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Interviews de l’été : Rencontre avec Alexandre Barrière Izard

Les élections consulaires de mai dernier ont révélé une nouvelle génération d’élus aux origines et aux parcours singuliers. Durant tout l’été, nous vous proposons de découvrir ces nouveaux visages qui représentent la France et les Français à l’étranger. Aujourd’hui, rencontre avec Alexandre Barriere Izard, Conseiller consulaire en Afrique du Sud.

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Français à l’étranger : Quels sont les grands enjeux de votre circonscription et comment entendez-vous conduire votre action ?

Alexandre Barrière Izard:  Actuellement, l’enjeu principal demeure celui de la crise sanitaire. C’est une problématique qui était déjà au cœur des campagnes électorales et qui ne cesse aujourd’hui de faire ressentir son urgence et la nécessité d’une réponse ancrée dans l’immédiat Dans ce cadre-là, nous avons déjà, mes collègues et moi-même, apporté une première « pierre à l’édifice » en promouvant la vaccination des Français en Afrique du Sud. En effet, nous avons incité les autorités françaises à organiser une campagne de vaccination sur place pour les ressortissants français.
Cependant, je considère que mon champ d’action passe, avant tout, par mon soutien à la communauté française, et ce, dans de nombreux domaines. Le tourisme, fer de lance de notre zone d’engagement, est un secteur dont l’effondrement actuel touche de nombreux Français qui ne parviennent plus à en vivre. Les chutes colossales de revenus qu’ont causé la crise ont fait entrer certains Français dans une situation de grande précarité. Je conduis, pour eux, une action de soutien, je souhaite les épauler dans leurs démarches, leurs difficultés ainsi que dans la réalisation de leurs projets. Par chance, je connais très bien cette mission puisqu’étant le président de l’Entraide du Cap, association active depuis plus de quarante ans, je suis au chevet des plus démunis depuis plus de cinq ans désormais.
Par ailleurs, je considère que la France n’est rien à l’étranger sans ses associations et ses Français qui offrent leur temps bénévolement à la communauté. Or, la crise ayant poussé beaucoup de Français à rentrer dans notre pays, je souhaite entreprendre prochainement une campagne de remobilisation de la
communauté à travers les associations ainsi que les Écoles françaises. Dès fin septembre, voire début octobre, j’ai en tête de réunir les associations en vue d’écouter leurs besoins et pouvoir les accompagner dans leurs démarches comme les demandes de subventions ou la réalisation de leurs projets afin que leurs idées façonnent leur action. Leur remobilisation est un pari que je souhaite faire sur le long terme mais dont l’élaboration prendrait effet sur le court terme.
Privilégiant depuis toujours le consensualisme, l’écoute, la discussion et le « travail ensemble » (le « stronger together » sudafricain), je souhaite également devenir un vrai relai entre les associations mais aussi pour les diplomates. Notre rôle de Conseillers des Français de l’étranger nous confère le privilège d’être en relation avec le Consulat ou l’Ambassade de France. J’ai personnellement eu l’opportunité
de rencontrer le Consul ou encore l’Ambassadeur que nous devons, selon moi, représenter. Nous leur servons de relai, à notre niveau, afin d’œuvrer pour la promotion de la France à l’étranger.

FAE : Selon vous, quels seront le cadre et les limites de votre champ d’action ?

A.B.I : Selon moi, la représentation des Français de l’étranger sculpte et délimite notre champ d’action. Nous sommes leur pilier ainsi que leur porte-parole dans tous les domaines : social, économique, culturel, sanitaire… Si je me souviens bien de mon cours de droit constitutionnel, en tant qu’élus de la Nation, on dispose d’un devoir de représentation. Dans la mesure où nous sommes élus au suffrage universel, il s’agit pour nous de faire porter la voix des Français de l’étranger jusqu’aux institutions étatiques.
Cependant, nous ne sommes pas des diplomates et nous ne disposons donc pas des attributs diplomatiques. En effet, le fait que le travail effectué par les diplomates ne soit pas dans notre ressort constitue, pour moi, la principale limite de notre horizon d’action.

