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L’Ontario, nouvel eldorado pour les universités françaises

La France et le Canada ont signé cette année de nouveaux partenariats pour développer la coopération scientifique et les échanges universitaires entre l’Hexagone et l’Ontario, notamment en matière d’intelligence artificielle. Une opportunité en or pour les étudiants des deux pays.

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Ontario nouvel eldorado

Accélérer la recherche scientifique en matière d’innovation et de santé, permettre aux étudiants français et canadiens de découvrir de nouveaux territoires et faire de l’Ontario un partenaire de choix des universités de recherche françaises : voici quelques-uns des objectifs du déplacement au Canada de la ministre française de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, au mois d’avril dernier.

Outre la création du tout premier Comité mixte Canada-France en science et technologie, créé le 24 avril 2023 en marge de ce déplacement, plusieurs accords ont été signés, notamment entre l’Institut français national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) et l’Université de Waterloo, portant spécifiquement sur l’intelligence artificielle, mais aussi entre les groupes d’universités de recherche Udice en France (regroupant les dix universités françaises intensives en recherche) et U15 au Canada (leurs quinze homologues canadiennes). Ces accords portent en particulier sur les technologies émergentes que sont l’intelligence artificielle et la physique quantique, notamment dans le domaine de la santé et des énergies.

L’exemple de la collaboration France-Québec

Si l’Ontario possède quelques-unes des meilleures universités de recherche d’Amérique du nord – Toronto, McMaster, Waterloo, Ottawa… –, et fait figure, depuis de nombreuses années, de partenaire privilégié de la France en matière de recherche et d’innovation, les échanges universitaires français font presque exclusivement la part belle au Québec, francophonie oblige. « Cet accord entre la province et plusieurs organismes nationaux de recherche et universités françaises vise à créer une dynamique de mobilité et d’échanges scientifiques entre la France et l’Ontario, à l’instar de la dynamique qui existe déjà entre la France et le Québec », explique Jan Matas, directeur du bureau canadien du CNRS.

En effet, la coopération transatlantique en matière d’intelligence artificielle unit déjà des universités francophones des deux côtés de l’Atlantique, à l’image de la fructueuse collaboration liant les établissements Laval à Québec et de Côte-d’Azur à Nice. « Nous avons signé en 2017 un partenariat privilégié avec l’Université Laval, renouvelé pour cinq ans en 2022, précise Sylvain Antoniotti, vice-président de l’Université Côte-d’Azur. Les liens qui existent entre nos chercheurs et enseignants en intelligence artificielle sont très forts, et l’Université Laval a une excellente expertise dans ce domaine, complémentaire de la nôtre. » Selon lui, si cette collaboration bilatérale est aujourd’hui si riche, c’est avant tout parce qu’elle est équilibrée : « On s’enrichit mutuellement. Nous travaillons avec beaucoup de facilité avec nos collègues québécois car nous partageons une langue, cela va sans dire, mais aussi des valeurs et une approche académique comparable. »

L’IA, un secteur en tension

Alors que le point focal de la coopération en intelligence artificielle entre le CNRS et le Canada est à Montréal, le centre français veut intensifier ses collaborations avec les autres grands centres spécialisés du pays, comme celui de Toronto. Plus de deux millions d’euros ont ainsi été investis dans la collaboration stratégique avec l’université de Toronto depuis 2016 et trois appels doctoraux conjoints d’ores et déjà été émis. À ce jour, trente doctorants des deux côtés de l’Atlantique ont pu bénéficier de ce programme d’échange exceptionnel. Ainsi, un centre de recherche international et multidisciplinaire est en cours de création. « Nous espérons pouvoir soutenir cinq nouveaux projets de recherche en co-tutelle lors de notre prochain appel », précise de son côté Alex Mihailidis, vice-président adjoint en charge des partenariats internationaux à l’Université de Toronto. « Notre attention sera portée sur l’intelligence artificielle évidemment, mais aussi sur des collaborations dans le champ du développement durable, de la médecine personnalisée, de la robotique et des data sciences. » Une collaboration stratégique pour le CNRS : « Les universités sont les opératrices de la formation doctorale, elles sont également impliquées dans un réseau de coopération scientifique et permettent ainsi aux étudiants de bénéficier davantage de la formation par la recherche », confirme Jan Matas.

