , confirme la Française.  Et les principales confréries assurent un équilibre et vivent en harmonie avec les autres religions  » Le pays a aussi été pénalisé à cause d’Ebola. Pourtant il n’y a  eu qu’un seul cas, importé, du virus sur son territoire et traité avec sérieux et diligence par les autorités sanitaires !

Le Plan Sénégal émergent (PSE) : objectif 2035 !

Le projet lancé par le président Macky Sall il y a trois ans pour faire décoller son pays vise une amélioration des infrastructures, de l’agriculture et du tourisme. Il s’étale sur vingt ans et prévoit sept milliards de promesses de financement, dont la moitié est déjà couverte par un prêt accordé au Sénégal par la Banque mondiale. Lors de sa visite d’État en France en décembre 2016, le président sénégalais avait fait un crochet par Alstom, à Reichshoffen. C’est là, dans son usine d’Alsace, que le groupe français va assembler les quinze TER (avec Wi-Fi !) commandés pour la nouvelle liaison ferroviaire de Dakar : 57 kilomètres entre le centre de la capitale et le nouvel aéroport international Blaise-Diagne, à N’Diass, via la ville nouvelle de Diamniadio : 45 minutes de trajet, 14 stations et 115 000 voyageurs attendus chaque jour. C’est Eiffage qui va construire les voies. La France a accordé un prêt de 200 millions d’euros au Sénégal pour ce projet. La RATP et la SNCF exploiteront et assureront la maintenance de la ligne. Engie et Thalés sont aussi dans le projet. La première phase devrait s’achever en janvier 2019.

Outre ce grand chantier, la France est également bien placée pour réaliser tout le réseau d’adduction d’eau devant alimenter Dakar à partir d’une réserve naturelle située dans le nord du Sénégal. La mégapole est en plein essor ; elle devrait compter 5 millions d’habitants d’ici à 2030. Le Plan Sénégal émergent prévoit aussi de soutenir la croissance par l’amélioration de l’approvisionnement électrique et le renforcement du secteur agricole. Le PSE a le mérite de rassurer les partenaires économiques du pays. Ainsi, Standard & Poor’s maintient sa note « B+/B » à la dette souveraine du pays de la Teranga, à court et long terme. L’agence américaine estime à plus de 6,5% et jusqu’en 2019 la perspective de croissance du PIB du Sénégal. De 2010 à 2014, elle était en dessous de 5%. Cinq ans après le début du septennat de Macky Sall, les élections législatives de juin prochain auront valeur de premier grand test pour lui.

Publié par la Voix de France, Union des Français de l’étranger

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