FAE : Pourquoi avez-vous souhaité vous impliquer dans ces responsabilités consulaires ?

A.B.I : Enfant d’ouvrier, boursier par le passé, je me considère comme un « enfant de la République ». J’ai suivi l’école de la République et je repense encore aujourd’hui à mon institutrice Danielle qui m’a apporté énormément d’un point de vue personnel et scolaire. J’estime que si j’en suis là actuellement, c’est grâce à l’État français et que ce que j’ai aujourd’hui, je le dois à l’État français, à la République. Pour cette raison
principalement, cela fait désormais plus de sept ans que je suis engagé dans des associations au service de la France à l’étranger comme la Chambre de Commerce et d’Industrie franco-sud-africaine, le Club VIE ou encore l’Entraide du Cap. Je suis aujourd’hui animé par le désir de rendre à la France ce qu’elle m’a donné, et ce, à ma petite échelle.

FAE : Avez-vous rencontré des difficultés d’intégration dans votre pays d’accueil et quels sont vos liens avec la communauté française présente ?

A.B.I : Je n’ai rencontré aucune difficulté d’intégration à mon arrivée en Afrique du Sud. La population sud-africaine est une population multiculturelle. En Afrique du Sud, il y a, en tout, onze langues officielles. De l’Afrikaans à l’Anglais, en passant par le Zoulou ou encore le Xhosa, les Sud-Africains parlent des langues très variées, ce qui leur confère, je pense, une ouverture d’esprit non négligeable. Ils sont d’un accueil exceptionnel ainsi que d’une générosité et d’une aide sans faille auprès des Français. C’est d’ailleurs pour cette raison, selon moi, que les relations entre nos deux pays ne cessent de se réchauffer. Les visites mutuelles récentes des deux Présidents de la République dans les deux pays en témoignent.
La relation que j’ai établi avec la communauté française n’est pas récente. Mon investissement n’est pas nouveau. Comme je vous l’ai dit précédemment, cela fait plus de cinq ans désormais que je suis engagé auprès de l’Entraide du Cap. J’ai donc la chance de bien connaître cette population ancrée dans la diversité. J’estime que je suis quelqu’un de très accessible, je veux continuer à établir des liens de proximité avec la communauté française que je considère comme « terreau, », c’est elle qui me nourrit au quotidien. Effectivement, j’ai des réunions hebdomadaires avec des Français : des responsables d’associations, des entrepreneurs… Je passe beaucoup de temps à discuter avec eux afin de maintenir un lien permanent, de proximité, qui existe déjà depuis longue date.

FAE : Aviez-vous précédemment un lien particulier, par exemple familial, avec le pays dans lequel vous avez été élu ?

A.B.I : Si je n’ai jamais eu de lien familial particulier avec l’Afrique du Sud, j’ai développé, en France, avant mon arrivée, des liens amicaux avec des Sud-Africains. En effet, je viens d’un petit village d’Ariège de cent cinquante habitants environ (le plus beau village de France selon moi comme vous pouvez vous en douter) dans lequel un couple de Sud-Africains étaient venus s’installer et avaient acheté l’abbaye. Ayant travaillé dans cette abbaye, j’ai eu la chance de rencontrer ce couple et ma patronne est même devenue une amie. Étant donné mon piteux niveau d’anglais à cette époque, elle m’a envoyé, il y a neuf ans, chez l’un de ses contacts qui vivait à Franschhoek. C’est d’ailleurs ainsi qu’a commencé mon aventure sud-africaine.

FAE : Avez-vous connu d’autres expériences d’expatriation ?