La mobilité étudiante est en effet primordiale pour ce secteur aujourd’hui en tension. « Nous devons former davantage d’ingénieurs en informatique et de spécialistes en intelligence artificielle, car nous avons du mal à recruter, concède le vice-président de l’Université Côte-d’Azur, Sylvain Antoniotti. Nous venons de créer l’École française de l’intelligence artificielle, mais les retombées de l’IA dans l’industrie et la société seront telles que nous allons devoir former et attirer davantage de talents, à différents niveaux de qualification. » L’Institut interdisciplinaire d’intelligence artificielle d’Université Côte-d’Azur, dédié à la recherche en intelligence artificielle appliquée à la santé, la biologie et les territoires intelligents, labellisé en 2019, ambitionne par ailleurs d’accélérer autant la recherche que la formation en intelligence artificielle, mais aussi l’innovation, via des accords avec les universités Laval et d’Ottawa notamment.

Désenclaver la recherche en Ontario

Ces accords permettront aussi de désenclaver la recherche en Ontario selon Jan Matas. Le gouvernement fédéral canadien a d’ailleurs beaucoup investi pour faciliter la mobilité de jeunes talents : « Cette question est au cœur de leurs préoccupations depuis la pandémie, où une prise de conscience s’est opérée. La France a une opportunité de proposer une plus-value et de rassurer les universités canadiennes sur l’encadrement fourni à leurs étudiants, ainsi que sur les opportunités professionnelles. » Les encadrants (les chercheurs et les enseignants-chercheurs) auront un rôle crucial dans ces partenariats universitaires, en orientant leurs doctorants vers des confrères ou consœurs en Ontario comme en France.

« Les échanges offrent la possibilité aux élèves de s’immerger totalement au cœur de nouvelles méthodes d’enseignement, d’apprentissage et de travail, et d’avoir accès à des infrastructures et un mentorat uniques, appuie Alex Mihailidis, vice-président adjoint en charge des partenariats internationaux à l’Université de Toronto. Permettre aux étudiants de voyager, c’est permettre aux réseaux internationaux de se développer, et à la recherche d’avancer. » Grâce à sa proximité avec le Québec, l’Ontario permet en outre de passer d’un monde francophone à un monde anglophone, d’appréhender les variations culturelles, politiques et géographiques du vaste continent nord-américain. « C’est là-dessus que l’Université d’Ottawa capitalise, en tant qu’université bilingue », note Jan Matas.

Une nécessaire politique de soutien

Mais si l’international est inscrit dans l’ADN des étudiants français – grâce au programme Erasmus et à la gratuité de l’enseignement public –, il n’en va pas de même outre-Atlantique. « Pour un jeune doctorant français qui souhaite faire carrière dans la recherche, c’est une nécessité de voyager, estime Jan Matas. S’il ne part pas à l’étranger il lui sera beaucoup plus difficile d’obtenir un poste en France. » Au contraire, le Canada « est un gros pourvoyeur d’emplois, et les étudiants n’ont pas l’impératif d’améliorer leur CV grâce à une mobilité à l’étranger, poursuit-il. Il leur suffit d’aller dans la bonne université, pourvue d’un solide réseau d’entreprises partenaires, pour être embauché avant même avoir terminé leurs études. »

Le coût des études en Amérique du Nord ajoute un frein supplémentaire aux envies d’ailleurs des jeunes scientifiques, pour lesquels chaque projet de mobilité constitue un pari. « Cette part de risque sera diminuée s’ils peuvent s’appuyer sur une collaboration déjà existante entre leur université et un établissement français », affirme le directeur du bureau canadien du CNRS, lui-même issu de la mobilité étudiante au sein de l’EU. Sur ce terrain propice aux collaborations, la mobilité étudiante ne peut pourtant s’effectuer sans une réelle politique de soutien, notamment financier, de la part des gouvernements locaux et nationaux. « Ce qui pourrait être un peu décevant pour certains, c’est que le gouvernement provincial ontarien ne donne pas les mêmes moyens à la collaboration scientifique que le Québec par exemple, regrette Jan Matas. Via ses fonds de recherche, le gouvernement du Québec est très actif dans la promotion et le financement de la recherche bilatérale. » Alors même que la collaboration entre France et l’Ontario constitue pour les universités une porte d’entrée privilégiée dans l’espace européen de la recherche.

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