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Interviews de l’été : Rencontre avec Anne Boulo

Les élections consulaires de mai dernier ont révélé une nouvelle génération d’élus aux origines et aux parcours singuliers. Durant tout l’été, nous vous proposons de découvrir ces nouveaux visages qui représentent la France et les Français à l’étranger. Aujourd’hui, rencontre avec Anne Boulo, Conseillère consulaire au Congo.

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Français à l’étranger : Quels sont les grands enjeux de votre circonscription et comment entendez-vous conduire votre action ?

Anne Boulo : La « communauté française » est diverse au Congo, d’ailleurs comme dans toutes les autres circonscriptions, selon les parcours de vie ou les profils professionnels des compatriotes, les attentes et les besoins peuvent grandement varier. Entre une personne ayant un commerce, ou une petite entreprise, établie depuis longtemps subissant la crise économique et les contraintes administratives et un expatrié en entreprise, les attentes sont très différentes, pour ne prendre que ces deux exemples. Ceci étant dit, la mise en place de consultations numériques lors de ma campagne m’a permis de définir les points communs : au Congo, d’après les retours, la santé ( l’accès aux soins et leur coût ), l’éducation ( le coût notamment ) et la sécurité sont les enjeux les plus importants (début 2021). Ainsi un des premiers enjeux est de faire que l’information soit bien diffusée, les aides disponibles connues. L’accompagnement des personnes dans leurs démarches est aussi important. Les dossiers peuvent être complexes à remplir. L’envoi de lettres d’informations, l’organisation de rencontres régulières, la tenue de permanences et des consultations régulières devraient permettre d’améliorer l’information.

La vaccination est un des enjeux actuels également : Le Congo propose deux types de vaccins à tous les adultes pour le moment, Spoutnik et Sinopharm. Les services de L’ambassade de France ont pu mettre en place deux campagnes de vaccination avec le vaccin Jansen /Johnson pendant l’été, une première pour les plus de 55 ans et la 2 ème en cours pour les 18-55 ans. L’intérêt est que ce vaccin, reconnu par l’Union Européenne permet à certaines personnes d’être plus en confiance et, reconnu par la France, permet d’accéder au passe sanitaire pour circuler librement, se divertir et se cultiver. Par contre, il existe un véritable problème de reconnaissance du parcours vaccinal avec des vaccins non homologués par l’Union Européenne. De nombreux compatriotes se retrouvent dans cette situation au Congo et lors d’un retour en France, c’est problématique. J’ai participé à la réalisation d’un état des lieux de la vaccination des Français de l’étranger pour l’Assemblée des Français de l’étranger et les retours des élus du monde entier permettent de faire remonter les difficultés multiples rencontrées par nos compatriotes.

Un des enjeux les plus importants reste tout de même la situation économique pour de nombreux compatriotes au Congo. S’il existe des « aides covid » tout à fait bienvenues et essentielles, elles restent d’accès restreints ou insuffisantes pour certaines personnes. Nombreux sont les retours en France. Le nombre d’inscrits au registre a diminué d’environ 15 %, une baisse continue depuis quelques années.

FAE : Selon vous, quels seront le cadre et les limites de votre champ d’action ?

A.B : Le cadre et les limites de mon champ d’action sont essentiellement défini par la loi. La limite la plus importante étant que, contrairement à des élus locaux en France, nous sommes consultatifs. Bien sûr nos prérogatives se sont élargies avec la présidence du conseil consulaire qui est une avancée notable. Ne l’ayant pas encore expérimentée, il est trop tôt pour en parler. Je crois que tout va reposer sur le travail d’équipe et la confiance mutuelle, qui pourront s’établir avec les services consulaires et entre les élus également. Il faut anticiper une période d’adaptation !

Ensuite chaque élu donne à son mandat une résonance particulière selon le temps qu’il peut y consacrer, l’envie, la formation qu’il a. Il ne faut pas oublier que nous faisons partie des élus qui mènent de front une vie professionnelle à temps plein pour beaucoup, que nous faisons tout de A à Z :
– rédaction des compte-rendus personnels de nos réunions, rencontres, réflexions,
– publication de l’information sur les réseaux sociaux, création et gestion d’un site internet
souvent
– réponses au appels téléphoniques, mails

Nous sommes des élus multi-fonctions, multi-tâches, tout terrain et bénévoles. C’est ce qui fait le sel de notre mandat et parfois la difficulté. Peu d’élus ont une équipe qui gère tout ce travail avec eux ou pour eux.

La réussite du mandat dépend aussi du travail d’équipe, de la collaboration entre les élus d’une même circonscription au-delà des différences politiques qu’il pourrait y avoir. C’est très important pour moi de pouvoir travailler en équipe.

FAE : Pourquoi avez-vous souhaité vous impliquer dans ces responsabilités consulaires ?