A.B.I : Je n’ai malheureusement jamais connu d’autres expériences d’expatriation. Dès mon arrivée en Afrique du Sud, ce fut pour moi une évidence : ce pays allait devenir ma terre d’adoption. Si je ne l’ai pas quittée depuis, c’est tout simplement parce que je considère que le fait de prendre racine dans une terre d’accueil permet de développer de nombreuses et solides relations ainsi que de créer des liens avec la population. Cet ancrage est, pour moi, source de motivation et d’envie de s’investir, ou encore de devenir « brand ambassador » de la France.

FAE : Quel est votre parcours professionnel ?

A.B.I : Après avoir effectué des études de commerce à l’IAE ainsi que des études de droit à l’université, j’ai obtenu un VIE dans une entreprise. Au cours de ce VIE, j’ai été nommé directeur pays et j’ai ensuite décidé de me lancer moi-même dans l’entrepreneuriat. Entrepreneur dans l’âme, je dispose désormais de trois
entreprises : une société qui aide à l’investissement, une autre qui accompagne les étudiants dans leur recherche de stage ainsi qu’une société dans le domaine du vin. Comme vous pouvez le constater, il n’y a pas matière à s’ennuyer.

FAE : Disposez-vous de la double nationalité ? Ce statut vous semble-t-il présenter un quelconque avantage ?

A.B.I : Je ne dispose malheureusement pas de la double nationalité mais je bénéficie de la résidence permanente qui m’octroie quasiment les mêmes droits qu’un Sud-Africain. Le seul inconvénient est que je ne possède pas le droit de vote en Afrique du Sud. Inconvénient de taille selon moi. Pour cette raison, j’aimerai effectivement obtenir la double nationalité qui serait aussi un moyen d’affirmer mon respect et mon attachement au pays dans lequel je vis désormais. La nationalité sud-africaine pouvant être accordée après cinq ans de résidence permanente dans le pays, je pourrai en faire la demande d’ici deux ans. Sachant que je souhaite rester en Afrique du Sud, je veux pouvoir donner mon opinion et m’impliquer dans les questions sud-africaines d’un quotidien qui est désormais le mien, d’où ma volonté d’obtenir cette nationalité.

FAE : Si vous ne deviez retenir qu’un souvenir heureux… et un autre malheureux de votre vie à l’étranger, quels seraient-ils ?

A.B.I : Gardons le meilleur pour la fin et commençons donc par le triste souvenir que j’ai choisi d’évoquer avec vous. Comme la plupart des Français vivant loin de leur famille, lorsqu’un accident grave ou un décès survient, nous ne pouvons pas forcément nous rendre près de nos proches, et ce, d’autant plus aujourd’hui, à cause de la crise sanitaire. C’est un sentiment de tristesse immense qui est assez universel selon moi. Ayant récemment perdu ma grand-mère, je sais à quel point la douleur est profonde et soutiens tous les Français se trouvant dans cette situation. Pour ce qui est du souvenir heureux, j’ai en tête le jour où j’ai obtenu la résidence permanente. Ce souvenir représente, pour moi, une première étape vers la reconnaissance de la part du pays dans lequel je vis. Reconnaissance m’ayant permis de me projeter vers l’avenir par la stabilité qu’elle m’a apporté. En l’acquérant, on sait qu’on va pouvoir rester et continuer à faire ce que l’on faisait déjà par le passé. C’est rassurant mais c’est aussi pouvoir se dire que l’on établit, à notre petite échelle, des liens entre nos deux pays.

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1 Comment

1 Comment

  1. Misslin

    2 septembre 2021 at 8 h 38 min

    Cher Alexandre,

    Quelle description claire et précise du rôle d’un CC à laquelle j’adhère totalement.Ce n’est malheureusement pas le cas partout, à Maurice c’est le vide sidérale mis à part une news lettre dont le rythme s’accélère à l’approche des élections.La société d’entraide est ignorée aussi bien par les assos, le poste et les élus.Chacun cultive son prés carré au détriment des plus fragiles.

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