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La Mission laïque à l’épreuve de la rentrée

Avec une centaine d’établissements répartis dans près de 40 pays, la Mission laïque française scolarise environ 60 000 élèves. La pandémie de Covid-19 met ces écoles à rude épreuve pour la rentrée. Le directeur général de la Mission Laïque fait le point pour Français à l’étranger.

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Comment les établissements de la Mission laïque se sont-ils préparés à la rentrée ?

Jean-Christophe Deberre: Pour la première fois, nous constatons que dans bien des situations, l’enseignement est perturbé par les conséquences de la pandémie. Ce n’est pas la France qui dirige ces établissements à l’extérieur. Soit les dispositions qui avaient été prises sont suspendues suite à des décisions locales ou nationales. Soit les rentrées sont repoussées. Quand elle a lieu, la rentrée se fait selon des formules variables : en présence, à distance, hybrides…C’est une rentrée très contrastée et incertaine, particulièrement insécurisante pour l’ensemble des communautés scolaires. Notons comme point positif le fait que tous les parents sont très impatients de voir leurs enfants revenir en classe. Mais tout le monde est très préoccupé par le moindre indice de présence de l’épidémie et donc de contagion. Dans toutes nos communautés scolaires, le chef d’établissement scolaire a une responsabilité considérable : s’il ouvre l’école, il sait qu’il faut fermer dès qu’un cas apparaît. L’autre point positif est l’extrême mobilisation de nos équipes. L’expérience du confinement à rôdé nos expériences en enseignement à distance. Nous avons une maîtrise de cet enseignement à distance généralisé et les professeurs sont parfaitement au rendez-vous. Fatigués déjà, à cause de l’incertitude à laquelle ils font face, mais pédagogiquement ils sont prêts.

Quelle est la situation de vos établissements par zones géographiques ?

J-C. D.: Il faut rappeler que tous les établissements français à l’étranger sont soumis aux règles locales et aux dispositions prises par les gouvernement nationaux.

Au Maroc, on pensait faire une rentrée majoritairement à distance mais avec la possibilité d’accueillir les élèves en présentiel avec l’autorisation des parents, on s’était organisés en conséquences avec des protocoles complets. Mais l’évolution de la maladie a fait que les autorités politiques ont décidé désormais de faire évoluer les choses et de fermer les établissements dans un certain nombre de villes et de refaire passer l’enseignement à distance.

En Espagne, nous sommes dépendants des autonomies régionales et les situations peuvent être variables. Pour l’instant l’enseignement se faite avec des protocoles extrêmement sévères et contraignants qui exigent que l’on fonctionne soit en demi groupe soit avec l’assurance que les distances de précaution sont respectées. Mais toutes nos équipes sont suspendues à l’évolution de la situation en Espagne où le nombre de personnes testées positives augmente à vive allure.

Au Liban, la situation est extraordinairement difficile. Le ministre de l’éducation libanais a décidé de fixer la rentrée à fin septembre pour tout le monde, secteur privé et public confondus. Pour l’instant il n’y a pas d’enseignement possible, même à distance.

Dans le Golfe, l’enseignement se fait principalement à distance.

En Afrique subsaharienne, la situation est variable. A Abidjan la rentrée s’est faite au lycée Jean Mermoz, qui est un très gros établissement, dans des conditions extrêmement organisées, millimétrées.

Aujourd’hui combien comptez-vous d’établissements fermés ?

J-C. D.: On ne peut plus parler d’établissements fermés quand l’enseignement à distance se fait. Par contre au Maroc nous avons dû fermer deux établissements à la demande des autorités locales depuis la rentrée à cause de cas avérés de Covid-19.

La pandémie a eu de lourdes conséquences économiques pour bien des foyers. Avez-vous mis en place des mesures spéciales pour assister les familles qui ont du mal à payer les frais de scolarité ?

J-C. D.: La précarisation affecte toutes les classes sociales qui nous fréquentent. La tension sur les salaires et l’emploi se vérifie partout avec une angoisse des parents pour faire face aux droits de scolarité qu’un enseignement payant leur impose. Donc en majorité ils souhaitent revenir à l’école, et nous constatons un grand engouement pour la réinscription, mais il reste un point d’interrogation sur le financement de l’école privée dans ce contexte. Nous avons pris le pari, même si c’est un grand sacrifice sur notre substance financière, de ne pas augmenter nos frais de scolarité dans la plupart des pays. C’est une période extraordinairement éprouvante pour tout le monde. L’aide d’urgence de l’Etat décidée dans le cadre de l’épidémie en direction de l’enseignement français a fonctionné. L’enveloppe de bourses augmentée pour les Français a fonctionné. Parallèlement la ML a mis en place dans la plupart des pays où elle agit un dispositif d’appel à l’expression des besoins des parents nationaux et de nationalité tierce pour les accompagner dans le paiement des droits de scolarité. On a mis en place ces bourses de solidarité qui, nous l’espérons, seront compensées par l’aide d’urgence de l’Etat français. Mais les parents pourront-ils faire face toute l’année à cette charge financière des frais de scolarité ? On ne le sait pas…

Avez-vous subi une baisse des inscriptions ?

J-C. D.: On observe un tassement un peu partout qui est différencié selon les situations. Au Maroc, les réinscriptions sont positives, en Espagne aussi. Au Liban la perte est très forte, pour des raisons financières mais aussi parce qu’un certain nombre de familles quittent le pays pour laisser passer cette crise épouvantable et profonde que traverse le pays. C’est très difficile de prévoir. Quand on ne sait pas combien d’élèves ont va avoir, comment savoir combien de professeurs il faut mobiliser ? C’est un sujet majeur. On observe que tout ça a un coût. S’il y a moins d’élèves que prévu, il faut quand même payer les professeurs.

Justement, quel est le coût de la pandémie pour la rentrée de la Mission laïque ?

J-C. D.: L’école en pandémie coûte cher. Cela veut dire des des aménagements des classes, du gel hydroalcoolique en grande quantité, des masques…Même quand l’enseignement est à distance, il faut des caméras pour faire en sorte que toutes les classes aient cours, des ordinateurs…bref, une quantité de dépenses qui n’étaient pas prévues au départ. Aujourd’hui je ne peux pas chiffrer pour l’ensemble des établissements mais par exemple, pour un établissement de 1000 élèves en Espagne que nous gérons, nous estimons la dépense supplémentaire de rentrée face à la pandémie à 150 000 euros.

Quels sont les objectifs de la Mission laïque pour cette année qui démarre ?

J-C. D.: Premièrement, sécuriser la communauté scolaire et faire en sorte que les parents renouvellent leurs liens de confiance avec leur école parce que la Covid-19 a été un grand facteur de déliaison avec le monde scolaire : défiance à l’égard de l’efficacité de l’enseignement à distance, défiance à l’égard de la capacité de l’école à accueillir les tout-petits. Nous voulons montrer aux parents que nous sommes attentifs à leur situation sociale. Deuxièmement, nous voulons approfondir le savoir faire pédagogique à distance. Nous avons rôdé pendant des semaines un forum mondial pour former des professeurs. Il y a un changement de culture professorale et ce sera indélébile.

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