A.B : J’ai été élue la première fois en 2014 au Vietnam et honnêtement, je suis « tombée dedans » tout à fait par hasard. Une histoire de rencontre ! Marc Villard, que vous connaissez sûrement, cherchait une femme numéro 2 pour sa liste. Le mandat était tout nouveau et inconnu. Je n’étais par du tout impliquée au niveau politique mais engagée au sein de mon lycée et dans le milieu culturel à Hanoi. J’avais le goût de l’engagement collectif, l’envie de me mettre au service des autres et beaucoup de curiosité! Elue Conseillère Consulaire en juin 2014, j’ai aussi été élue à l’Assemblée des Français de l’étranger et j’ai œuvré au sein de la commission des affaires sociales et des anciens combattants. C’est ainsi que cet engagement a commencé. J’ai appris au fur et à mesure aux côtés de Marc et d’autres élus de la zone. J’ai aussi beaucoup travaillé par moi-même en lisant les rapports de l’Assemblée des Français de l’étranger et du Sénat notamment. En quittant le Vietnam pour le Congo, après quelques mois de réflexion afin de faire le bilan, j’ai décidé de tenter ma chance. C’était un vrai défi n’étant au Congo depuis seulement quelques mois. Mais j’ai rencontré des gens formidables qui m’ont fait confiance. Nous avons monté une belle équipe et beaucoup travaillé pour mener une campagne dynamique et pédagogique. Toujours une histoire de rencontre et de travail. Dans le prolongement de ces engagements, et pour leur donner une dimension nationale et parlementaire, je suis cette année candidate aux élections sénatoriales, colistière de Marc Villard.

FAE : Avez-vous rencontré des difficultés d’intégration dans votre pays d’accueil et quels sont vos liens avec la communauté française présente ?

A.B : Pour être tout à fait honnête, oui il m’a fallu quelques semaines. Si le métier permet une intégration
professionnelle rapide, ce n’est pas anodin de quitter un pays dans lequel on a vécu 9 ans, avec un réseau amical, des engagements extra professionnels intenses. Il faut tout recommencer à zéro et se réinventer à chaque fois. C’est à la fois enthousiasmant et déstabilisant. Il faut comprendre les codes, appréhender son nouvel espace. Idem pour nos enfants qu’il faut rassurer et encourager dans leurs premiers pas. La langue a été un accélérateur d’intégration : c’est notre premier pays francophone. Quel plaisir de pouvoir discuter facilement avec tout le monde et de découvrir les richesses du français au Congo !

FAE : Aviez-vous précédemment un lien particulier, par exemple familial, avec le pays dans lequel vous avez été élu ?

A.B : Je n’avais pas de lien particulier avec le Congo. Avec mon mari nous avons postulé dans quelques pays dans lesquels les lycées avaient 2 postes à nous proposer. Le Lycée français Charlemagne a été le premier à nous répondre et à nous proposer 2 postes. Nous avions 72h pour donner une réponse. C’était parti pour une nouvelle aventure, bien différente des précédentes !

FAE :  Avez-vous connu d’autres expériences d’expatriation ?

A.B : Oui ! cela a débuté pendant mes études, j’ai suivi ma licence d’histoire en Grande-Bretagne grâce au programme ERASMUS. Par la suite j’ai été lectrice de Français à Brno en République Tchèque pendant un an. Quatre ans plus tard, je suis partie vivre à Vienne en Autriche en famille pendant 8 ans. Ensuite, changement de continent, changement radical, direction Hanoi au Vietnam pour une durée de 9 ans. Nous voici au Congo depuis un an, en version réduite de la famille puisque mes deux fils aînés sont désormais étudiants en France. Seule ma fille de 13 ans vit avec nous.

FAE : Quel est votre parcours professionnel ?

A.B : Je suis professeur des écoles. J’ai commencé à enseigner en contrat local en faisant des remplacements lors de ma première expatriation à Vienne. J’ai préparé et passé en parallèle le concours de professeur des écoles et je suis rentrée une année en France avec mes deux fils petits afin de suivre la formation à Reims. Par la suite je suis revenue à Vienne avec un poste de résident au lycée français de Vienne puis au lycée français de Hanoi et enfin me voici au lycée français Charlemagne à Pointe-Noire.

FAE : Disposez-vous de la double nationalité ? Ce statut vous semble-t-il présenter un quelconque avantage ?

A.B : Je n’ai pas la double-nationalité. Lors de mes expatriations j’ai travaillé ou me suis liée avec des Français ayant une double ou triple nationalité. Cela me semble être une vraie richesse culturelle et linguistique. Chez les élèves que j’ai eus, j’ai pu remarquer chez certains que, dans la construction de leur personnalité, il y avait au fil des ans des étapes liées à la fusion ou la co-existence des deux cultures, l’une parfois plus présente que l’autre, avec des variations. La question du regard des autres, positive ou négative, m’a paru avoir une influence très grande sur la perception personnelle de leur double-culture chez les enfants. Les écoles françaises à l’étranger, internationales, sont pour cela une très belle réussite vis à vis du multiculturalisme et de l’ouverture d’esprit, l’ouverture aux autres avec toutes leurs différences et leurs richesses, la compréhension de l’autre. Mes enfants qui ont fait toute leur scolarité à l’étranger en sont pleinement imprégnés.

FAE :  Si vous ne deviez retenir qu’un souvenir heureux… et un autre malheureux de votre vie à l’étranger, quels seraient-ils ?

A.B : Un souvenir malheureux, qui s’est reproduit à cause de la situation sanitaire, c’est de ne pas pouvoir retrouver ses proches lors d’une fin de vie ou d’un deuil. Un souvenir heureux, c’est la première représentation publique d’une comédie musicale à Hanoi qui était ma première mise en scène : Mademoiselle Bonsoir de Boris Vian. C’était un énorme challenge pour moi car il y avait 15 acteurs amateurs qu’il a fallu former, amener à se dépasser en les faisant danser et chanter. C’était une aventure incroyable ! Cette passion est née à Vienne car un ami a été assez fou pour croire en mes talents scéniques. Et c’est cela qui est génial dans l’expatriation, les rencontres, les aventures et les créations collectives qui en découlent !

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